Arsène Lupin, gentleman cambrioleur. Морис Леблан

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Arsène Lupin, gentleman cambrioleur - Морис Леблан

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Arsène Lupin… Arsène Lupin, murmura-t-il, effondré.

      Soudain, il bondit sur les deux agents, comme si la colère enfin le secouait, et il les bouscula furieusement et les injuria, Ils ne se réveillèrent point !

      – Diable, fit-il, est-ce que par hasard ?…

      Il se pencha sur eux, et, tour à tour, les observa avec attention : ils dormaient, mais d’un sommeil qui n’était pas naturel.

      Il dit au baron :

      – On les a endormis.

      – Mais qui ?

      – Eh ! Lui, parbleu !… ou sa bande, mais dirigée par lui. C’est un coup de sa façon. La griffe y est bien.

      – En ce cas, je suis perdu, rien à faire.

      – Rien à faire.

      – Mais c’est abominable, c’est monstrueux.

      – Déposez une plainte.

      – À quoi bon ?

      – Dame ! Essayez toujours… la justice a des ressources…

      – La justice ! Mais vous voyez bien par vous-même… Tenez, en ce moment, où vous pourriez chercher un indice, découvrir quelque chose, vous ne bougez même pas.

      – Découvrir quelque chose, avec Arsène Lupin ! Mais, mon cher monsieur, Arsène Lupin ne laisse jamais rien derrière lui ! Il n’y a pas de hasard avec Arsène Lupin ! J’en suis à me demander si ce n’est pas volontairement qu’il s’est fait arrêter par moi, en Amérique !

      – Alors, je dois renoncer à mes tableaux, à tout ! Mais ce sont les perles de ma collection qu’il m’a dérobées. Je donnerais une fortune pour les retrouver. Si on ne peut rien contre lui, qu’il dise son prix !

      Ganimard le regarda fixement.

      – Ça, c’est une parole sensée. Vous ne la retirez pas ?

      – Non, non, non. Mais pourquoi ?

      – Une idée que j’ai.

      – Quelle idée ?

      – Nous en reparlerons si l’enquête n’aboutit pas… Seulement, pas un mot de moi, si vous voulez que je réussisse.

      Il ajouta entre ses dents :

      – Et puis, vrai, je n’ai pas de quoi me vanter.

      Les deux agents reprenaient peu à peu connaissance, avec cet air hébété de ceux qui sortent du sommeil hypnotique. Ils ouvraient des yeux étonnés, ils cherchaient à comprendre. Quand Ganimard les interrogea, ils ne se souvenaient de rien.

      – Cependant, vous avez dû voir quelqu’un ?

      – Non.

      – Rappelez-vous ?

      – Non, non.

      – Et vous n’avez pas bu ?

      Ils réfléchirent, et l’un d’eux répondit :

      – Si, moi j’ai bu un peu d’eau.

      – De l’eau de cette carafe ?

      – Oui.

      – Moi aussi, déclara le second.

      Ganimard la sentit, la goûta. Elle n’avait aucun goût spécial, aucune odeur.

      – Allons, fit-il, nous perdons notre temps. Ce n’est pas en cinq minutes que l’on résout les problèmes posés par Arsène Lupin. Mais, morbleu, je jure bien que je le repincerai. Il gagne la seconde manche. À moi la belle !

      Le jour même, une plainte en vol qualifié était déposée par le baron Cahorn contre Arsène Lupin, détenu à la Santé !

      Cette plainte, le baron la regretta souvent quand il vit le Malaquis livré aux gendarmes, au procureur, au juge d’instruction, aux journalistes, à tous les curieux qui s’insinuent partout où ils ne devraient pas être.

      L’affaire passionnait déjà l’opinion. Elle se produisait dans des conditions si particulières, le nom d’Arsène Lupin excitait à tel point les imaginations, que les histoires les plus fantaisistes remplissaient les colonnes des journaux et trouvaient créance auprès du public.

      Mais la lettre initiale d’Arsène Lupin, que publia l’Écho de France (et nul ne sut jamais qui en avait communiqué le texte), cette lettre où le baron Cahorn était effrontément prévenu de ce qui le menaçait, causa une émotion considérable. Aussitôt des explications fabuleuses furent proposées. On rappela l’existence des fameux souterrains. Et le Parquet, influencé, poussa ses recherches dans ce sens.

      On fouilla le château du haut en bas. On questionna chacune des pierres. On étudia les boiseries et les cheminées, les cadres des glaces et les poutres des plafonds. À la lueur des torches on examina les caves immenses où les seigneurs du Malaquis entassaient jadis leurs munitions et leurs provisions. On sonda les entrailles du rocher. Ce fut vainement. On ne découvrit pas le moindre vestige de souterrain. Il n’existait point de passage secret.

      Soit, répondait-on de tous côtés, mais des meubles et des tableaux ne s’évanouissent pas comme des fantômes. Cela s’en va par des portes et par des fenêtres, et les gens qui s’en emparent s’introduisent et s’en vont également par des portes et des fenêtres. Quels sont ces gens ? Comment se sont-ils introduits ? Et comment s’en sont-ils allés ?

      Le parquet de Rouen, convaincu de son impuissance, sollicita le secours d’agents parisiens. M. Dudouis, le chef de la Sûreté, envoya ses meilleurs limiers de la brigade de fer. Lui-même fit un séjour de quarante-huit heures au Malaquis. Il ne réussit pas davantage.

      C’est alors qu’il manda l’inspecteur Ganimard dont il avait eu si souvent l’occasion d’apprécier les services.

      Ganimard écouta silencieusement les instructions de son supérieur, puis, hochant la tête, il prononça :

      – Je crois que l’on fait fausse route en s’obstinant à fouiller le château. La solution est ailleurs.

      – Et où donc ?

      – Auprès d’Arsène Lupin.

      – Auprès d’Arsène Lupin ! Supposer cela, c’est admettre son intervention.

      – Je l’admets. Bien plus, je la considère comme certaine.

      – Voyons, Ganimard, c’est absurde. Arsène Lupin est en prison.

      – Arsène Lupin est en prison, soit. Il est surveillé, je vous l’accorde. Mais il aurait les fers aux pieds, les cordes aux poignets et un bâillon sur la bouche, que je ne changerais pas d’avis.

      – Et pourquoi cette obstination ?

      –

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