L’Assassin Zéro. Джек Марс
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Il faillit lâcher, “Je dois vraiment venir ?” mais il tint sa langue par peur que les mots ne sortent sur un ton trop énervé.
“Je n’ai pas envie de faire ça plus que toi,” dit Maria avant qu’il n’ait eu le temps de réfléchir à un moyen de refuser. “Et je ne veux vraiment pas abuser de ma position.” Zéro comprit clairement cette phrase-là : Maria lui rappelait qu’elle était sa boss à présent. “Mais je n’ai pas le choix, ça ne vient pas de moi. Le Président Rutledge t’a demandé personnellement.”
“Il m’a demandé, moi ?” répéta Zéro d’un air étonné.
“Eh bien, il a demandé ‘l’homme qui a dévoilé l’affaire Kozlovsky,’ donc c’est à peu près ça…”
“Il parlait peut-être d’Alan,” suggéra Zéro avec un infime espoir.
Maria rigola doucement, même si ça sortit plus comme un léger soupir. “Je suis désolée, Kent,” dit-elle pour la troisième fois. “Je vais essayer de faire en sorte que le briefing soi court, mais…”
Mais ça veut dire que je vais être envoyé sur le terrain. Le message sous-jacent était clair comme le jour. Et le pire, c’était qu’il n’avait aucune excuse ou alibi pour décliner. Il était sous le joug de la CIA à cause de ce qu’il avait fait, maintenant plus que jamais, et il ne pouvait pas vraiment dire non au président qui était, sans aucun conteste, le boss du boss de sa boss.
“Ok,” concéda-t-il. “Donne-moi trente minutes.” Il raccrocha et gémit doucement.
“C’est bon.” Il se retourna d’un coup, et vit que Maya se tenait juste derrière lui. L’appartement n’était pas assez grand pour que cet appel ait été discret, et il était sûr qu’elle avait pu deviner la nature de la conversation, même en n’ayant entendu que ses paroles à lui. “Va faire ce que tu dois faire.”
“Ce que je dois faire,” dit-il fermement, “c’est rester ici avec Sara et toi. C’est Thanksgiving, nom de dieu…”
“Apparemment, tout le monde n’a pas eu l’info.” Elle faisait la même chose qu’il avait tendance à faire, à savoir noyer le poisson avec un peu d’humour. “C’est bon. Sara et moi allons nous occuper du dîner. Reviens dès que tu pourras.”
Il acquiesça, reconnaissant pour sa compréhension, alors qu’il aurait voulu en dire plus. Mais, finalement, il se contenta de murmurer “Merci” et se dirigea dans sa chambre pour changer de vêtements. Il n’y avait rien de plus à dire, car Maya savait tout aussi bien que lui que sa journée finirait certainement à bord d’un avion, plutôt qu’en train de fêter Thanksgiving avec ses filles.
CHAPITRE SIX
Quiconque songeant à l’expression “L’Amérique du Centre,” aurait des images en tête extrêmement proches de ce qu’on pouvait trouver à Springfield, Kansas. C’était une ville entourée de terres agricoles en pente douce, un endroit où le nombre de vaches dépassait celui des habitants, tellement bas qu’on pouvait rouler longtemps avant de rencontrer âme qui vive. Certains auraient trouvé l’endroit idyllique, d’autres l’auraient qualifié de charmant.
Samara le trouvait dégoûtant.
Il y avait quarante-et-une communes et villes aux États-Unis qui s’appelaient Springfield, ce qui rendait non seulement cette ville banale, mais particulièrement mal inspirée. Sa population était d’environ huit-cents personnes. Sa rue principale était constituée d’un bureau de poste, d’un bar et grill, d’une épicerie, d’une pharmacie et d’un magasin d’alimentation.
Pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, c’était l’endroit idéal.
Samara tira ses cheveux roux flamboyants en arrière et les attacha en queue de cheval, exposant ainsi le petit tatouage sur sa nuque, le simple et unique caractère signifiant “feu” qui se translittérait en Pinyin par Huŏ, le surnom qu’elle avait pris depuis sa défection.
Elle s’appuya contre le camion et entreprit d’examiner ses ongles en attendant le moment venu. Elle pouvait entendre la musique se rapprocher, alors que des adolescents et des jeunes adultes jouaient faux en essayant de suivre le rythme d’une caisse claire. Ils seraient bientôt à son niveau.
Derrière elle, dans la zone de chargement du camion, se trouvaient quatre hommes avec l’arme. L’attaque à La Havane s’était étonnement bien passée, facilement même. Avec un peu de chance, les gouvernements de Cuba et des USA penseraient qu’il s’était agi d’un coup d’essai, alors que leur arme avait déjà été totalement testée. Le but de l’attaque à La Havane était bien plus que ça : il s’agissait d’introduire le chaos, de semer la zizanie, de présenter l’illusion d’un avertissement qui faisait se gratter les têtes et se questionner les puissances de ce monde.
Non loin d’elle, Mischa était assise sur le trottoir derrière le camion coloré, arrachant paresseusement les mauvaises herbes qui s’étaient frayé un chemin à travers les fissures de la chaussée. Cette fille de douze ans était généralement calme, consciencieusement silencieuse et délicieusement mortelle. Elle portait un jean, des sneakers blanches et, c’en était presque drôle, un sweatshirt bleu à capuche avec le mot BROOKLYN imprimé en lettres blanches sur le devant.
“Mischa.” La fille leva ses yeux verts ternes et passifs. Samara tendit son poing fermé, et la fille ouvrit la main. “Il est bientôt l’heure,” lui dit Samara en russe, alors qu’elle déposait deux objets dans sa petite paume : des oreillettes électroniques spécialement conçues pour contrecarrer une fréquence particulière.
L’arme en elle-même était banale, et même laide. En la voyant, la plupart des gens n’auraient pas su ce que c’était et auraient eu du mal à croire qu’un tel objet soit une arme… ce qui ne faisait que jouer en leur faveur. La fréquence était émise par un large disque de métal d’un mètre de diamètre et de plusieurs centimètres d’épaisseur, produisant des ondes sonores ultra-basses dans un cône unidirectionnel. Le plus puissant de ses effets se produisait sur une portée d’environ cent mètres, mais les effets délétères de l’arme pouvaient être ressentis jusqu’à trois-cents mètres de distance. Le lourd disque était monté sur un dispositif pivotant qui non seulement le maintenait droit comme une antenne parabolique, mais qui lui permettait aussi de tourner dans n’importe quel sens. Le dispositif était à son tour soudé à un chariot en acier équipé de quatre roues épaisses, contenant également la batterie lithium-ion qui alimentait l’arme. La batterie à elle seule pesait trente kilogrammes et, en incluant le chariot, l’arme supersonique pesait cent-trente-six kilos, raison pour laquelle ces armes étaient généralement montées sur des bateaux ou sur des Jeeps.
Mais fixer leur arme à un véhicule l’aurait rendue bien moins mobile et bien moins discrète, raison pour laquelle il y avait quatre hommes dans le camion. Chacun d’eux était un mercenaire surentraîné mais, pour elle, ils n’étaient bons qu’à déplacer l’arme. Si celle-ci avait été plus légère et plus maniable, Samara et Mischa auraient pu gérer cette opération elles-mêmes, elle en était persuadée. Mais elles devaient travailler avec les moyens du bord, et l’arme était aussi compacte que possible par rapport à sa grande puissance.
Samara avait été légèrement