Architecture De La Prière. Diego Maenza

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Architecture De La Prière - Diego Maenza

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      Une décharge brûlante me secoue. Elle prend sa source dans l’occiput. Elle part en exode et se distille le long de ma colonne vertébrale. Mes tendons se réveillent et m’obligent à étirer mon corps sur toute sa longueur dans une douleur agréable qui se consume de manière orgasmique dans mes sous-vêtements. Je sens comment mon pénis redescend lentement, renversé par le plaisir convulsif de la pollution alors qu’un vide insupportable se prépare dans mon âme. Le froid s’insinue par la fenêtre ouverte et le rideau ondule dans des hululements langoureux et successifs. Je regarde le velours frémir contre le mur, impacter le verre de la vitre et le cadre en sapin. Je sens la brise glisser et se faufiler sous mes aisselles, elle effleure ma peau dans un souffle qui provoque des frissons dans tout mon corps. Je soupire. Je m’éloigne de cet intérieur entaché de sperme. Je me lève et je prie pour la faiblesse de ma chair.

      *

      La chaleur du café m’encourage à l’abandonner. Je préfère ingérer le jus de pêche à petites gorgées. Le garçon me raconte une histoire quelque peu profane, mais je n’ose pas le réprimander. Je me contente de le regarder et d’ébaucher un sourire froid. Aujourd’hui encore, il ne m’a pas accompagné à la messe. Il m’a cruellement manqué, surtout lorsque l’évêque Pío a prononcé la bénédiction. Je l’examine. Je m’extasie devant ses factions, son regard insouciant, ses cheveux ébouriffés au petit matin. Je me lève précipitamment de la table. J’essaie de détourner mon attention qui se dirige encore et encore vers lui.

      *

      Je suis tombé avec des frissons. Aujourd’hui, je ne quitterai pas la maison et je ne m’occuperai pas non plus des paroissiens qui se préparent pour le Vendredi Saint. J’ai décommandé certains engagements mineurs, conformément aux recommandations du médecin. Le garçon prépare une infusion que j’ingère avec les médicaments. Je me retourne pour observer le mouvement de ses fesses qui se branlent dans un va-et-vient provocateur. Je m’abandonne au sommeil.

      *

      Au réveil, je vois le visage du garçon. Il m’a tenu compagnie tout ce temps où la fièvre a duré. Il m’informe qu’il a préparé le déjeuner et réconforte mon corps avec une soupe chaude. Il insiste pour me la porter à la bouche, cuillère après cuillère. Vient ensuite un moment difficile. Je lui reproche d’avoir examiné la peinture sans mon consentement. Il répond qu’il voulait découvrir ce que contenait le tableau. Il ne s’agit pas d’interdire ses connaissances. Je considère simplement qu’il devrait au préalable consulter une voix autorisée pour lui confirmer s’il est ou non qualifié pour ces connaissances particulières. Il réplique qu’il se sent apte. Et il m’implore de le guider à travers le tableau. Après une lutte de supplications et de refus, je cède à la demande et je lui permets de l’ouvrir. Il affiche un visage de stupéfaction. C’est beau, dit-il, mais en même temps odieux. C’est notre âme, lui dis-je. Ou les mots seraient-ils restés dans mes pensées ? Le choc résiduel de la fièvre m’étourdit. Pour le moment, un seul désir me saisit, je veux m’éloigner du garçon, lui crier de quitter ma chambre et de disparaître à jamais. Dieu m’a révélé qu’il est un émissaire du diable. Le désir de l’excommunier de ma vie m’envahit. Je comprends que j’irai à l’encontre de ma volonté. Je me redresse et je pose une main sur son épaule. Je la maintiens dans une étreinte pleine d’intention. Ce qui se présente sous tes yeux est un paradis, un enfer, et ici, dis-je d’une voix magnanime en indiquant la partie centrale, c’est le monde. Pour l’instant un simple coup d’œil suffit, nous aurons le temps de l’étudier partie par partie. Mon corps ne résiste pas à l’envie et je l’embrasse sur la joue alors que je baisse ma main au creux de son dos. Sa réaction ne dégage aucun signe de répulsion. De façon inattendue, il me demande la bénédiction.

      *

      J’ai envoyé le garçon au marché pour acheter des provisions. Je déplore son absence et j’essaie de combattre le désir par une prière. Mais je me mets à genoux et les mots restent coincés dans ma gorge. Cette fois, je ne peux pas prier. Je me lève, je prends une douche chaude et je me prépare à l’accueillir le mieux possible.

      *

      Le garçon arrive enfin, mais malheureusement Mlle Raquel l’accompagne. Mlle Raquel est une femme dévouée au service de l’Église. Elle a su conserver une apparence de jeune femme malgré ses quarante ans à venir, mais elle reste célibataire malgré sa beauté. Derrière elle une escorte de dames entre dans la maison, elles se sont associées pour me rendre visite et m’offrir des fruits achetés précisément à la jolie vieille fille, j’imagine. Tomás les salue avec des aboiements de colère. Je les reçois avec une apparente gratitude et je leur donne, avec l’autorité qu’elles m’octroient, quelques admonitions. Je leur impose quelques tâches pour la préparation de la procession de demain et je les congédie délicatement sous prétexte d’un grand besoin de me reposer. Derrière elles, je ferme la porte aux charnières rouillées et je me lance à la recherche du garçon dans toute la maison.

      *

      Je l’invite à nouveau dans ma chambre. Nous entretenons une conversation sur certains aspects théologiques. Il alimente le débat de ses connaissances limitées. Je l’entraîne en posant une main ouverte sur sa cuisse charnue et appétissante. Je l’invite à commencer une prière ensemble. Je m’assieds derrière lui et nous lançons la supplique commune habituelle. Je perçois la chaleur de son corps qui calme le froid ambiant et rafraîchit en même temps la fièvre de mes entrailles.

      *

      Mon corps souffre. Je m’allonge pour apprécier la saveur de fruits encore présente dans mon palais. J’essaie de prononcer une oraison qui échoue dans la tentative. Ma tête m’emporte ailleurs, elle m’oriente vers le visage du garçon. Je me dirige vers sa porte d’un pas chancelant. Je l’entrouvre et je découvre son corps endormi en position fœtale dans le plaisir d’une sieste. Son beau postérieur m’insuffle un vif désir, il m’incite à le caresser, à lui infliger la dernière morsure. Mon corps transi bouillonne de fièvre ou d’autre chose. Dans un élan de lucidité, je retourne dans mon lit.

      *

      Je me réveille avec une sensation gluante provoquée par la sueur sur ma peau. Je regarde les rayons du soleil de l’après-midi se refléter dans le miroir et inonder la pièce d’une lueur qui envahit chaque recoin. Je ressens le besoin de me nettoyer. Une vague de chaleur envahit l’alcôve. Mon entrejambe est pâteux. La fièvre est passée. J’implore un peu d’eau fraîche.

      *

      J’ai envoyé des instructions écrites aux fidèles pour la procession du Vendredi Saint. Le garçon m’a accompagné pendant que j’écrivais la lettre qu’il devait ensuite livrer, animé par la promesse de l’étude une partie du tableau. Je ne pouvais pas réprimer mon intérêt pour ses mouvements, mon regard se fixait sur lui à chaque instant. J’ai même fait dévier mon stylo sur quelques traits.

      *

      La couverture du boîtier du disque illustre un chemin orné de feuillages d’automne qui se perd dans un horizon suggestif. Le passage jaunâtre creuse une forêt de quiétude absolue. Aucun oiseau ne nuit à la tranquillité. Aucun animal ne s’aventure à profaner la sérénité du petit univers des feuilles sur la terre. Tous sont sur le point d’émerger pour inaugurer de manière fougueuse un paradis infernal. J’insère le disque dans le lecteur qui l’entraîne dans un tournoiement rapide. Cet engin se transforme en un minuscule tourbillon infini qui tourne à des milliers de tours par minute. La musique envahit la salle, très lentement, comme si elle luttait pour se réveiller d’une léthargie imposée par des forces restrictives, comme si elle respirait le

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