Souffles. Micol Fusca

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Souffles - Micol Fusca

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      C’était la seule qui l’appelait de cette façon-là: la seule à laquelle il le permettrait. «Il va bien, ne vois-tu pas comment il est content?»

      Alissa observa Dalain d’un œil critique: il semblait ivre. Il continuait à rire de manière étouffée, en se tenant accroché à son cou. Elle adressa son regard indigné au plus âgé. «Avec tout l’argent que tu dépenses pour lui procurer des médicaments dignes d’un roi, tu devrais le traiter comme un pot de cristal!» Elle reprit à se concentrer sur l’enfant, en observant son visage. «Il est complètement trempé...il a besoin d’un bain chaud. Rends-toi donc utile et demande à Glinee d’amener quelques seaux dans sa chambre.»

      Nephelim lui rendit hommage par une demie révérence. «C’est déjà fait, Madame.»

       Le grondement d’un rire, ressemblant à la pluie au printemps. Fine, intense. Une magie.

       La mer de couleur indigo, caressée par des nuages d’écume blanche.

      L’Œil de Zephirot brillait depuis trente ans, aussi lumineux que la première étoile du matin. La magie franchissait à nouveau les frontières des Terres de l’Ouest.

      Les Henders avaient renforcé leurs rangs, en consacrant des nouveaux Lecteurs et Défenseurs. Leurs symboles, verge et épée, étaient forgés dans le même feu: remplis de la bénédiction de Dieu à l’instant même où ils étaient rapprochés du précieux cristal, l’Œil, au moment de l’investiture.

      Nephelim avait sué sang et eau, enterré la douleur du détachement dans la partie la plus sombre de son âme: c’était ce qu’il avait désiré pour soi dès qu’il était capable de comprendre. La naissance de Dalain n’avait que renforcé son intention.

      Il trouvait bizarre que son peuple combatte la magie en l’utilisant.

      Un Défenseur devait son âme à son protégé: il accompagnait ses pas où que son intervention soit demandée.

      Le Lecteur d’Âmes voyait au-delà de n’importe quelle apparence: son esprit possédait l’agilité nécessaire pour débrouiller les affaires les plus intriquées. Il avait la capacité de distinguer n’importe quelle émotion ou accent et d’arriver aux vérités les plus cachées.

      Nephelim se prépara à une nouvelle attente: il souhaitait ne pas devoir présider à l’interrogatoire d’une pauvre femme, accusée de sorcellerie pour avoir servi une tisane curative au Sénéchal. Ça, c’était passé beaucoup de fois. Trop de fois.

      Les sourires nerveux des palefreniers lui firent craindre que le Lecteur n'arrive en retard: ils détournaient le regard du sien, en craignant quelques reproches.

      Il fut heureux d’apercevoir son compagnon qui descendait l’escalier du Temple.

      «Bois des Murmures.»

      Il s’approcha de lui, en laissant bien comprendre que l’aide d’autres n’était pas apprécié. Dalain était encore léger, tant qu’il ne lui coûtait aucun effort de l’aider à monter sur les étriers.

      Il prit en charge son cheval pie et monta en selle en adressant un dernier regard aux serviteurs. Il ne se donna pas la peine de prendre congé et dirigea son cheval vers le Grand Portail.

      «Tu es toujours antipathique.» Dalain le rejoignit, en fronçant le nez de la même manière que quand il était un enfant. Une expression qui exprimait au même temps reproche et amusement.

      «Je ne suis pas formé pour remporter de la bienveillance.» Il attendit qu’il arrive à son côté.

      Le Lecteur sourit. Il connaissait l'origine de la mauvaise humeur de son cousin: il n'était pas content de l'escorter au-delà des limites de la Capitale. Nephelim aurait préféré le tenir confiné dans une maison de verre.

      Il soutint son regard curieux. «Une sorcière. C'est ce que les commères des Comtés Centraux racontent.»

      «Est-ce que tu as déjà une opinion à ce propos?»

      «Les rapports des Ministres de la région confirment le suspect. Beaucoup de paysans disparaissent sans laisser aucune trace. D'autres montrent une attitude violente qui n'a rien à voir avec leur caractère.»

      Nephelim avait froncé ses sourcils, en attendant.

      «Une Maldana. Ce n'est pas la sorcière que les Henders sont en train de chercher.»

      Le Défenseur opina de la tête, en gardant le silence sur ses réflexions.

      Ils trouvèrent la sorcière dans une cabane de bois qui avait été autrefois la cabane de chasse du Seigneur du Comté, au milieu du Bois des Murmures. Ils lièrent les chevaux à un arbre peu loin: ils étaient devenus nerveux dès qu'ils avaient rejoint la partie la plus touffue de la forêt.

      Dalain avait décidé d'attendre le matin suivant, avant d'entrer dans la brume qui enveloppait le lieu.

      Nephelim observa avec attention les arbres fins et dépouillés. Arbres devenus bossus: le tronc croissait plié, en formant une vague qui se dressait toute droite du terrain vers le ciel laiteux. Il pouvait sentir la magie même s'il n'avait pas ce talent.

      Il les attendait, sans bouger, devant la palissade désormais en ruine. Une femme à l'aspect attrayant.

      Le Lecteur s'arrêta, en se soutenant par son bâton finement taillé: le cristal sur son dessus s'était coloré. Il ferma ses yeux, en laissant que l'essence à elle le remplît.

      L'aura sombre qui l'emporta devint trouble comme du goudron. Il aperçut douleur, plaisir, convoitise. Elle s'était donnée au Sans Nom en pleine conscience: elle était véhicule pour le Dieu dans la diffusion de haine et désespoir.

      Son aspect commençait à changer: elle aurait tôt révélé sa vraie nature.

      «Elle est à toi, Défenseur.»

      Nephelim sortit son épée sans hésitation, en laissant que la lame prenne vie de la même lumière du bâton. Le Lecteur avait prononcé sa sentence. A lui le devoir de la mettre à exécution.

      Les chevaux avaient réussi à se délivrer: ils avaient cédé à la peur.

      Nephelim attacha le ceinturon à la poitrine de Dalain, en travers, en positionnant l'épée sur son dos.

      Quand il se baissa avec l'intention évidente de le faire monter sur son dos le Lecteur éclata de rire. «Nous sommes trop vieux pour cela.»

      «Je peux marcher pendant des jours, je l'ai fait dans des situations plus mauvaises. Monte donc.»

      Dalain soupira, en sachant qu'il n'avait pas de choix. Il s'accrocha en permettant à Nephelim de le soulever. Après quelques milles il s'habitua au rythme donné par la foulée du Défenseur: régulière comment il s'en rappelait.

      «Est-ce que tu as décidé quel cadeau acheter pour ta femme? Il ne manque que peu de lunes à son anniversaire.»

      Nephelim se plia avec un geste impatient. «Non. Je sais que ce sera toi qui va s'en occuper.»

      «Tu

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