Un Reve de Mortels . Морган Райс

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Un Reve de Mortels  - Морган Райс L'anneau Du Sorcier

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désormais à la merci de l’Empire, de vulgaires prisonniers sans aucune échappatoire.

      Erec pouvait voir les soldats de l’Empire occupant chacun de ses navires, tout comme ils occupaient le sien, une dizaine d’entre eux montaient la garde sur chaque bâtiment, fixant nonchalamment l’océan. Sur les ponts de ses bateaux Erec pouvait voir cent hommes sur chacun, tous alignés, attachés avec leurs poignets dans le dos. Sur chaque navire ils surpassaient les gardes de l’Empire en nombre, mais à l’évidence ces derniers n’étaient pas inquiets. Avec tous les hommes ligotés, ils n’avaient pas vraiment besoin d’hommes pour les surveiller, il n’y avait pour eux nulle part où aller.

      Alors qu’Erec observait la vue devant lui, il fut dévasté par la culpabilité. Il ne s’était jamais rendu avant de toute sa vie, et devoir le faire maintenant le peinait au plus haut point. Il devait se rappeler qu’il était un commandant à présent, non plus un simple soldat, et il était responsable de tous ses hommes. En infériorité numérique comme ils l’avaient été, il n’avait pas pu permettre qu’ils soient tous tués. À l’évidence, ils avaient foncé dans un piège, grâce à Krov, et livrer bataille à ce moment-là aurait été futile. Son père lui avait appris que la première règle du commandant était de savoir quand se battre et quand déposer les armes, pour choisir de se battre un autre jour, d’une autre manière. C’était de la bravade et de l’orgueil, aurait-il dit, de mener plus d’hommes à la mort. C’était un conseil avisé, mais un conseil difficile à suivre.

      « Moi-même j’aurais combattu », dit une voix à côté de lui, sonnant comme la voix de sa conscience.

      Erec leva les yeux pour voir son frère, Strom, attaché à un poteau à côté de lui, à l’air aussi imperturbable et confiant que d’ordinaire, malgré les circonstances.

      Erec se renfrogna.

      « Tu te serais battu, et tous nos hommes seraient morts », répondit Erec.

      Strom haussa les épaules.

      « Nous y passerons de toute façon, mon frère », répondit-il. « L’Empire n’est rien hormis cruel. Au moins, de ma manière, nous serions tombés avec gloire. Maintenant nous serons tués par ces hommes, mais ce ne sera pas sur nos pieds – ce sera dos au sol, leurs épées sur nos gorges.

      « Ou pire », dit un des commandants d’Erec, attaché à un mât à côté de Strom, « nous serons emmenés en tant qu’esclaves et ne vivrons plus jamais en hommes libres. Est-ce ce pour quoi nous vous avons suivi ? »

      « Vous n’en savez rien », dit Erec. « Personne ne sait ce que l’Empire fera. Au moins sommes-nous en vie. Au moins avons-nous une chance. L’autre manière aurait garanti la mort. »

      Strom regarda Erec avec déception.

      « Ce n’est pas une décision que notre père aurait prise. »

      Erec rougit.

      « Tu ignores ce que père aurait fait. »

      « Vraiment ? » répliqua Strom. « J’ai vécu avec lui, grandi avec lui sur les Îles toute ma vie, pendant que tu gambadais dans l’Anneau. Tu le connaissais à peine. Et je dis que notre père se serait battu. »

      Erec secoua la tête.

      « Ce sont des mots faciles à dire pour un soldat », le contra-t-il. « Si tu étais un commandant, tes mots pourraient être assez différents. J’ai assez de connaissance à propos de notre père pour savoir qu’il aurait sauvé ses hommes, à n’importe quel prix. Il n’était pas imprudent, et pas impétueux. Il était fier, mais ne débordait pas d’orgueil. Notre père le fantassin, dans sa jeunesse, comme toi, se serait peut-être battu ; mais notre père le Roi aurait été prudent et vécu pour se battre un autre jour. Il y a des choses que tu comprendras, Strom, en grandissant pour devenir un homme. »

      Strom rougit.

      « Je suis plus un homme que toi. »

      Erec soupira.

      « Tu ne saisis pas réellement ce que la guerre signifie », dit-il. « Pas jusqu’à ce que tu perdes. Pas jusqu’à ce que tu voies tes hommes mourir devant toi. Tu n’as jamais perdu. Tu as été protégé sur cette Île toute ta vie. Et cela a formé ton arrogance. Je t’aime en tant que frère – mais pas en tant que commandant. »

      Ils tombèrent dans un silence tendu, une trêve en quelque sorte, tandis qu’Erec levait les yeux vers la nuit, regardant les étoiles innombrables, et examina la situation. Il aimait assurément son frère, mais si souvent ils se disputaient à propos de tout ; ils ne voyaient simplement pas les choses de la même manière. Erec se donna du temps pour se calmer, prit une profonde inspiration, puis se tourna finalement vers Strom.

      « Il n’est pas dans mes intentions que nous nous rendions », ajouta-t-il calmement. « Pas en tant que prisonniers, et pas en tant qu’esclaves. Tu dois adopter un point de vue plus large : se rendre est parfois la première étape de la bataille. Tu n’affrontes pas toujours l’ennemi l’épée au clair : parfois la meilleure manière de le combattre est avec les bras ouverts. Tu peux toujours frapper avec ton épée plus tard. »

      Strom le regarda, perplexe.

      « Et ensuite comment prévois-tu de nous sortir de ça ? » demanda-t-il. « Nous avons rendu les armes. Nous sommes prisonniers, attachés, incapables de bouger. Nous sommes encerclés par une flotte d’un millier de bâtiments. Nous n’avons aucune chance. »

      Erec secoua la tête.

      « Tu ne vois pas l’ensemble », dit-il. « Aucun de nos hommes n’est mort. Nous avons toujours nos navires. Nous sommes peut-être prisonniers, mais je vois peu de gardes de l’Empire sur chacun de nos bateaux – ce qui signifie que nous sommes grandement supérieurs en nombre. Tout ce qui est nécessaire est une étincelle pour allumer le feu. Nous pouvons les prendre par surprise – et nous pouvons nous échapper. »

      Strom secoua la tête.

      « Nous ne pouvons pas les surmonter », dit-il. « Nous sommes attachés, impuissants, donc le nombre ne signifie rien. Et même s’il comptait, nous serions écrasés par la flotte qui nous encercle. »

      Erec se tourna, ignorant son frère, désintéressé par son pessimisme. À la place il regarda en direction d’Alistair, assise à quelques vingtaines de centimètres de lui, attachée à un poteau de l’autre côté. Son cœur se brisa en l’examinant ; elle était assise là, prisonnière, tout cela grâce à lui. Pour lui-même, cela ne le dérangeait pas d’être captif – c’était le prix de la guerre. Mais pour elle, cela lui brisait le cœur. Il aurait donné n’importe quoi pour ne pas la voir ainsi.

      Erec se sentait tant redevable envers elle ; après tout, elle leur avait encore sauvé la vie, là-bas dans l’Épine du Dragon, contre ce monstre marin. Il savait qu’elle était encore exténuée par l’effort, savait qu’elle était incapable de rassembler de l’énergie. Toutefois Erec savait qu’elle était leur seul espoir.

      « Alistair », appela-t-il à nouveau, comme il l’avait toute la nuit durant, toutes les quelques minutes. Il se pencha et, avec son pied, caressa le sien, la poussant doucement. Il aurait donné n’importe quoi pour défaire ses liens, pour être capable d’aller à elle, pour la libérer. Il se sentait des plus impuissants d’être étendu à côté d’elle,

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