L'Agent Zéro . Джек Марс
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Mais comment ?
C’est simple. Tu sais quoi faire. Arrête de lutter contre ça.
Reid prit une profonde inspiration par le nez, puis il fit la seule chose qui lui semblait censée à ce moment-là.
Il tira sur Otets.
Le coup net du Beretta fit écho dans la pièce silencieuse. Otets hurla de douleur. Ses deux mains vinrent encercler sa cuisse gauche. La balle l’avait seulement effleuré, mais il saignait abondamment. De colère, il proféra un long flot d’injures en russe.
Reid attrapa de nouveau Otets par le col et le traîna en arrière, le soulevant presque entièrement du sol. Puis, il le força à se baisser derrière la machine d’embouteillage. Il attendit. Si les hommes étaient toujours à l’intérieur, ils avaient forcément entendu le tir et allaient accourir. Si personne ne venait, c’est qu’ils étaient postés dehors, quelque part, cachés en train de l’attendre.
La réponse lui parvint quelques instants plus tard. Quelqu’un balança un coup de pied pour ouvrir les portes battantes, assez fort pour qu’elles claquent sur le mur derrière elles. Le premier à entrer fut l’homme au AK, balayant le canon de l’arme de gauche à droite dans un large mouvement. Deux autres hommes le suivaient de près, également armés de pistolets.
Otets gémissait de douleur et serrait fort sa cuisse. Ses hommes l’entendirent et approchèrent du bord de la machine d’embouteillage, armes pointées en avant. Ils trouvèrent Otets assis par terre, sifflant entre ses dents, prostré à cause de sa jambe blessée.
Cependant, Reid n’était plus là.
Il avait rapidement foncé de l’autre côté de la machine, se tenant accroupi. Il mit le Beretta dans sa poche et attrapa une bouteille vide sur la machine. Avant même qu’ils n’aient pu se retourner, il cassa la bouteille sur la tête de l’ouvrier le plus proche, un moyen-oriental, puis enfonça le col cassé de la bouteille dans la gorge du second. Du sang chaud gicla sur sa main quand l’homme bégaya avant de s’effondrer.
Un.
L’africain au AK-47 se retourna, mais pas assez vite. Reid utilisa son avant-bras pour repousser le canon, alors qu’une salve de coups fusait dans les airs. Il s’avança avec le Glock en main, l’appuya sous le menton de l’homme et pressa la détente.
Deux.
Un tir de plus acheva le premier terroriste qui, de toute évidence, était toujours allongé au sol, inconscient.
Trois.
Reid respirait fort, essayant de calmer l’emballement de son cœur. Il n’avait pas le temps d’être horrifié par ce qu’il venait de faire et il ne voulait même pas y songer. C’était comme si le Professeur Lawson avait déserté les lieux, choqué, et que l’autre partie de lui avait pris totalement le dessus.
Mouvement. À droite.
Otets rampait derrière la machine pour récupérer le AK. Reid se retourna rapidement et lui balança un coup de pied dans l’estomac. La force du coup fit rouler le russe en arrière et celui-ci resta sur le flanc à gémir.
Reid s’empara du AK. Combien de coups avaient été tirés ? Cinq ? Six. C’était un chargeur trente-deux coups. S’il était plein, il disposait encore de vingt-six coups.
“Pas un geste,” dit-il à Otets. Puis, à la grande surprise du russe, Reid l’abandonna sur place et repartit de l’autre côté du chai par les portes battantes.
La salle de préparation des bombes était baignée de la même lueur rouge provenant de l’ampoule d’urgence. Reid mit un coup de pied pour ouvrir la porte et se posa immédiatement au sol sur un genou, au cas où quelqu’un aurait une arme pointée sur l’entrée. Ensuite, il se déplaça de gauche à droite. Il n’y avait personne ici, ce qui voulait dire qu’il y avait une autre porte de sortie à l’arrière. Il la trouva rapidement, une porte de sécurité en acier entre l’escalier et le mur au sud. Elle ne s’ouvrait apparemment que de l’intérieur.
Les trois autres étaient donc quelque part dehors. Le pari était risqué : il n’avait aucun moyen de savoir s’ils l’attendaient de l’autre côté de la porte, ou s’ils avaient essayé de faire le tour pour rejoindre l’entrée du bâtiment. Il fallait qu’il trouve un moyen de le vérifier.
Après tout, on fabrique des bombes ici…
Dans l’angle opposé de la pièce, derrière la machine roulante, il trouva une longue caisse en bois, à peu près de la taille d’un cercueil, remplie de paquets de cacahuètes. Il fouilla dedans jusqu’à sentir quelque chose de solide, puis il tira dessus. C’était un boîtier noir mat en plastique, et il savait déjà ce qui se trouvait dedans.
Il le posa précautionneusement sur la table en mélaminé, puis l’ouvrit. À sa grande tristesse et non à sa grande surprise, il reconnût immédiatement qu’il s’agissait d’une mallette de bombe, réglée avec un minuteur doté d’une commande à distance, mais capable d’être enclenchée manuellement par un bouton, comme une sécurité en cas d’échec.
De la sueur coula sur son front. Vais-je vraiment faire un truc pareil ?
De nouvelles visions traversèrent son esprit : des fabricants de bombes afghans ayant perdu des doigts, voire même des membres entiers, à cause d’explosifs mal paramétrés. Des immeubles entiers pouvant partir en fumée à cause d’un seul faux mouvement, d’un seul câble mal connecté.
Est-ce que j’ai le choix ? C’est soit ça, soit me faire tirer dessus.
Le bouton de commande était un petit rectangle vert, à peu près de la taille d’un couteau suisse, avec un levier sur un côté. Il le prit dans sa main gauche et retint son souffle.
Puis il l’enclencha.
Il ne se passa rien. C’était bon signe.
Il s’assura de garder le levier serré dans son poing (le lâcher ferait immédiatement exploser la bombe) puis il paramétra le minuteur sur vingt minutes, même s’il aurait besoin de moins de temps. Puis, il prit le AK de la main droite et dégagea de cet enfer.
Il grimaça : la porte d’issue arrière grinça au niveau des charnières quand il l’ouvrit. Il sortit dans l’obscurité avec le AK pointé en avant. Il n’y avait personne ici, derrière le bâtiment, mais ils avaient certainement entendu le grincement sans équivoque de la porte.
Sa gorge était sèche et son cœur battait toujours la chamade, mais il conserva ses nerfs d’acier et avança avec précaution jusqu’à l’angle du bâtiment. Sa main était moite, serrant le levier dans une étreinte mortelle. S’il lâchait maintenant, il mourrait probablement en un instant. La quantité de C4 dans la bombe ferait exploser le bâtiment et l’aplatirait au sol, s’il ne tombait pas en cendres avant.
Hier encore, mon principal souci était de conserver l’attention de mes étudiants pendant quatre-vingt-dix minutes. Aujourd’hui, il tenait en main le levier d’une bombe en essayant d’échapper à des terroristes russes.
Concentration. Une fois l’angle du bâtiment atteint, il scruta au-delà, essayant