Coeur de panthère. Gustave Aimard

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Coeur de panthère - Gustave Aimard страница 5

Coeur de panthère - Gustave  Aimard

Скачать книгу

il y a une dizaine de jours; mais vous étiez si loin, qu’aujourd’hui je n’aurais pu vous reconnaître. Où sont vos hommes?

      – Ils sont tous morts.

      – Que me dites-vous là?

      – Oui; nous avons été surpris par une troupe de Sauvages dans la Passe du Sud; moi seul ai pu m’échapper pour aller porter cette triste nouvelle au Fort. Une triste nouvelle, sir; en vérité, une triste nouvelle!

      Et le jeune officier poussa un soupir en songeant à ses malheureux compagnons d’armes.

      – A quelle tribu appartenaient les assaillants?

      – Je ne sais pas; il me semble que c’étaient des Pawnies. Wontum, un de leurs chefs, a juré de me tuer, et d’enlever ma femme avec mon enfant; pourtant je ne l’ai pas aperçu parmi les Indiens; mais je suis convaincu qu’ils agissaient d’après ses ordres.

      – Non, il a traversé la Vallée derrière Laramie, il y a trois jours.

      – Est-il possible…? Et,… était-il seul? demanda Marshall avec animation.

      – Non: ses guerriers étaient avec lui,– tous peints en guerre, prêts pour le sang.

      – Ils étaient nombreux?

      – Au moins trois cents.

      – Et peints en guerre…? murmura Marshall. Êtes-vous certain que Wontum les conduisit en personne?

      – Je ne pourrais en répondre positivement, car ils étaient à grande distance. Mais, soit parce qu’ils étaient peints en guerre, soit pour plusieurs autres raisons, je suis convaincu que c’était la bande de Wontum.

      Henry Marshall poussa un profond soupir et devint très-pâle; au bout d’un instant le sang monta à son visage, il pressa son front entre ses deux mains. Le vieillard qui l’observait lui dit:

      – Pensez-vous que, réellement, ils aient l’intention d’attaquer le Fort?

      – Oui, et je tremble pour les suites; car la garnison est si faible!

      – Oh! elle se défendra bien un peu, dans tous les cas; si je ne me trompe, vous craignez bien davantage pour les Settlers que pour les soldats?

      – Je ne pourrais dire si j’ai plus de sollicitude pour les uns que pour les autres, mais, à ce moment, j’ai un poids énorme sur la poitrine; mon absence est peut être un acte de lâcheté qui livre ma femme et mon enfant aux chances des plus terribles dangers.

      – Ne sont-ils pas en sûreté dans le Fort?

      – Oui; du moins, je le suppose. Je n’ai aucune raison pour les croire en danger, et pourtant je suis oppressé par un pressentiment sombre: s’il leur arrivait malheur, je n’y survivrais pas.

      – Gardez-les bien, jeune homme, ces trésors… une fois perdus on ne les retrouve plus! répondit le vieillard d’un ton pénétré, pendant qu’une larme tremblait au bord de sa paupière.

      – Certainement, je voudrais les sauvegarder; c’est le but unique de mon existence; mais il faut que je sois partout à la fois. Si je me suis arrêté ici jusqu’à présent, c’était pour procurer à mon pauvre cheval quelques moments de repos: je ne l’ignore pas, les moments sont précieux.

      – Il y a de grands dangers à courir d’ici au Fort. La vallée est pleine de coquins altérés de sang.

      – Il faut que je marche, quand même: les sentiers fussent-ils hérissés de serpents à sonnettes, il faut que je leur passe sur le corps.

      – C’est noblement parler, mon jeune ami, je vous félicite de votre courage: mais vous ne partirez pas seul; c’est impossible.

      – Qui voudrait venir avec moi? qui voudrait partager de tels périls?

      – Moi.

      – Eh quoi! vous laisseriez pour moi, votre solitude si paisible, si sûre?

      – Je ne suis pas aussi solitaire que vous le croyez; je consacre une bonne portion de mon temps à secourir les malheureux voyageurs.– Encore une fois, vous ne pouvez pas traverser la vallée; je serai votre guide dans la montagne, la seule voie qui reste praticable.

      – Et je vous tiendrai compagnie, aussi sûr que mon nom est Jack Oakley; dit d’une voix hardie un nouvel arrivant.

      Le vieil ermite lui tendit la main en signe de bienvenue, et lui demanda:

      – Nous apportez-vous quelque nouvelle d’importance?

      – Oui, quelque chose d’important pour moi surtout.

      – Qu’est-ce que c’est?

      – Oh! toujours la bonne chance à l’envers. J’ai amené ici Molly, le baby et la vieille femme. Çà me ferait bien plaisir de pouvoir les laisser ici.

      – Il faut que les choses aillent bien mal pour que vous soyez obligé de chercher ici un refuge pour votre famille. En tout cas, elle est la bienvenue comme toujours.

      – Merci! je savais bien que nous trouverions bon accueil. Les pauvres enfants seront en sûreté ici; au moins les Legyos n’oseront pas venir les relancer ici, jusque dans la maison du Vieux Nick.

      Sur un signal d’Oakley deux femmes et un bébé firent leur apparition dans la cabane et furent paternellement reçus par le vieillard.

      – Enfin; quelles nouvelles? demanda de nouveau ce dernier.

      – Rien; répondit Oakley, si ce n’est qu’environ deux cents canailles rouges ont descendu la Platte et rôdent par là bas dans tous les environs. Je pense donc que notre meilleure route sera de filer dans les montagnes en suivant le cours du Laramie; ce sera le plus sûr, et si nous faisons quelque rencontre sur les collines, ce ne seront que des coquins isolés.

      Les préparatifs furent bientôt faits; la petite caravane se mit en route dans la direction du Fort.

      CHAPITRE III. L’EMBUSCADE DU TIGRE ROUGE

      Les Sauvages avaient reçu un châtiment sévère sous les murs du Fort. Mais peu à peu l’impression s’en était effacée, et trois années s’étaient à peine écoulées depuis le mariage de Marshall avec Manonie que les Pawnies avaient recommencé leurs déprédations.

      Le plus souvent, leurs méchancetés étaient l’œuvre indirecte de Wontum, qui, à sa haine invétérée contre les Blancs joignait une exécration toute particulière contre l’homme qui lui avait ravi les bonnes grâces de Cœur-de-Panthère.

      Dans le but de se venger, il avait concentré toute son intelligence à méditer des plans diaboliques et on pouvait dire à coup sûr qu’il ne faisait pas un mouvement, ne se livrait pas à une pensée qui n’eût pour but quelque atrocité contre son ennemi.

      L’Indien, revenu à son caractère natif, est ainsi: fidèle à l’amitié, plus fidèle encore à la haine; persévérant jusqu’à la mort dans ses farouches projets de vengeance; indomptable, impitoyable; plus sanguinaire que le Loup, plus féroce que le Tigre; se faisant une gloire, un triomphe suprême d’arriver à ses fins, dût-il payer

Скачать книгу