Le Rideau levé; ou l'Education de Laure. Honoré-Gabriel de Riqueti Mirabeau
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Il me ramena dans ma chambre, où ma bonne revint quelques instants après. Je ne prévoyais pas ce qu'il allait lui dire:
– Lucette, il est désormais inutile que nous nous gênions pour
Laure, elle en sait autant que nous.
Et il lui répéta tout ce que je lui avais détaillé, en lui montrant le jeu du rideau. Elle en parut affectée; mais je me jetai à son cou et mes caresses, unies aux raisons dont il la tranquillisa, dissipèrent le petit chagrin qu'elle avait témoigné. Il nous embrassa en recommandant à ma bonne de ne point me quitter. Il sortit, et revint une heure après avec une femme qui, dès qu'elle fut entrée, me fit déshabiller et prit sur moi la mesure d'une sorte d'ajustement dont je ne pouvais concevoir ni la forme ni l'usage.
Quand l'heure de se coucher fut venue, il me mit dans le lit de Lucette en la priant de veiller sur moi. Il nous laissa. Mais l'inquiétude le ramenant bientôt près de nous, il se mit dans le même lit. J'étais entre elle et lui; il me tenait embrassée et, couvrant de sa main l'entre-deux de mes cuisses, il ne me laissait pas y porter la mienne. Je pris alors son instrument, qui me causa beaucoup de surprise en le trouvant mou et pendant. Je ne l'avais point encore vu dans cet état, m'imaginant au contraire qu'il était toujours gros, raide et relevé: il ne tarda pas à reprendre, dans ma main, la fermeté et la grosseur que je lui connaissais. Lucette, qui s'aperçut de nos actions, étonnée de sa conduite ne pouvait la concevoir, et me fit beaucoup de peine par son propos:
– La manière, monsieur! dont vous agissez avec Laurette a lieu de me surprendre. Vous, monsieur, vous, son père!…
– Oui et non, Lucette. C'est un secret que je veux bien confier à votre discrétion et à celle de Laure, qui y est assez intéressée pour le garder. Il est même nécessaire, par les circonstances, de vous en faire part à l'une et l'autre.
"Il y avait quinze jours que je connaissais sa mère, quand je l'épousai. Je découvris dès le premier jour l'état où elle était; je trouvai qu'il était de la prudence de n'en rien faire paraître. Je la menai dans une province éloignée, sous un nom de terre, afin qu'on ne pût rassembler les dates. Au bout de quatre mois, Laure vint au monde, jouissant de la force et de la santé d'un enfant de neuf mois bien accomplis. Je restai six mois encore dans la même province et je les ramenai toutes deux au bout de ce terme.
Vous voyez à présent l'une et l'autre que cette enfant, qui m'est devenue si chère, n'est point ma fille suivant la nature: absolument étrangère pour moi, elle n'est ma fille que par affection. Le scrupule intérieur ne peut donc exister, et toute autre considération m'est indifférente, avec de la prudence.
Je me souvins aussitôt de la réponse qu'il avait faite à ma mère: le silence qu'elle observa dans ce moment ne me parut plus extraordinaire. Je le dis à Lucette dont l'étonnement cessa d'abord.
– Mais comment donc en avez-vous agi vis-à-vis de votre épouse lorsque cet événement fut à votre connaissance?
– Tout simplement; j'ai vécu toujours avec elle d'une manière indifférente, et je ne lui en ai jamais parlé que la seule fois dont Laure vient de vous rendre compte; encore y avait-elle donné lieu. Le comte de Norval, à qui elle doit le jour, est un cavalier aimable, bien fait et d'une figure intéressante, doué des qualités qui plaisent aux femmes. Je ne fus point étonné qu'elle se fût livrée à son penchant.
Cependant, elle ne put l'épouser, ses parents ne le trouvant pas assez riche pour elle. Mais si Laure ne m'est rien par le sang et la nature, la tendre affection que j'ai conçue pour cette aimable enfant me la fait regarder comme ma fille et me la rend peut-être plus chère. Néanmoins, cet événement fut cause que je n'approchai jamais de sa mère, me sentant pour elle une opposition que sa fausseté fit naître et que je n'ai pu vaincre, d'autant plus que son caractère et son humeur ne faisaient que l'augmenter. Ainsi, je ne tiens à ma chère Laurette que par les liens du coeur, ayant trouvé en elle tout ce qui pouvait produire et m'inspirer l'attachement et l'amitié la plus tendre.
Ma bonne m'embrassa et me fit cent caresses qui dénotaient que le scrupule et ses préjugés étaient enfin totalement effacés. Je les lui rendis avec chaleur: je pris ses tétons, que je trouvais si jolis; je les baisais, j'en suçais le bout. Mon père passa la main sur elle; il rencontra la mienne qu'il prit; il me la promena sur le ventre de Lucette, sur ses cuisses. Sa peau était d'un velouté charmant; il me la porta sur son poil, sur sa motte, sur sa fente: j'appris bientôt le nom de toutes ces parties. Je mis mon doigt où je jugeai bien que je lui ferais plaisir. Je sentis dans cet endroit quelque chose d'un peu dur et gonflé.
– Bon! Ma Laure, tu tiens l'endroit sensible, remue la main et ne quitte pas son clitoris tandis que je mettrai mon doigt dans son petit conin…
Lucette me serrait entre ses bras, me caressait les fesses; elle prit le vit de mon papa, le mit entre mes cuisses, mais il n'enfonçait ni ne s'agitait. Bientôt ma bonne ressentit l'excès du plaisir; ses baisers multipliés, ses soupirs nous l'annoncèrent:
– Holà! holà! vite, Laurette!.., chère amie, enfonce… Ah! je décharge!… je me meurs!…
Que ces expressions de volupté avaient de charmes pour moi! Je sentis son petit conin tout mouillé; le doigt de mon papa en sortit tout couvert de ce qu'elle avait répandu. Ah! chère Eugénie, que j'étais animée! Je pris la main de Lucette, je la portai entre mes cuisses; je désirais qu'elle fit pour moi ce que je venais de faire pour elle; mais mon papa, couvrant de sa main ma petite motte, arrêta ses mouvements, suspendit mes desseins. Il était trop voluptueux pour n'être pas ménagé des plaisirs. Il modérait ses désirs; il suspendit mon impatience et nous recommanda d'être tranquilles. Nous nous endormîmes entre les bras les uns des autres, plongés dans la plus agréable ivresse. Je n'avais pas encore passé de nuit qui me plût autant.
Nous étions au milieu des caresses du réveil, lorsque mon père fit ouvrir à cette femme qu'il avait fait venir la veille. Quels furent ma surprise et mon chagrin lorsqu'elle mit sur moi un caleçon de maroquin doublé de velours qui, me prenant au-dessous des hanches, ne descendait qu'au milieu des cuisses! Tout était assez lâche, et ne me gênait point; la ceinture, seulement, me prenait juste la taille, et avait des courroies semblables au caleçon, qui passaient par-dessus mes épaules et qui étaient assemblées en haut par une traverse pareille, qui tenait de l'une à l'autre. On pouvait élargir tout cet assemblage autant qu'on le jugeait à propos. La ceinture était ouverte par-devant, en prolongeant plus de quatre doigts au-dessous. Le long de cette ouverture, il y avait des oeillets des deux côtés, dans lesquels mon père passa une petite chaîne de vermeil délicatement travaillée, qu'il ferma d'une serrure à secret:
– Ma chère Laure, aimable enfant, ta santé et ta conservation m'intéressent: le hasard t'a instruite sur ce que tu ne devais savoir qu'à dix-huit ans. Il est nécessaire que je prenne des précautions contre tes connaissances et contre un penchant que tu tiens de la nature et de l'amour. Tu apprendras du temps à m'en savoir gré, et tout autre moyen n'irait point à ma façon de penser, et à mes desseins.
Je fus d'abord très fâchée, et je ne pouvais cacher l'humeur que j'en avais. Mais j'ai trop bien appris depuis combien je lui en devais de reconnaissance.
Il avait prévu à tout. Au bas de ce caleçon était une petite gondole d'argent, dorée en dedans, qui était de la largeur de l'entre-deux de mes cuisses; toute ma petite motte y était renfermée. Elle se prolongeait, en s'élargissant, par une plaque qui s'étendait quatre doigts au-dessous de mon petit conin, et elle se terminait en pointe arrondie jusqu'au trou de mon cul, sans aucune