Andromaque. Jean Racine

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Andromaque - Jean Racine

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mori, quae sortitus non pertulit ullos,

      Nec victoris heri tetigit captiva cubile !

      Nos, patria incensa, diversa per aequora vectae,

      Stirpis Achilleae fastus, juvenemque superbum,

      Servitio enixae, tulimus, qui deinde secutus

      Ledaeam Hermionem, Lacedaemoniosque hymenaeos…

      Ast illum, eraptae magno inflammatus amore

      Conjugis, et scelerum Furiis agitatus, Orestes

      Excipit incautum, patriasque obtruncat ad aras ».

      Voilà, en peu de vers, tout le sujet de cette tragédie, voilà le lieu de la scène, l’action qui s’y passe, les quatre principaux acteurs, et même leurs caractères, excepté celui d’Hermione dont la jalousie et les emportements sont assez marqués dans l’Andromaque d’Euripide.

      C’est presque la seule chose que j’emprunte ici de cet auteur. Car, quoique ma tragédie porte le même nom que la sienne, le sujet en est cependant très différent. Andromaque, dans Euripide, craint pour la vie de Molossus, qui est un fils qu’elle a eu de Pyrrhus et qu’Hermione veut faire mourir avec sa mère. Mais ici il ne s’agit point de Molossus : Andromaque ne connaît point d’autre mari qu’Hector, ni d’autre fils qu’Astyanax. J’ai cru en cela me conformer à l’idée que nous avons maintenant de cette princesse. La plupart de ceux qui ont entendu parler d’Andromaque ne la connaissaient guère que pour la veuve d’Hector et pour la mère d’Astyanax. On ne croit point qu’elle doive aimer ni un autre mari, ni un autre fils ; et je doute que les larmes d’Andromaque eussent fait sur l’esprit de mes spectateurs l’impression qu’elles y ont faite, si elles avaient coulé pour un autre fils que celui qu’elle avait d’Hector.

      Il est vrai que j’ai été obligé de faire vivre Astyanax un peu plus qu’il n’a vécu ; mais j’écris dans un pays où cette liberté ne pouvait pas être mal reçue. Car, sans parler de Ronsard, qui a choisi ce même Astyanax pour le héros de sa Franciade, qui ne sait que l’on fait descendre nos anciens rois de ce fils d’Hector, et que nos vieilles chroniques sauvent la vie à ce jeune prince, après la désolation de son pays, pour en faire le fondateur de notre monarchie ?

      Combien Euripide a-t-il été plus hardi dans sa tragédie d’Hélène ! il y choque ouvertement la créance commune de toute la Grèce : il suppose qu’Hélène n’a jamais mis le pied dans Troie, et qu’après l’embrasement de cette ville, Ménélas trouve sa femme en Égypte, d’où elle n’était point partie ; tout cela fondé sur une opinion qui n’était reçue que parmi les Égyptiens, comme on le peut voir dans Hérodote.

      Je ne crois pas que j’eusse besoin de cet exemple d’Euripide pour justifier le peu de liberté que j’ai prise. Car il y a bien de la différence entre détruire le principal fondement d’une fable et en altérer quelques incidents, qui changent presque de face dans toutes les mains qui les traitent. Ainsi Achille, selon la plupart des poètes, ne peut être blessé qu’au talon, quoique Homère le fasse blesser au bras, et ne le croie invulnérable en aucune partie de son corps. Ainsi Sophocle fait mourir Jocaste aussitôt après la reconnaissance d’Oedipe ; tout au contraire d’Euripide qui la fait vivre jusqu’au combat et à la mort de ses deux fils. Et c’est à propos de quelques contrariétés de cette nature qu’un ancien commentateur de Sophocle remarque fort bien « qu’il ne faut point s’amuser à chicaner les poètes pour quelques changements qu’ils ont pu faire dans la fable ; mais qu’il faut s’attacher à considérer l’excellent usage qu’ils ont fait de ces changements, et la manière ingénieuse dont ils ont su accommoder la fable à leur sujet ».

      Acteurs

      Andromaque, veuve d’Hector, captive de Pyrrhus.

      Pyrrhus, fils d’Achille, roi d’Épire.

      Oreste, fils d’Agamemnon.

      Hermione, fille d’Hélène, accordée avec Pyrrhus.

      Pylade, ami d’Oreste.

      Cléone, confidente d’Hermione.

      Céphise, confidente d’Andromaque.

      Phœnix, gouverneur d’Achille, et ensuite de Pyrrhus.

      Suite d’Oreste.

      La scène est à Buthrot, ville d’Épire, dans une salle du palais de Pyrrhus.

      Acte I

      Scène I

      Oreste, Pylade

      Oreste

      Oui, puisque je retrouve un ami si fidèle,

      Ma fortune va prendre une face nouvelle ;

      Et déjà son courroux semble s’être adouci

      Depuis qu’elle a pris soin de nous rejoindre ici.

      Qui l’eût dit, qu’un rivage à mes vœux si funeste

      Présenterait d’abord Pylade aux yeux d’Oreste ?

      Qu’après plus de six mois que je t’avais perdu,

      À la cour de Pyrrhus tu me serais rendu ?

      Pylade

      J’en rends grâces au ciel qui, m’arrêtant sans cesse,

      Semblait m’avoir fermé le chemin de la Grèce,

      Depuis le jour fatal que la fureur des eaux

      Presque aux yeux de l’Épire écarta nos vaisseaux.

      Combien, dans cet exil, ai-je souffert d’alarmes !

      Combien à vos malheurs ai-je donné de larmes,

      Craignant toujours pour vous quelque nouveau danger

      Que ma triste amitié ne pouvait partager !

      Surtout je redoutais cette mélancolie

      Où j’ai vu si longtemps votre âme ensevelie.

      Je craignais que le ciel, par un cruel secours,

      Ne vous offrît la mort que vous cherchiez toujours.

      Mais je vous vois, Seigneur ; et si j’ose le dire,

      Un destin plus heureux vous conduit en Épire :

      Le pompeux appareil qui suit ici vos pas

      N’est point d’un malheureux qui cherche le trépas.

      Oreste

      Hélas ! qui peut savoir le destin qui m’amène ?

      L’amour me fait ici chercher une inhumaine.

      Mais qui sait ce qu’il doit ordonner de mon sort,

      Et si je viens chercher ou la vie ou la mort ?

      Pylade

      Quoi ? votre âme à l’amour en esclave asservie

      Se repose sur lui du soin de votre vie ?

      Par quel charme, oubliant

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