affaires, les artisans sans ouvrage et dans la misère, et tout le monde dans l’embarras. Non-seulement les gazettes en ont fait mention, mais j’en ai reçu quelques détails dans une lettre de M. Trembley, qui quoiqu’antérieure aux derniers avis reçus par plusieurs Suisses ici, et écrite dans un tems où les calamités publiques n’étaient pas au point où elles sont à présent, m’apprenait que les difficultés et les dangers étaient tels qu’il avait déposé le peu d’argent qu’il avait à moi dans la caisse de l’hôpital. Tous les étrangers établis ici s’accordent à dire que les ressources pour se tirer d’affaires en Europe sont presqu’anéanties, au moins pour ceux qui n’en ont d’autre que leur industrie, et ces faits sont confirmés par nombre d’émigrants de toutes les nations et de tous les états. Dans ces circonstances la petite rente que j’ai en France étant très-précaire tant à cause de la tournure incertaine que prendront les affaires que parcequ’elle est sur d’autres têtes et sur des têtes plus âgées que la mienne, il est bien clair que je n’aurais d’autres ressources que celles que je pourrais tirer des dons de ma famille, vu que leurs efforts seraient probablement inutiles quant à me procurer quelqu’occupation à laquelle je fusse propre. Cette circonstance de recevoir serait non-seulement désagréable, mais l’espérance en serait fort incertaine; mon oncle Rolas, le cadet, le seul qui n’ait pas d’enfans, passe pour être généreux, mais il dépense beaucoup, plus, je crois, que ses revenus; sa fortune qui est en partie en France et en Hollande recevra probablement quelqu’échec dans ce moment de crise, et la seule occupation que je pourrais suivre en Europe serait celle de courtiser un héritage que je ne serais ni fâché ni honteux de recevoir s’il ne me coûtait aucunes bassesses, pour lequel je me serais cru peut-être obligé de faire quelques démarches si une épouse chérie avait vécu, mais qui dans mes circonstances actuelles ne saurait m’engager seul à retourner à Genève pour y vivre dans une totale indépendance. Ce que je dois à ma digne mère est la seule raison qui en pourrait contrebalancer d’aussi fortes; et si je puis entrevoir seulement la possibilité de vivre dans ma patrie pauvrement mais sans être à charge à personne, cette raison seule me décidera, mais jusqu’alors je ne vois que trop la nécessité de rester ici. Ce n’est pas que je me fasse illusion et que je crois pouvoir faire beaucoup mieux en Amérique, mais si j’y puis seulement vivre indépendant, c’est toujours plus que je ne peux espérer en Europe, du moins à présent, et je crois qu’un an d’application à l’étude des lois me suffira non pas pour faire une fortune ou une figure brillante, mais pour m’assurer du pain quelques puissent être les évènemens. Je t’ai parlé bien longuement de moi seul, et la seule apologie que je te donnerai c’est de ne l’avoir pas fait plus tôt. Ne crois pas cependant que dans mes incertitudes et les différentes idées qui m’ont agité, je n’aie pas pensé à toi. Je te déclarerai d’abord franchement que je n’aurais pas balancé entre Mlle. Pictet et toi, et que si je voyais possibilité d’aller la joindre, elle l’emporterait sûrement; l’idée de devoir et de reconnaissance est si intimement liée chez moi avec l’affection que j’ai pour cette respectable personne que quelques regrets que j’eusse de te quitter, j’éprouverais même du plaisir en le faisant dans l’intention de contribuer à son bonheur; mais ce seul objet excepté, il n’y a rien que je ne te sacrifiasse; je ne te sacrifierais même rien en te préférant au reste de mes amis et parens à Genève, et si le temps pouvait effacer le souvenir de mes chagrins, j’aimerais mieux vivre près de toi en Amérique que sans toi dans ma patrie, et même dans ce moment je sens combien de consolations je recevrais du seul ami qui ait connu mon aimable Sophie; en un mot je n’ai pas besoin de te dire que si je reste ici, mon sort doit être intimement lié avec le tien. Mais à l’égard de la manière, du lieu futur de notre séjour, je ne puis encore former d’opinion vu l’arrivée de ton frère… Quelque parti que nous puissions prendre pour l’avenir, je désire aussi fortement que toi que nous soyons indépendants l’un et l’autre, quant à notre manière de vivre. Si tu crois que nous ne quittions pas Fayette, ne néglige pas l’ouvrage que tu avais commencé pour vivre chez toi en préparant une cabane joignant le champ de Robert. Si tu supposes qu’il soit probable que nous changions de demeure, attends jusques à l’arrivée de ton frère pour faire une dépense qui n’augmenterait pas la valeur de la terre… Voilà, je crois, tout ce que j’ai à te dire pour le présent; si je ne peux pas vendre cette semaine une traite, je serai dans 15 à 20 jours avec toi…
Every letter received by Gallatin from Geneva between 1780 and 1790 had, in one form or another, urged his return or expressed discontent at his situation. But the storm of the French revolution had at last fairly begun, and Geneva felt it severely and early. Not till the 7th of April, 1790, did Gallatin overcome his repugnance to writing in regard to his wife’s death to Mlle. Pictet, and he then expressed to her his wish to return for her sake. At this critical moment of his life the feelings of his family had begun to change. They no longer looked upon him as a subject of pity. “L’état précaire de la France” is mentioned by Mlle. Pictet in June and July, 1790, as a subject of anxiety; “nous ignorons encore quel il sera, notre gouvernement;” “quant aux conseils que tu me demandes par rapport à ton retour, et aux ressources que tu pourrais trouver dans notre pays, je suis bien embarrassée à te répondre.” It was too late. Indeed, it may be doubted whether this idea of returning to Geneva for the sake of Mlle. Pictet was really more than the momentary sickness at heart consequent on a great shock, which in any case could not have lasted long. Gallatin’s career already lay open before him. His misfortunes only precipated the result.
BOOK II.
THE LEGISLATURE. 1789-1801
THE Federal Constitution of 1787, accepted only a few years later by all parties and by the whole people as the last word of political wisdom, was at its birth greatly admired by no one. The public mind was divided between two classes of axioms and theories, each embodying sound reasoning and honest conviction, but resting at bottom upon divergent habits of life and forms of industry. Among the commercial and professional citizens of the sea-board towns a strong government was thought necessary to protect their trade and their peace; but there was a wide latitude of opinion in regard to the degree of strength required for their purpose, and while a few of the ablest and most determined leaders would have frankly accepted the whole theory of the English constitution and as much of its machinery as possible, the mass even of their own followers instinctively preferred a federative and democratic system. Among the agricultural and scattered population of the country, where the necessity of police and authority was little felt, and where a strong government was an object of terror and hatred, the more ignorant and the more violent class might perhaps honestly deny the necessity for any national government at all; with the great majority, however, it was somewhat unwillingly conceded that national government was a necessary evil, and that some concessions of power must be made to it; their object was to reduce these concessions to the lowest possible point. No one can doubt where Mr. Gallatin’s sympathies would lie as between the two great social and political theories. The reaction against strong governments and their corruptions had a great part in that general feeling of restlessness and revolt which drew him from the centre of civilization to its outskirts. There could be no question of the “awful squinting towards monarchy” in portions of the proposed constitution, more especially in the office of President, and no one pretended that the instrument as it stood contained sufficient safeguards against abuse of public or of private liberties. It could expect little real sympathy among the western counties of Pennsylvania.
Nevertheless, in the convention, which was immediately called to ratify the Constitution on the part of the State, there was a majority in its favor of nearly two to one; a majority so large and so earnest that extremely little respect was paid to the minority and its modest proposals of amendments, the vote of ratification being at last carried against a helpless opposition by a species of force. Of this convention Mr. Gallatin was not a member; but when the action of other States, and notably of Massachusetts, Virginia, and New York, in recommending amendments at the moment of ratification, gave to the opposition new hopes of yet carrying some of their points, the party made a last effort in Pennsylvania, which resulted in calling a conference at Harrisburg on the 3d September, 1788. There thirty-three gentlemen assembled, of whom Mr. Gallatin was