Robert Johnson Fils Du Diable. Patrizia Barrera

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Robert Johnson Fils Du Diable - Patrizia Barrera

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plus grand « fera du blues ». Nous pouvons comprendre alors l’énormité de la charge psychologique et émotionnelle qui a accompagné le jeune Johnson durant toute sa courte vie.

       Dans cette optique, il est facile de supposer que les capacités soudaines imputées au pacte avec le diable étaient tout simplement une reprise du mancinisme perdu, peut-être sous l’impulsion de son maître Zimmerman, qui avait su lire dans l’âme tourmentée du garçon.

      

      

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       Johnny Shine, mature, des années après la mort de Johnson… qui joue les chansons de son ami.

       Donc, musicalement parlant, nous assistons à un véritable dédoublement de Robert Johnson : d’une part, un artiste capable de jouer tout ce qu’on lui demande dans n’importe quel style, une capacité typique des Ramblers qui devaient s’adapter aux goûts variés des clients des bars, de l’autre un artiste qui faisait voler ses doigts sur la guitare en jouant du blues... de dos…

       Dans le premier cas, il y a certainement l’acquisition d’une « méthode » qui, si pour Son House et d’autres musiciens de race était innée, chez Johnson par contre c’était le fruit d’un engagement constant et discipliné ; dans le second il y a le sentiment de libération du Blues, qui est ensuite exécuté selon sa nature gauchère et gardée cachée aux autres, pour les raisons mentionnées.

       D’autre part, le fait que Johnson fut un dissocié et un aliéné est largement documenté : Shines rapporte combien son ami était aimable et gentil avec le public et violent en privé, surtout avec les femmes qu’il maltraite, malmène et abandonne.

       « Souvent il disparaissait pendant que nous jouions et me laissait seul – raconte Shine – Il sortait des jours entiers sans donner de nouvelles, puis il revenait comme si de rien n’était. Je savais qu’il aimait s’attirer des ennuis, courir après des femmes mariées, et il se battait avec leur mari plus d’une fois. Il a parfois été jeté en prison pour quelques nuits d’ivresse et de bagarre. Au début, c’était sympa de voyager avec lui, de monter et descendre des trains, de jouer partout où on voulait. Johnson était aimé par les gens, car il savait les satisfaire de toutes les manières possibles. Mais quand il a commencé à s’amuser avec les femmes, il a changé. Il mettait sa colère sur toutes les femmes qu’il voyait, les battait à mort, puis revenait jouer avec moi.

      

      

      

       Il me disait : « Ah, frapper une femme me fait me sentir mieux. » Presque toutes les chansons qu’il écrivait parlaient de femmes. À un certain moment, la cohabitation avec lui est devenue impossible et nous nous sommes séparés. »

      

      

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       Voici la pochette du disque du célèbre événement auquel Johnson ne put participer…

       Notez l’incroyable liste de noms illustres.

       En 1936, Johnson était tourmenté par le désir d’enregistrer ses chansons et d’entrer dans le marché discografique. Il se donna donc beaucoup de mal pour être reçu par HC Speir, un talent scoot blanc qui tenait un magasin de disques dans le Mississippi et qui avait déjà découvert de grands talents comme Charlie Patton, Skip James, Tommy Johnson et Son House. D’après ce que l’on dit, Speir reconnut rapidement les capacités de Johnson mais, pour une antipathie d’impact, il préféra le passer à Ernie Oertle, un autre TC qui offrit de l’emmener à S. Antonio en novembre 1936 pour faire une session d’essai.

       Ceci eut lieu dans la chambre 414 du Gunter Hotel, où Brunswick Record avait implanté un studio d’enregistrement « volant », comme cela se faisait à l’époque.

       Avec Johnson, en effet, il y avait une foule de musiciens ramassés ici et là sur le Delta, surtout des Mexicains et même le Wagon Gang Chuck, un groupe musical très populaire à cette époque dans les clubs du Delta. Ici Johnson, comme le rapporte Oertle, « a enregistré accroupi et de dos, à tel point que j’ai eu du mal à placer les microphones »

       Cependant Oertle n’était pas très étonné : il était habitué aux manies des bluesmen et à leurs rituels et il pensa que Johnson cherchait tout simplement « l’angle de charge » c’est-à-dire la meilleure manière de faire sortir le son.

       Dans cette première session ont été enregistrés, entre autres I COME ON INTO MY KITCHEN, KINDHEARTHED WOMAN, CROSSROAD BLUES et TERRAPLANE BLUES, la seule dont Johnson écouta l’enregistrement et qui devint un grand succès, en vendant pas moins de 5000 exemplaires la première semaine, un vrai record pour l’époque !

       Dans cette première expérience d’essai nous trouvons une série de chansons certainement liées au Sud rural, viscéral et impactant, considérées depuis toujours « l’expression la plus véridique du mélancolisme de Johnson ». Parmi celles-ci se distingue Kindhearted Woman pour sa complexité et pour une plus grande recherche du son ; le texte est certainement beaucoup plus articulé que les autres et ce n’est pas un hasard si pendant des années, avec Crossroads blues, elle devint presque le drapeau distinctif de l’artiste.

       Une deuxième session fut ensuite réalisée en 1937 directement à Dallas dans le Vitagraph Building situé au 508 Park Avenue, où Brunswick Record avait son Quartier général.

       En tout 29 chansons, plus quelques essais inachevés et des enregistrements rejetés, pour un total de 41 gravures. Un nombre certes très réduit de chansons, mais qui constituent un précieux patrimoine pour la musique mondiale.

       Quoi qu’il en soit, Robert Johnson eut un succès posthume. Bien qu’apprécié en tant que musicien, ses capacités d’innovation n’étaient pas très bien comprises à l’époque et ce n’est certainement pas sa mort prématurée qui le sauva d’un oubli immédiat le cachant de la critique pendant environ trente ans. En 1938, période de son plus grand succès, si vous demandiez à quelqu’un dans la rue « Qui est Robert Johnson ? », il n’aurait pas su vous répondre, mais il aurait pu vous décrire le nombre de cheveux qu’avait Son House sur la tête. Cependant son nom commença à faire son chemin parmi les experts du secteur vu que justement cette année-là le fameux John Hammond, producteur de Columbia Records, l’avait mis sous contrat pour la première édition du très célèbre « du spirituel au Swing » au Carnegie Hall de New York, en d’autres termes la consécration officielle du jeune Johnson ! À sa mort, Big Bill Broonzy le remplaça sur scène, ils observèrent deux minutes de silence et jouèrent deux de ses derniers enregistrements, dans une foule stupéfaite et en larmes.

       Si seulement il avait

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