LUPIN: Les aventures complètes. Морис Леблан

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LUPIN: Les aventures complètes - Морис Леблан

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de ses chers bibelots. En retour de quoi, il retirera sa plainte. Donc, plus de vol. Donc, il faudra bien que le parquet abandonne…

      Ganimard considéra le détenu d’un air stupéfait.

      – Et comment sais-tu tout cela ?

      – Je viens de recevoir la dépêche que j’attendais.

      – Tu viens de recevoir une dépêche ?

      – À l’instant, cher ami. Par politesse, je n’ai pas voulu la lire en ta présence. Mais si tu m’y autorises…

      – Tu te moques de moi, Lupin.

      – Veuille, mon cher ami, décapiter doucement cet œuf à la coque. Tu constateras par toi-même que je ne me moque pas de toi.

      Machinalement, Ganimard obéit, et cassa l’œuf avec la lame d’un couteau. Un cri de surprise lui échappa. La coque vide contenait une feuille de papier bleu. Sur la prière d’Arsène, il la déplia. C’était un télégramme, ou plutôt une partie de télégramme auquel on avait arraché les indications de la poste. Il lut :

      « Accord conclu. Cent mille balles livrées. Tout va bien. »

      – Cent mille balles ? fit-il.

      – Oui, cent mille francs ! C’est peu, mais enfin les temps sont durs… Et j’ai des frais généraux si lourds ! Si tu connaissais mon budget… un budget de grande ville !

      Ganimard se leva. Sa mauvaise humeur s’était dissipée. Il réfléchit quelques secondes, embrassa d’un coup d’œil toute l’affaire, pour tâcher d’en découvrir le point faible. Puis il prononça d’un ton où il laissait franchement percer son admiration de connaisseur :

      – Par bonheur, il n’en existe pas des douzaines comme toi, sans quoi il n’y aurait plus qu’à fermer boutique.

      Arsène Lupin prit un petit air modeste et répondit :

      – Bah ! Il fallait bien se distraire, occuper ses loisirs… d’autant que le coup ne pouvait réussir que si j’étais en prison.

      – Comment ! s’exclama Ganimard, ton procès, ta défense, l’instruction, tout cela ne te suffit donc pas pour te distraire ?

      – Non, car j’ai résolu de ne pas assister à mon procès.

      – Oh ! Oh !

      Arsène Lupin répéta posément :

      – Je n’assisterai pas à mon procès.

      – En vérité !

      – Ah ça, mon cher, t’imagines-tu que je vais pourrir sur la paille humide ? Tu m’outrages. Arsène Lupin ne reste en prison que le temps qu’il lui plaît, et pas une minute de plus.

      – Il eût peut-être été plus prudent de commencer par ne pas y entrer, objecta l’inspecteur d’un ton ironique.

      – Ah ! Monsieur raille ? Monsieur se souvient qu’il a eu l’honneur de procéder à mon arrestation ? Sache, mon respectable ami, que personne, pas plus toi qu’un autre, n’eût pu mettre la main sur moi, si un intérêt beaucoup plus considérable ne m’avait sollicité à ce moment critique.

      – Tu m’étonnes.

      – Une femme me regardait, Ganimard, et je l’aimais. Comprends-tu tout ce qu’il y a dans ce fait d’être regardé par une femme que l’on aime ? Le reste m’importait peu, je te jure. Et c’est pourquoi je suis ici.

      – Depuis bien longtemps, permets-moi de le remarquer.

      – Je voulais oublier d’abord. Ne ris pas : l’aventure avait été charmante, et j’en ai gardé encore le souvenir attendri… Et puis, je suis quelque peu neurasthénique ! La vie est si fiévreuse, de nos jours ! Il faut savoir, à certains moments, faire ce que l’on appelle une cure d’isolement. Cet endroit est souverain pour les régimes de ce genre. On y pratique la cure de la Santé dans toute sa rigueur.

      – Arsène Lupin, observa Ganimard, tu te paies ma tête.

      – Ganimard, affirma Lupin, nous sommes aujourd’hui vendredi. Mercredi prochain, j’irai fumer mon cigare chez toi, rue Pergolèse, à quatre heures de l’après-midi.

      – Arsène Lupin, je t’attends.

      Ils se serrèrent la main comme deux bons amis qui s’estiment à leur juste valeur, et le vieux policier se dirigea vers la porte.

      – Ganimard !

      Celui-ci se retourna.

      – Qu’y a-t-il ?

      – Ganimard, tu oublies ta montre.

      – Ma montre ?

      – Oui, elle s’est égarée dans ma poche.

      Il la rendit en s’excusant.

      – Pardonne-moi… une mauvaise habitude… Mais ce n’est pas une raison parce qu’ils m’ont pris la mienne pour que je te prive de la tienne. D’autant que j’ai là un chronomètre dont je n’ai pas à me plaindre et qui satisfait pleinement à mes besoins.

      Il sortit du tiroir une large montre en or, épaisse et confortable, ornée d’une lourde chaîne.

      – Et celle-ci, de quelle poche vient-elle ? demanda Ganimard.

      Arsène Lupin examina négligemment les initiales.

      – J. B… Qui diable cela peut-il bien être ?… Ah ! Oui, je me souviens, Jules Bouvier, mon juge d’instruction, un homme charmant…

      3

       L’évasion d’Arsène Lupin

      Table des matières

      Au moment où Arsène Lupin, son repas achevé, tirait de sa poche un beau cigare bagué d’or et l’examinait avec complaisance, la porte de la cellule s’ouvrit. Il n’eut que le temps de le jeter dans le tiroir et de s’éloigner de la table. Le gardien entra, c’était l’heure de la promenade.

      – Je t’attendais, mon cher ami, s’écria Lupin, toujours de bonne humeur.

      Ils sortirent. Ils avaient à peine disparu à l’angle du couloir, que deux hommes à leur tour pénétrèrent dans la cellule et en commencèrent l’examen minutieux. L’un était l’inspecteur Dieuzy, l’autre l’inspecteur Folenfant.

      On voulait en finir. Il n’y avait point de doute : Arsène Lupin conservait des intelligences avec le dehors et communiquait avec ses affiliés. La veille encore, le Grand Journal publiait ces lignes adressées à son collaborateur judiciaire :

      « Monsieur,

      « Dans un article paru ces jours-ci,

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