Un Prix de Courage . Морган Райс
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Le Duc jeta à Erec un regard admiratif, tout en caressant sa barbe d’un air pensif.
– Tu as peut-être raison. Andronicus pourrait mener ces hommes dans la Gorge. Une autre armée n’oserait jamais tenter le diable mais lui, avec son armée d’un million, il pourrait bien le faire.
Erec hocha la tête.
– Si nous pouvons y aller, si nous pouvons les battre, nous pouvons les prendre par surprise et leur tendre un piège. Avec une telle position, nous pourrons repousser plusieurs milliers d’hommes.
Tous les soldats regardaient Erec avec un mélange d’espoir et d’émerveillement, comme un lourd silence tombait sur l’assemblée.
– Un plan audacieux, mon ami, dit le Duc. Mais il est vrai que tu es un guerrier audacieux. Tu l’as toujours été.
Le Duc fit signe à un domestique :
– Apporte-moi une carte !
Le garçon fila et revint précipitamment en portant un gros rouleau de parchemin. Il le déroula su la table et tous les soldats se rassemblèrent pour l’examiner.
Erec tendit la main et trouva Savaria sur la carte. Il traça une ligne du bout de son doigt, vers l’est, jusqu’à trouver la Gorge de l’Est : une crevasse étroite, entourée de montagnes aussi loin que portait le regard.
– C’est parfait, dit un soldat.
Les autres hochèrent la tête en se caressant la barbe.
– J’ai entendu des histoires sur cette gorge, dit un soldat. Quelques douzaines d’hommes en ont déjà repoussé des milliers ici.
– Ce sont des histoires de bonne femme, répliqua un autre d’un ton cynique. Bien sûr, nous aurons l’élément de surprise. Et puis quoi ? Nous n’aurons pas la protection de nos murs.
– Nous aurons celle que nous offre la nature, contra une voix. Ces falaises sont hautes de plusieurs dizaines de mètres.
– Rien n’est sûr, ajouta Erec. Comme l’a dit le Duc, nous mourrons ici ou dehors. Moi, je dis : mourons dehors. La victoire sourit souvent aux audacieux.
Le Duc, après s’être longtemps caressé la barbe, finit par hocher la tête. Il se pencha pour replier la carte.
– Préparez-vous ! s’écria-t-il. Nous partons ce soir!
Vêtu de son armure, son épée battant contre ses mollets, Erec marchait dans le hall du château du Duc. Contrairement aux autres, il remontait le couloir. Il avait une chose importante à faire avant de partir vers ce qui pourrait être sa dernière bataille.
Il fallait qu’il voie Alistair.
Depuis qu’ils étaient rentrés de bataille, Alistair avait attendu dans sa chambre du château que Erec vienne la voir. Elle pensait sans doute que leurs retrouvailles seraient heureuses et le cœur de Erec se serrait à l’idée de lui annoncer la mauvaise nouvelle. Il ressentait pourtant un sentiment de paix : au moins, elle serait à l’abri derrière ces murs. Il était plus déterminé que jamais à la défendre et à repousser l’Empire. Son cœur lui faisait mal à l’idée de la quitter. Depuis leur vœu de mariage, il ne voulait rien de plus que passer du temps en sa compagnie. Cependant, il semblait que ce n’était pas leur destin.
Erec tourna au coin, le bruit de ses éperons et de ses bottes résonnant entre les murs du couloir désert. Il se prépara à lui dire au revoir. Ce serait douloureux et il le savait. Il atteignit enfin la porte de bois ancien, taillée en forme d’arc, et toqua doucement de son doigt ganté de fer.
Des bruits de pas traversèrent la pièce et, quelques instants plus tard, la porte s’ouvrit. Le cœur de Erec se serra, comme chaque fois qu’il voyait Alistair. Elle se tenait debout sur le seuil, avec ses longs cheveux blonds qui tombaient en cascade dans son dos et ses grands yeux cristallins. Elle le regardait comme une apparition soudaine. Elle était plus belle que jamais.
Erec fit un pas en avant et la prit dans ses bras. Elle lui rendit son étreinte, le serra fort, longtemps, comme si elle ne voulait plus le lâcher. Il ne voulait pas non plus la laisser. Il aurait aimé plus que tout refermer la porte derrière lui et rester avec elle aussi longtemps qu’il le pourrait. Mais ce n’était pas ainsi que les choses se dérouleraient.
Sa chaleur et le contact de son corps… Tout était soudain parfait. Il eut du mal à la lâcher. Enfin, il fit un pas en arrière et la regarda droit dans les yeux. Elle remarqua son armure, ses armes et la déception se lut sur son visage quand elle comprit qu’il ne resterait pas.
– Tu pars de nouveau, très cher ? demanda-t-elle.
Erec baissa la tête.
– Ce n’est pas mon souhait, très chère, répondit-il. L’Empire approche. Si je reste, nous allons tous mourir.
– Et si tu pars ? demanda-t-elle.
– Je mourrai sans doute quoi qu’il arrive, admit-il, mais cela nous donnera au moins une chance. Une petite chance, mais une chance néanmoins.
Alistair se détourna et marcha jusqu’à la fenêtre, pour contempler la cour du Duc illuminée par le soleil couchant. Son visage s’alluma sous la douce lumière. Erec pouvait voir sa tristesse. Il se porta à son côté et caressa les cheveux sur sa nuque.
– Ne sois pas triste, mon amour, dit-il. Si je survis, je te reviendrai. Et nous serons ensemble pour toujours, libérés du danger et des menaces. Libres de vivre enfin notre vie.
Elle secoua tristement la tête.
– J’ai peur, dit-elle.
– De l’armée qui approche ? demanda-t-il.
– Non, répondit-elle en se tournant vers lui. J’ai peur de toi.
Il lui jeta un regard d’incompréhension.
– J’ai peur que tu me vois différemment à présent, dit-elle, depuis que tu m’as vue sur le champ de bataille.
Erec secoua la tête.
– Je ne te vois pas différemment, dit-il. Tu m’as sauvé la vie et je t’en suis reconnaissant.
Elle secoua la tête.
– Mais tu as vu un autre aspect de ce que je suis, dit-elle. Tu as vu que je ne suis pas normale. Je ne suis pas comme tout le monde. Il y a en moi un pouvoir que je ne comprends pas. Maintenant, j’ai peur que tu me voies comme un monstre. Ou comme une femme dont tu ne veux plus comme épouse.
Le cœur de Erec se brisa à ces mots. Il fit un pas en avant, prit ses mains entre les siennes avec une passion sincère et la regarda droit dans les yeux avec le plus grand sérieux.
– Alistair, dit-il. Je t’aime de toute mon âme.