Noël Pour Toujours. Софи Лав
Чтение книги онлайн.
Читать онлайн книгу Noël Pour Toujours - Софи Лав страница 7
— Peut-être, dit-elle, évasivement. Je pense que tes parents auront peut-être beaucoup de choses à faire à ce moment-là. Le bébé sera né d’ici là, n’est-ce pas ?
— Encore mieux ! la pressa Chantelle. Elle a besoin de rencontrer sa Mamie Patty.
Comprenant clairement qu’elle se heurtait au côté têtu de Patricia, Chantelle fit une autre suggestion.
— Ou si ce n’est pas pour Noël, peut-être le Nouvel An ? On fait une fête à l’auberge. Tu peux venir à celle-là, n’est-ce pas ?
Patricia resta évasive dans ses réponses.
— Nous verrons, fut tout ce à quoi elle s’engagea.
Chantelle regarda ensuite Emily.
— Tu penses que Papa Roy voudra venir pour Noël ? demanda-t-elle.
Emily se sentait tendue. Il était encore moins probable que son père puisse venir avec sa santé qui se détériorait.
— On peut demander, lui dit Emily, et la conversation retomba dans le silence.
Ils arrivèrent à l’auberge et Daniel se gara. Stu, Clyde et Evan étaient à la maison, aussi sortirent-ils pour aider à porter l’arbre à l’intérieur. Puis, ensemble, les quatre hommes le traînèrent jusqu’à sa place dans le vestibule.
— C’est un sacré arbre, dit Clyde en sifflant. Il essuya la transpiration de son front et baissa les yeux vers Chantelle. Comment vas-tu mettre l’ange au sommet ? Même sur mes épaules, je ne pense pas que tu y arriveras.
Pour souligner son point de vue, il se saisit d’une Chantelle riante et la mit sur ses épaules. Il commença à la faire parader. Emily remarqua que Patricia grimaçait. Sûrement à cause du plancher de bois dur en dessous, un instinct maternel que même Patricia possédait !
— Je vais chercher l’échelle, dit Stu en se dirigeant vers le garage.
Evan et Clyde aidèrent aussi en prenant toutes les boîtes de décorations du garage. Puis les trois hommes partirent en ville pour regarder un match et prendre un verre après leur longue journée de travail sur l’île, ne laissant que la famille pour décorer.
— Nous devons mettre de la musique de Noël, dit Emily, se dirigeant vers la réception où le système de sonorisation avait été installé. Elle trouva un vieux CD des Crooners de Noël et le mit. La voix de Frank Sinatra emplit la pièce.
— Et… ajouta Daniel, il nous faut des chocolats chauds !
Chantelle hocha la tête avec enthousiasme et ils se précipitèrent tous dans la cuisine. Daniel fit bouillir du lait sur la gazinière, tandis que Chantelle fouillait le garde-manger à la recherche de restes de guimauves. Elle revint avec non seulement des guimauves, mais aussi des vermicelles arc-en-ciel et de la crème fouettée.
— Excellent, dit Daniel, en leur versant chacun une tasse de chocolat chaud, puis en les nappant de crème, de guimauves et de vermicelles.
Emily n’avait jamais vu Patricia consommer une chose pareille de sa vie ! Les s’mores avaient été assez impressionnants à voir, mais ceci était tout autre chose. C’était comme si Patricia avait été métamorphosée par l’esprit de Noël, enfin, après soixante ans de résistance !
Ils retournèrent dans le vestibule, où le sapin de Noël géant attendait d’être décoré, et se mirent au travail. Bien sûr, Chantelle prit les commandes.
— On a besoin de lumières ici, papa, dit-elle à Daniel, en montrant du doigt un endroit dénudé. Et Mamie Patty, ces rennes doivent être sur cette branche.
Emily se pencha vers sa mère et dit :
— Chantelle a une vision très précise.
Patricia rit.
— Oui, je peux voir ça. Elle a le sens du détail. Un jour, elle fera une merveilleuse décoratrice d’intérieur.
Emily pouvait définitivement l’imaginer. Soit ça, soit une sorte d’organisatrice d’événements. Elle se toucha le ventre, se demandant quel genre de personnalité la petite Charlotte aurait, si elle serait semblable à sa sœur – une leader, une organisatrice, une socialisatrice, une artiste – ou si elle serait différente. Peut-être tiendrait-elle d’Emily elle-même, et serait moins encline à être sous les feux de la rampe, plus satisfaite de lire un livre et d’emmener les chiens promener tranquillement à la campagne. Ou peut-être serait-elle comme son père, pragmatique et travailleuse, sujette à ces moments où l’on broie du noir . Ou, comme Emily avait tendance à le penser, elle pourrait tenir de la tante qui lui avait donné son nom : douce, imaginative, curieuse, calme. Elle avait hâte de le découvrir.
— Mamie Patty, dit alors Chantelle, interrompant la rêverie d’Emily. Comment était maman quand elle avait mon âge ?
Patricia était occupée à étirer un gros morceau de guirlande scintillante à travers les branches, la passant dessus dessous pour éviter qu’elle ne tombe.
— À huit ans ? Laisse-moi réfléchir. Ses cheveux étaient alors très bouclés, beaucoup plus bouclés qu’aujourd’hui. Elle portait ces magnifiques robes à carreaux. Tu te souviens, ma chérie ?
Emily fit remonter son esprit dans le temps. La robe à carreaux et les collants qui démangeaient avec lesquels sa mère l’habillait toujours, avaient été à l’origine de nombreuses bagarres. Emily avait détesté le fait de ne pas avoir le droit de courir ou de grimper aux arbres parce que Patricia ne voulait pas qu’elle abîme ses vêtements.
— Je me souviens, répondit-elle.
Patricia continua.
— Son père lui enseignait aussi le piano à l’époque. Elle était très douée, mais elle s’en est désintéressée.
Emily aurait aimé ne pas l’avoir fait. Avoir continué à s’asseoir à côté de son père sur ce tabouret de piano usé, à apprendre des chansons de comédies musicales et de vieux classiques. C’étaient de précieux moments et elle n’en avait pas profité au maximum. Elle ne savait pas alors qu’elle en aurait besoin.
— Papa Roy ? demanda Chantelle.
— Oui, dit Patricia. Elle sourit. Il était très doué au piano. Et il adorait ça. C’est pourquoi il devait en avoir un dans cette maison, même si nous n’étions ici que quelques semaines par an. Mais il allumait le feu et jouait du piano, et Emily s’enveloppait dans une couverture et s’endormait. Elle poussa un soupir mélancolique. Il y a toujours eu des moments merveilleux au milieu, n’est-ce pas, ma chérie ?
Emily savait ce qu’elle voulait dire. Au milieu de la douleur d’avoir perdu Charlotte. Qu’après sa mort, quand le silence avait grandi entre ses parents comme un mur de verre invisible, il y avait eu des moments de normalité, de joie même, quand le calme était empli de beauté et que leurs esprits étaient soulagés du chagrin.