Le Look Idéal. Блейк Пирс
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– Pas forcément, surtout si j’aime déjà déjeuner dans un restaurant qu’ils fréquentent. Et puis, s’ils viennent me voir parce que je suis le ‘spécialiste émérite’, ils se mettront peut-être à parler. Ils voudront peut-être impressionner le vieil homme et ils en diront un peu plus qu’ils ne le devraient. Je prendrai peut-être un air indifférent pour qu’ils m’en disent encore plus parce qu’ils veulent prouver qu’ils sont bons. Les gars aiment faire ça en ma présence.
– Parce que tu as le statut de ‘spécialiste émérite’, répéta Jessie.
– Tu comprends enfin, dit-il. Cependant, ils ne me diront rien si je leur pose des questions directes. Ce sont des agents du FBI, pas des élèves de CE1.
– Dans ce cas, pourquoi ne vas-tu pas déjeuner ? insista-t-elle.
– Parce qu’ils ne vont en général manger là-bas que vers treize heures. C’est pour cette raison que j’ai appelé le propriétaire et que je lui ai dit de me réserver une table pour midi quarante-cinq, un box au fond, avec un peu d’intimité et de la place pour trois.
– Tu as déjà fait ça ?
– Oui.
– Je suis désolée, dit Jessie, impressionnée. Je n’aurais pas dû venir te harceler. C’est juste que Hannah est dans la nature et que personne ne sait ce qui lui arrive. Comme je t’ai vu ici, je me suis énervée. Je n’aurais pas dû tirer mes conclusions trop vite.
– J’apprécie ta considération, Hunt, et je ne te fais aucun reproche. Avec un vieux gars comme moi, on te pardonnerait si tu avais cru que j’avais complètement oublié notre petite conversation de ce matin. Cela dit, puis-je te donner un conseil ?
– Bien sûr, dit-elle.
– Tu dois prendre un peu de distance.
Jessie hocha la tête.
– J’ai du mal, admit-elle.
– Je comprends, répondit-il. J’ai été pareil longtemps. Cependant, le fait est que, avec ce que nous faisons, il y aura toujours des gars peu recommandables dans la nature. Il y aura toujours une victime en danger. Il y aura toujours le temps qui passe. Cependant, si tu vas à la vitesse maximum tout le temps, tu auras un accident. C’est inévitable. Finalement, ce jour-là, tu ne seras plus utile à personne.
Jessie hocha la tête. Tout ce qu’il disait lui parlait. Avant qu’elle ait pu l’admettre, il continua.
– Je sais que ce n’est pas facile, et surtout pas maintenant, vu que la personne en danger est ta propre demi-sœur. Pourtant, parfois, tu dois ralentir un peu. Tu dois trouver une sorte d’équilibre dans ta vie. Autrement, tu vas t’épuiser et des gens que tu aurais pu sauver mourront. Je ne dis pas que tu ne devrais pas travailler dur et je ne dis pas que tu ne devrais pas te soucier du sort de ces victimes, mais tu dois trouver le moyen de faire ce travail tout en restant un être humain vivant. Autrement, tu seras malheureuse. Tu comprends ce que je veux dire ?
Jessie eut l’impression qu’elle n’avait jamais rien mieux compris de sa vie.
– Oui, dit-elle simplement.
– Bien, répondit-il. Dans ce cas, dégage de mon bureau. Il faut que je fasse une petite sieste avant le déjeuner.
Alors que les mots de sagesse du vieil homme résonnaient encore dans ses oreilles, Jessie partit pour qu’il puisse faire sa sieste.
CHAPITRE HUIT
Hannah Dorsey se rappela qu’elle n’était pas encore morte.
Ce fait aurait pu paraître évident mais, à la même heure une semaine auparavant, elle n’avait pas pu en être si sûre. Or, à chaque minute où elle était en vie, elle avait une chance. Du moins, c’était ce qu’elle se disait.
Elle savait qu’il était aux environs de midi grâce à l’endroit où le rai de lumière qui entrait par la fenêtre illuminait le sol du sous-sol où elle était détenue. Longtemps, elle avait cru qu’on l’avait emmenée hors de Californie parce que c’était le premier sous-sol qu’elle voyait.
Cependant, l’homme, qui lui avait dit de l’appeler Bolton, avait expliqué que l’ex-propriétaire venait de la Côte Est et avait exigé qu’on construise un sous-sol dans sa nouvelle maison de Californie du Sud, même si cela n’avait pas vraiment de sens d’un point de vue géologique.
Bolton avait expliqué beaucoup de choses à Hannah.
Pendant les quelques premières heures après qu’il avait tué ses parents adoptifs puis l’avait droguée et enlevée, il ne lui avait pas beaucoup parlé, en partie parce que Hannah avait d’abord été trop endormie pour le comprendre. Après ça, ses cris de panique avaient rendu toute conversation impossible.
Cependant, au bout d’environ dix-huit heures, à force de crier, elle avait perdu la voix. Après cela, elle avait été si épuisée par la peur, la surcharge d’adrénaline et la confusion qu’écouter cet homme parler avec son accent aux inflexions méridionales était presque devenu apaisant. Quand il parlait, il ne tuait pas. Donc, elle était contente de l’écouter parler.
Elle imaginait qu’il passerait bientôt bavarder avec elle. Il lui apportait toujours son déjeuner vers l’heure où la lumière de la petite fenêtre éclairait le milieu de la pièce, heure qui, selon ses estimations, devait être midi. Pendant la semaine qu’elle avait passée ici, elle avait déduit quelques autres choses.
D’abord, elle savait qu’elle était là depuis environ une semaine parce que, avec la cuillère qu’il lui avait laissée, elle avait réussi à gratter un trait pour chaque jour sur le poteau en bois à laquelle elle était enchaînée. En fait, elle était quasiment sûre qu’on était mardi. Elle savait aussi qu’ils étaient à un endroit isolé. Autrement, Bolton l’aurait bâillonnée ou aurait au moins condamné la petite fenêtre qui offrait à sa captive ce petit rai de lumière du soleil.
Visiblement, il ne craignait pas que quelqu’un entende sa prisonnière appeler à l’aide ou ne casse la fenêtre et ne la trouve ici. De plus, elle n’avait jamais entendu passer de véhicule à moteur, d’avion les survoler ou d’alarme se déclencher au loin.
La nuit, au travers du verre sale et plein de traces de la fenêtre, elle arrivait à voir au loin l’enseigne clignotante en néon rose et bleu qui indiquait la présence d’un endroit nommé L’Essence Même. D’après le style de l’enseigne, elle supposait que cet endroit était probablement un club de strip-tease mais, comme elle n’était pas experte en lieux de ce type, cette information n’était pas très utile.
Elle était aussi quasiment sûre qu’il ne voulait pas la tuer, ou du moins pas encore. Ce n’était pas parce qu’il n’avait pas envie de tuer. Dans la maison de ses parents adoptifs, avant de la droguer mais après l’avoir bâillonnée et attachée, il l’avait tranquillement portée dans le salon et l’avait posée dans le coin pour qu’elle puisse assister aux deux meurtres.
Il ne l’avait pas fait discrètement. En fait, pendant toute l’épreuve, il avait agi avec nonchalance. Son père adoptif avait été endormi dans le fauteuil et