Франция с 1789 года до наших дней. Сборник документов (составитель Паскаль Коши). La France contemporaine, de 1789 a nos jours. Recueil de documents (par Pascal Cauchy). Группа авторов

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Франция с 1789 года до наших дней. Сборник документов (составитель Паскаль Коши). La France contemporaine, de 1789 a nos jours. Recueil de documents (par Pascal Cauchy) - Группа авторов Труды исторического факультета МГУ

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les cinq heures, maman vit beaucoup de peuple courir avec violence par des mouvements tumultueux; c’était de loin, elle ne put distinguer ce que c’était; elle sortit de son appartement avec mon père et Mme d’Estourmel; ils traversèrent la galerie de l’Opéra pour aller au vestibule de la Chapelle, qui menait à la grande galerie. Ils trouvèrent les portes fermées et tout dans la plus profonde tranquillité; heureusement ils rentrèrent, car l’instant d’après, la minute avant que le peuple envahît, nos domestiques vinrent dire que les gardes du corps étaient devenus fous; deux, courant à toutes jambes, avaient voulu entrer, on avait fermé la porte sur eux. Alors maman, ne pouvant plus tenir à ses inquiétudes, demanda à la sentinelle de la garde nationale, qui était à la porte de la cour de l’Opéra, sous ses fenêtres (mais elles étaient élevées à une hauteur énorme sur la rue), ce qui se passait dans la cour des Ministres, où elle voyait toujours le peuple dans la même agitation. Il dit: « Ce sont les gardes du corps, madame, » et il fît signe qu’on leur coupait la tête. Il n’était resté à Versailles que ceux de service, environ deux cents: ils furent poursuivis, plusieurs tués en se défendant en héros, la plupart se sauvèrent par mille déguisements. D’ailleurs on ne cherchait certainement pas à en tuer beaucoup, les meneurs surent bien arrêter le peuple, quand ils le voulurent.

      On peut imaginer l’état dans lequel nous étions, en apprenant qu’on tuait les gardes du corps; plusieurs exempts, qui demeuraient près de notre appartement, vinrent s’y cacher; nous donnâmes des habits à des gardes qui étaient réfugiés chez nous, nos domestiques en sauvèrent beaucoup. Nous étions dans la plus horrible inquiétude, on pensait voir massacrer toutes les personnes du château; le peuple et la garde nationale de Paris étaient dans les cours; on apprit qu’on avait gagné le régiment de Flandre dans la nuit, on avait emporté ses drapeaux. Les soldats les voyant sur la place d’Armes, passèrent pardessus la grille; alors on s’empara de chaque soldat, on lui prodigua le vin et l’argent; ces hommes, indignés de rester sans cartouches, d’avoir eu leurs canons enlevés, d’avoir été enfermés toute la nuit sous clef, furent bientôt gagnés et se mêlèrent au peuple; ils ne participèrent point cependant aux assassinats.

      Profitant de ce que la foule se portait dans les cours et de ce qu’il n’y avait âme qui vive dans la rue des Réservoirs, nous sortons du château; maman et moi tremblions comme la feuille; nous nous réfugions dans un petit logement que M. le comte de Crenay avait dans la ville, extrêmement près du château; nous y restons avec plusieurs personnes venues pour y chercher asile, entre autres des officiers des gardes du corps.

      Tout d’un coup nous entendons une fusillade et une canonnade générales et sans ordre, qui partent des cours et durent plus d’une demi-heure; nous croyions qu’on massacrait tout au château, et nous étions dans le plus cruel état, quand on vint nous dire que c’était une réjouissance, parce que le Roi avait paru sur le grand balcon avec la cocarde et avait consenti à aller demeurer à Paris. Il lui fallait bien obéir: quel consentement ! quelle réjouissance! Nous retournons au château et de là chez Mesdames. Je leur fais moi-même des cocardes de rubans, nous en prenons toutes; il y avait dans les antichambres plusieurs de leurs gens, qui étaient de la garde nationale de Versailles et avaient endossé l’uniforme.

      Nous montons en voiture avec Mesdames, Mme de Narbonne, Mme de Chastellux, maman et moi; nous suivions celle du Roi, mais nous en étions à une grande distance; une foule immense et le grand nombre des voitures nous séparaient, quoique Mesdames fussent parties en même temps.

      Je n’oublierai pas que la Reine, en montant en carrosse et entourée d’une troupe immense de ses assassins, reconnut dans la foule le baron de Ros, officier des gardes du corps, déguisé; elle eut le courage de lui dire tout haut: « Vous irez savoir de ma part des nouvelles de M. de Savonnières, et lui direz toute la part que je prends à son état. » M. de Ros nous le répéta, l’instant d’après. C’est ainsi que je n’écris que ce que j’ai vu ou ai su de la bouche des témoins oculaires, sans parler des faits que d’autres mieux instruits que moi feront passer à la postérité.

      Plus de deux mille voitures suivaient le Roi; on prétendait qu’après son départ on pillerait le château; aussi le démeublait-on avec une telle précipitation, qu’on jetait jusqu’aux glaces par les fenêtres.

      Jamais on n’a vu une confusion pareille à celle de la route de Paris à Versailles. Tout le monde était pêle-mêle; on voyait des énergumènes, hommes et femmes, qui avaient l’air de furieux; on entendait les cris répétés de Vive la Nation ! et à chaque instant des coups de fusil partaient au repos, ou peut-être exprès. Nous avions cent hommes de la garde nationale de Paris qui nous entouraient, destinés spécialement pour la voiture de Mesdames; tout le long de la route, elles leur parlaient avec la plus grande bonté, et même trop grande, en partie par peur, en partie par habitude d’être extrêmement affables; Madame Adélaïde surtout, par le besoin qu’elle avait d’être toujours en agitation et en mouvement. Nous fûmes cinq heures en route jusqu’à Sèvres; il avait été accordé à Mesdames d’aller à Bellevue, les cent hommes les y accompagnèrent, et y restèrent pour les garder. Maman, en arrivant, eut une affreuse attaque de nerfs. »

Комментарии

      Journées f pl d’Octobre – поход на Версаль (5 и 6 октября 1789), или поход женщин на Версаль, поход женщин за хлебом – поход парижанок на Версаль c целью попросить короля улучшить снабжение столицы хлебом. Закончился насильственным перемещением королевской семьи в Париж.

      Château m de Versailles – Версальский дворец, королевская резиденция при Людовике XIV, Людовике XV, Людовике XVI (1682–1789). Был построен в XVII в. в пригороде Парижа, в нескольких десятках километров от столицы. Дворцово-парковый ансамбль – исторический памятник мирового значения.

      Madame de la Rochejaquelein – Мария Луиза Виктория де Донниссан (1772–1857), в первом браке маркиза де Лескюр, во втором – маркиза де Ларошжаклен, автор мемуаров, рассказывающих о ее жизни, в том числе и во время вандейских войн. Родилась во влиятельной придворной семье. Дочь Ги Жозефа де Донниссана (Guy Joseph de Donnissan), лагерного маршала (maréchal m de camp – военный чин во французской армии при Старом порядке, примерно соответствующий чину бригадного генерала в армии республиканской и наполеоновской Франции), сенешаля Гиени. Получила хорошее образование. Публикация ее мемуаров, написанных простым языком и очень искренне, вызвала сенсацию. Они стали одним из главных источников по истории вандейских войн, хотя и современники,

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