Le Cahier Gnostique : Tome Un. Lambert Timothy James
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Les images devront donc être choisies dans le genre qui peut rester le plus longtemps gravé dans la mémoire. Ce sera le cas, si nous établissons des similitudes aussi frappantes que possible ; si nous prenons des images qui ne sont ni nombreuses ni floues, mais qui ont une valeur ; si nous leur attribuons une beauté exceptionnelle ou une insigne laideur ; si nous ornons certaines, pour ainsi dire de couronnes ou dâune robe de pourpre, pour que nous reconnaissions plus facilement la ressemblance, ou si nous les enlaidissons de quelque manière, en nous représentant telle dâentre elles sanglante, couverte de boue, ou enduite de vermillon, pour que la forme nous frappe davantage, ou encore en attribuant à certaines images quelque chose qui soulève le rire : car câest là aussi un moyen pour nous de retenir plus facilement.
Lorsque jâai lu le texte ci-dessus pour la première fois, les mots résonnaient à un niveau très profond et je savais intuitivement que jâavais déjà lu quelque chose qui avait apparemment été élaboré pour être conforme à ces mêmes instructions :
Ils le revêtirent de pourpre et le ceignirent dâune couronne dâépines quâils avaient tressée. Et ils se mirent à le saluer : âSalut, roi des Juifs !â Et ils lui frappaient la tête avec un roseau, et ils lui crachaient dessus et, se mettant à genoux, ils se prosternaient devant lui à genoux et lui rendirent hommage. Marc 15, 17-19
La Rhétorique à Herennius nous dit dâorner notre image dâune couronne ou dâun manteau pourpre. Lâauteur de Marc double la mise et donne à Jésus une couronne dâépines et un habit pourpre. Le texte recommande également que lâimage soit enlaidie ou tachée de sang. Puis, il y a Jésus, qui avait dâabord reçu une couronne dâépines et dont on a ensuite frappé la tête avec un bâton, ce qui aurait clairement pour conséquence une blessure sanglante, car le cuir chevelu a tendance à saigner abondamment. Enfin, nous avons les soldats qui se moquent de Jésus et de son identité de roi des Juifs en sâinclinant et en lui rendant hommage, acte quâils trouvèrent comique.
Les Ãvangiles : un ancien système de mémorisation littéraire ?
Il me semblait que jâavais trouvé des preuves que les évangiles étaient en fait conçus pour servir de système de mémorisation littéraire. En effet, que penser dâautre lorsque lâune des images centrales du christianisme est presque une image pour recréer celle du principe directeur central de lâart de la mémoire, tel quâil a été écrit environ trois cents ans avant les évangiles ? Se pourrait-il que les auteurs aient été des adeptes de lâart de la mémoire ? Peut-être que la triple nature des évangiles synoptiques nâest pas un accident historique, mais une méthode de cryptage des données contenues dans les récits miraculeux de Jésus le Thaumaturge. Et plus important encore, peut-être que le tableau de Jésus vêtu dâun habit pourpre et couronné dâépines est un message signifiant à quiconque connaît lâart de la mémoire, quâil y a là quelque chose qui cherche désespérément à attirer lâattention, qui exhorte à être décrypté, apportant la promesse que si lâon frappe à la porte, elle sâouvrira.
Mais, quâest-ce que cela signifie de dire quâun texte est une forme de système de mémorisation littéraire ? En quoi consiste le passage dâun système de mémorisation personnelle à un système de mémorisation littéraire ? Voyons le processus dâencodage des informations dans un système de mémorisation personnelle. Il y a essentiellement trois éléments. Il y a lâinformation à encoder. Il y a le système dâencodage. Et il y a le tableau de la mémorisation qui en résulte, rempli dâimages saisissantes liées à des actions faciles à mémoriser.
Quand ce processus est déplacé du système personnel et institué dans un texte littéraire, le processus est identique. Il y a lâinformation à encoder. Il y a le système dâencodage. Et il y a le tableau de la mémorisation littéraire qui en résulte, rempli dâimages saisissantes liées à des actions faciles à mémoriser. La principale différence est que dans un système de mémorisation personnelle, il nây a aucun risque que le tableau de mémorisation soit confondu avec le message lui-même. Ceci est principalement dû au fait que la personne qui code les données est aussi celle qui les décode. Avec un système de mémorisation littéraire, il est peu probable que la personne qui code le message soit aussi celle qui le décode. Il sera plus probable que le niveau superficiel du texte sera considéré comme la totalité du message. Ainsi, le message ne sera pas du tout décodé, au-delà du décodage neurologique de base qui se produit dans la reconnaissance des marques symboliques qui représentent les sons à partir desquels se forment les mots.
Avec lâexemple de Marc 15, 17-19, examinons tout dâabord lâinformation qui nous est transmise. Cette information consiste simplement dans le fait que lâimagerie utilisée dans le récit a été conçue conformément à La Rhétorique à Herennius. Le système de codage, ou la clef, est la partie spécifique de La Rhétorique à Herennius qui mentionne la couronne, le manteau pourpre et la tache de sang. Le texte de Marc contient certaines caractéristiques qui sont représentées dans le texte de La Rhétorique à Herennius. Ces caractéristiques ne sont révélées que lorsque le texte de Marc et le texte clef sont réunis. Lâexamen du texte de Marc de façon isolée ne montrerait aucune preuve quâil contient un sens caché et codé.
La Stéganographie : cacher les messages en les exposant à la vue de tous
Il ne sâagit pas seulement dâun système de mémorisation littéraire. Ce phénomène implique aussi des aspects de stéganographie, qui est lâart et la science dâencoder des messages cachés de telle sorte que personne, à part lâexpéditeur et le destinataire visé, ne soupçonne lâexistence du message. Donc, non seulement ces textes contiennent un niveau de sens caché, mais ils sont aussi conçus de manière à ce que personne ne soupçonne que ce niveau caché existe.
à ce stade, jâai lâimpression que ce nâest peut-être pas le moyen le plus efficace de procéder à lâexamen des évangiles pour trouver des significations cachées. En fin de compte, je vous demande, chers lecteurs, dâaccepter deux propositions fort improbables. La première est que les systèmes de mémorisation littéraire existent et la seconde, que les évangiles en sont un exemple.
Câest pourquoi nous devrions peut-être nous concentrer sur certains systèmes de mémorisation littéraire potentiels qui nâont pas tout à fait la signification historique des évangiles, tout en nous permettant de considérer les mécanismes à lâÅuvre dans les contes individuels. Câest dans cet esprit que je suggère de déplacer notre attention des évangiles aux contes des frères Grimm.
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