La Comédie de la mort. Theophile Gautier

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу La Comédie de la mort - Theophile Gautier страница 3

Автор:
Серия:
Издательство:
La Comédie de la mort - Theophile Gautier

Скачать книгу

soliveau;

      En haut, les minarets et les rosaces frêles,

       Où les petits oiseaux s'enchevêtrent les ailes,

       Les anges accoudés portant des écussons;

      L'acanthe et le lotus ouvrant sa fleur de pierre

       Comme un lis séraphique au jardin de lumière;

       En bas, l'arc surbaissé, les lourds piliers saxons;

      Les chevaliers couchés de leur long, les mains jointes,

       Le regard sur la voûte et les deux pieds en pointes;

       L'eau qui suinte et tombe avec de sourds frissons.

      Mon oeuvre est ainsi faite, et sa première assise

       N'est qu'une dalle étroite et d'une teinte grise

       Avec des mots sculptés que la mousse remplit.

      Dieu fasse qu'en passant sur cette pauvre pierre,

       Les pieds des pèlerins n'effacent pas entière

       Cette humble inscription et ce nom qu'on y lit.

      Pâles ombres des morts, j'ai pour vos promenades,

       Filé patiemment la pierre en colonnades;

       Dans mon Campo-Santo je vous ai fait un lit!

      Vous avez près de vous, pour compagnon fidèle,

       Un ange qui vous fait un rideau de son aile,

       Un oreiller de marbre et des robes de plomb.

      Dans le jaspe menteur de vos tombes royales,

       On voit s'entre-baiser les soeurs théologales

       Avec leur auréole et leur vêtement long.

      De beaux enfants tout nus, baissant leur torche éteinte, poussent autour de vous leur éternelle plainte; Un lévrier sculpté vous lèche le talon.

      L'arabesque fantasque, après les colonnettes,

       Enlace ses rameaux et suspend ses clochettes

       Comme après l'espalier fait une vigne en fleur.

      Aux reflets des vitraux la tombe réjouie,

       Sous cette floraison toujours épanouie,

       D'un air doux et charmant sourit à la douleur.

      La mort fait la coquette et prend un ton de reine,

       Et son front seulement sous ses cheveux d'ébène,

       Comme un charme de plus garde un peu de pâleur.

      Les émaux les plus vifs scintillent sur les armes,

       L'albâtre s'attendrit et fond en blanches larmes;

       Le bronze semble avoir perdu sa dureté.

      Dans leur lit les époux sont arrangés par couples,

       Leurs têtes font ployer les coussins doux et souples,

       Et leur beauté fleurit dans le marbre sculpté.

      Ce ne sont que festons, dentelles et couronnes,

       Trèfles et pendentifs et groupes de colonnes

       Où rit la fantaisie en toute liberté.

      Aussi bien qu'un tombeau, c'est un lit de parade,

       C'est un trône, un autel, un buffet, une estrade;

       C'est tout ce que l'on veut selon ce qu'on y voit.

      Mais pourtant si poussé de quelque vain caprice,

       Dans la nef, vers minuit, par la lune propice,

       Vous alliez soulever le couvercle du doigt,

      Toujours vous trouveriez, sous cette architecture,

       Au milieu de la fange et de la pourriture

       Dans le suaire usé le cadavre tout droit,

      Hideusement verdi, sans rayon de lumière,

       Sans flamme intérieure illuminant la bière

       Ainsi que l'on en voit dans les Christs aux tombeaux.

      Entre ses maigres bras, comme une tendre épouse,

       La mort les tient serrés sur sa couche jalouse

       Et ne lâcherait pas un seul de leurs lambeaux.

      A peine, au dernier jour, lèveront-t-ils la tête

       Quand les cieux trembleront au cri de la trompette

       Et qu'un vent inconnu soufflera les flambeaux.

      Après le jugement, l'ange en faisant sa ronde

       Retrouvera leurs os sur les débris du monde;

       Car aucun de ceux-là ne doit ressusciter.

      Le Christ lui-même irait comme il fit au Lazare

       Leur dire: Levez-vous! que le sépulcre avare

       Ne s'entr'ouvrirait pas pour les laisser monter.

      Mes vers sont les tombeaux tout brodés de sculptures,

       Ils cachent un cadavre, et sous leurs fioritures

       Ils pleurent bien souvent en paraissant chanter.

      Chacun est le cercueil d'une illusion morte;

       J'enterre là les corps que la houle m'apporte

       Quand un de mes vaisseaux a sombré dans la mer;

      Beaux rêves avortés, ambitions déçues,

       Souterraines ardeurs, passions sans issues,

       Tout ce que l'existence a d'intime et d'amer.

      L'océan tous les jours me dévore un navire,

       Un récif, près du bord, de sa pointe déchire

       Leurs flancs doublés de cuivre et leur quille de fer.

      Combien j'en ai lancé plein d'ivresse et de joie

       Si beaux et si coquets sous leurs flammes de soie.

       Que jamais dans le port mes yeux ne reverront!

      Quels passagers charmants, têtes fraîches et rondes,

       Désirs aux seins

Скачать книгу