Le grillon du foyer. Dickens Charles

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Le grillon du foyer - Dickens Charles страница 5

Le grillon du foyer - Dickens Charles

Скачать книгу

vous moquez, ce n'est pas la peine; je me fâcherai, si vous me le demandez encore.

      – Je reconnais bien là votre bon coeur. Voyons, je crois que c'est tout.

      – Je ne crois pas, dit le voiturier. Cherchons encore.

      – Quelque chose pour notre marchand, sans doute, dit Caleb. C'est pour cela que je suis venu, mais ma tête est si occupée d'arches et d'autres choses! N'est-il pas venu?

      – Non, répondit le voiturier. Il est trop occupé, il va se marier.

      – Cependant il viendra, dit Caleb; car il m'a dit de suivre la route qui mène chez moi; il y aurait dix contre un à parier qu'il me rencontrerait. Je ferais donc bien de m'en aller. Auriez vous la bonté, madame, de me laisser pincer la queue de Boxer un instant?

      – Pourquoi donc, Caleb? belle demande!

      – N'y faites pas attention, dit le petit homme; Il est possible que cela ne lui plaise pas; mais j'ai reçu une petite commande de chiens jappant, et je voudrais essayer d'imiter la nature de mon mieux pour six pence. Voilà tout.

      Heureusement, Boxer se mit à aboyer sans attendre le stimulant. Mais il annonçait l'approche d'un nouveau visiteur, Caleb renvoya son expérience à un meilleur moment, mit la boîte ronde sur son épaule et se hâta de prendre congé. Il aurait pu s'en épargner la peine, car il rencontra le visiteur sur le pas de la porte.

      – Oh! Vous êtes ici, vous? Attendez un moment je vous emmènerai chez moi. John Peerybingle, je vous présente mes devoirs. Je les présente à votre charmante femme. Elle embellit de jour en jour, et elle rajeunit, ce qui n'est pas le plus beau de l'histoire.

      – Je serais surprise de votre compliment, M. Tackleton, dit Dot avec assez peu de bonne grâce, si je ne savais pas quelle en est la cause.

      – Vous la savez donc?

      – Je le crois, du moins, dit Dot.

      – Ce n'a pas été sans peine, je suppose.

      – C'est vrai.

      Tackleton, le marchand de joujoux, connu sous le nom de Gruff et Tackleton, son ancienne maison de commerce quand il avait pour associé Gruff, Gruff le rébarbatif, Tackleton, était un homme dont la vocation avait été tout à fait incomprise de ses parents et de ses tuteurs. S'ils en avaient fait un prêteur d'argent, un procureur, un recors, il aurait jeté dans sa jeunesse sa gourme de mauvais sentiments, et après avoir fait beaucoup d'affaires louches, il aurait pu devenir aimable, ne fût-ce que par amour de la nouveauté et du changement. Mais rivé à la profession de fabricant de joujoux, il était devenu un ogre domestique, qui avait passé toute sa vie à s'occuper des enfants, et était leur implacable ennemi. Il méprisait tous les joujoux; il n'en aurait pas acheté pour tout au monde. Dans sa malice, il se plaisait à donner l'expression la plus grimaçante aux fermiers qui conduisaient les cochons au marché, au crieur public qui recherchait les consciences de procureurs perdues, aux vieilles femmes qui raccommodaient des bas ou qui découpaient un pâté, et autres personnages qui composaient son fond de boutique; son esprit jouissait, quand il faisait des vampires, des diables à ressorts enfoncés dans une boîte, destinés à faire peur aux enfants. C'était son seul plaisir, et il se montrait grand dans ces inventions. C'était un délice pour lui que d'inventer un croquemitaine ou un sorcier. Il avait mangé de l'argent pour faire fabriquer des verres de lanterne magique où le démon était représenté sous la forme d'un homard à figure humaine. Il en avait aussi perdu à faire faire des géants hideux. Il n'était pas peintre, mais avec un morceau de craie il indiquait à ses artistes par un simple trait, le moyen d'enlaidir la physionomie de ces monstres, qui étaient capables de troubler l'imagination des enfants de dix à douze ans pendant toutes leurs vacances.

      Ce qu'il était pour les joujoux, il l'était, comme la plupart des hommes, pour toutes les autres choses. Vous pouvez donc supposer aisément que la grande capote verte qui descendait jusqu'au mollet, et qui était boutonnée jusqu'au menton, enveloppait un compagnon fort peu agréable.

      Et pourtant, Tackleton le marchand de joujoux allait se marier; oui il allait se marier en dépit de tout cela, et il allait épouser une femme jeune et jolie.

      Il n'avait pas du tout la mine d'un fiancé, dans la cuisine du voiturier, avec sa figure sèche, sa taille ficelée dans sa redingote, son chapeau rabattu sur le nez, ses mains fourrées au fond de ses poches, son oeil ricaneur où semblait s'être concentrée toute la noirceur de nombre de corbeaux. Pourtant il allait se marier.

      – Dans trois jours, jeudi prochain, le dernier jour du premier mois de l'année, ce sera mon jour de noce, dit Tackleton.

      Ai-je dit qu'il avait toujours un oeil grand ouvert, et l'autre presque fermé, et que l'oeil presque fermé était le plus expressif? Je ne crois pas l'avoir dit.

      – C'est mon jour de noce, dit Tackleton en faisant sonner son argent.

      – C'est aussi le nôtre, s'écria le voiturier.

      – Ha! ha! vraiment, dit Tackleton en riant. Vous faites précisément un couple pareil à nous.

      L'indignation de Dot à cette assertion présomptueuse ne peut se décrire. Cet homme était fou.

      – Écoutez, dit Tackleton en poussant le voiturier du coude et le tirant un peu à l'écart, vous serez de la noce; nous sommes embarqués dans le même bateau.

      – Comment, dans le même bateau! dit le voiturier.

      – À peu de chose près, vous savez, dit Tackleton. Venez passer une soirée avec nous auparavant.

      – Pourquoi? dit le voiturier étonné d'une hospitalité si pressante.

      – Pourquoi? reprit l'autre, voilà une nouvelle manière de recevoir une invitation! Pourquoi? pour se récréer, pour être en société, vous savez, pour s'amuser.

      – Je croyais que vous n'étiez pas toujours sociable, dit le voiturier avec sa franchise.

      – Allons, dit Tackleton, je vois qu'il ne sert de rien d'être franc avec vous; c'est parce que votre femme et vous avez l'air d'être parfaitement bien ensemble. Vous comprenez…

      – Non, je ne comprends pas, interrompit John, que voulez-vous dire?

      – Eh bien! dit Tackleton, comme vous avez l'air de faire très bon ménage, votre société fera un très bon effet sur mistress Tackleton. Et quoique je ne crois pas que votre femme me voie de très bon oeil, elle ne peut s'empêcher d'entrer dans mes vues, car rien que son apparition avec vous fera l'effet que je désire. Dites-moi donc que vous viendrez.

      – Nous nous sommes arrangés pour célébrer l'anniversaire de notre jour de noce chez nous, nous nous le sommes promis. Vous savez que le chez soi

      – Qu'est-ce que c'est que le chez soi? s'écria Tackleton, quatre murs et un plafond. – Vous avez un grillon? Pourquoi ne les tuez- vous pas? je les tue, moi; je déteste ce cri. – il y a quatre murs et un plafond chez moi; venez-y.

      – Vous tuez les grillons? dit John.

      – Je les écrase, répondit l'autre en frappant le sol du talon. Vous viendrez, n'est-ce pas? C'est autant votre intérêt que le mien que les femmes se persuadent l'une à l'autre qu'elles sont contentes et qu'elles ne peuvent pas être mieux. Je les connais. Tout ce qu'une femme dit, une autre femme est aussitôt

Скачать книгу