Les zones critiques d'une anthropologie du contemporain. Группа авторов

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proposant une contribution qui se veut hétérodoxe, qui raconte l’histoire de notre relation intellectuelle. Le programme est ambitieux à réaliser dans un cadre aussi étroit. Mais c’est sans hésiter que j’ai pris un tel risque. Car il faut dire maintenant à Jean, de manière très explicite, ce dont nous lui sommes redevables.

      Le Sénégal de Jean Copans

      C’est dans un tel environnement intellectuel que s’inscrit le premier travail de recherche d’ampleur de Jean Copans, arrivé au Sénégal en 1967 avec sa femme Michelle et leur bébé âgé de quelques semaines seulement, soutenu par les ressources modestes offertes par l’Orstom à ses boursiers. Âgé alors de 24 ans, son ambition était de préparer sa thèse sur les paysanneries mourides. Il s’installe à Missirah. Dans les notes manuscrites qu’il m’a données, il explique ainsi le début de ses recherches :

      Ma première expérience initiatique (octobre-décembre 1965) se fait sous l’égide d’une société d’études dans la zone péri urbaine d’Abidjan. Il s’agit de faire de la recherche appliquée, mais de fait je mène mon terrain comme je l’entends et je rédige mon rapport sans contrôle et sans censure. Il s’agit de tracer le tableau d’une structure en mutation rapide (bien qu’ancienne d’une certaine façon). Comment cohabitent paysans autochtones et migrants d’origine nationale ou voltaïque dans une double ou triple conjoncture : attirance urbaine considérable, demande urbaine pour une agriculture vivrière et mise en place d’une économie agricole fondée sur des plantations « industrielles » : quels sont les conflits larvés entre tous ces acteurs dont le moindre n’est pas l’État ivoirien nouveau (à l’époque il a à peine 5 ans d’existence) truffé d’expatriés français ? Ce terrain va devenir pour les vingt ans à venir une des périodes de fixation de la recherche française en sciences sociales, mais je ne vais pas y contribuer puisque je vais aller au Sénégal examiner ce qui apparaît au prime abord des lectures comme une institution essentiellement religieuse et politique apparemment pas très ancienne, car datant de l’époque coloniale et de nature bien plus anthropologique que mon premier terrain péri-urbain abidjanais. La confrérie mouride va donc être mon premier terrain : celui d’un doctorat de troisième cycle (1969-1973).

      La confrérie mouride était alors dirigée par Serigne Falilou Mbacké, une figure charismatique exceptionnelle qui a joué un rôle important dans la consolidation du régime de Senghor. Jean le remercie d’ailleurs dans les premières pages des Marabouts de l’arachide pour avoir permis à son équipe de tenter de tout savoir sur la confrérie. Le sens légendaire de l’humour de Serigne Falilou ne lui avait pas échappé. Au moment où Jean commençait ses travaux en zone mouride, Donal Cruise O’Brien venait de terminer ses recherches qui allaient déboucher sur des œuvres magistrales ayant marqué les sciences sociales ou politiques au Sénégal (Cruise O’Brien, 1971, 1975 ; Cruise O’Brien & Coulon, 1988).

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