Émaux et Camées. Gautier Théophile

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Émaux et Camées - Gautier Théophile

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en composant des solfèges,

      Qu'aux merles il siffle à mi-voix,

      Il sème aux prés les perce-neiges

      Et les violettes aux bois.

      Sur le cresson, de la fontaine

      Où le cerf boit, l'oreille au guet,

      De sa main cachée il égrène

      Les grelots d'argent du muguet.

      Sous l'herbe, pour que tu la cueilles,

      Il met la fraise au teint vermeil,

      Et te tresse un chapeau de feuilles

      Pour te garantir du soleil.

      Puis, lorsque sa besogne est faite,

      Et que son règne va finir,

      Au seuil d'avril tournant la tête,

      Il dit: «Printemps, tu peux venir!»

      CONTRALTO

      On voit dans le musée antique,

      Sur un lit de marbre sculpté,

      Une statue énigmatique

      D'une inquiétante beauté.

      Est-ce un jeune homme? est-ce une femme,

      Une déesse, ou bien un dieu?

      L'amour, ayant peur d'être infâme,

      Hésite et suspend son aveu.

      Dans sa pose malicieuse,

      Elle s'étend, le dos tourné

      Devant la foule curieuse,

      Sur son coussin capitonné.

      Pour faire sa beauté maudite,

      Chaque sexe apporta son don.

      Tout homme dit: C'est Aphrodite!

      Toute femme: C'est Cupidon!

      Sexe douteux, grâce certaine,

      On dirait ce corps indécis

      Fondu, dans l'eau de la fontaine,

      Sous les baisers de Salmacis.

      Chimère ardente, effort suprême

      De l'art et de la volupté,

      Monstre charmant, comme je t'aime

      Avec ta multiple beauté!

      Bien qu'on défende ton approche,

      Sous la draperie aux plis droits

      Dont le bout à ton pied s'accroche,

      Mes yeux ont plongé bien des fois.

      Rêve de poète et d'artiste,

      Tu m'as bien des nuits occupé,

      Et mon caprice qui persiste

      Ne convient pas qu'il s'est trompé.

      Mais seulement il se transpose,

      Et, passant de la forme au son,

      Trouve dans sa métamorphose

      La jeune fille et le garçon.

      Que tu me plais, ô timbre étrange!

      Son double, homme et femme à la fois,

      Contralto, bizarre mélange,

      Hermaphrodite de la voix!

      C'est Roméo, c'est Juliette,

      Chantant avec un seul gosier;

      Le pigeon rauque et la fauvette

      Perchés sur le même rosier;

      C'est la châtelaine qui raille

      Son beau page parlant d'amour,

      L'amant au pied de la muraille,

      La dame au balcon de sa tour,

      Le papillon, blanche étincelle,

      Qu'en ses détours et ses ébats

      Poursuit un papillon fidèle,

      L'un volant haut et l'autre bas,

      L'ange qui descend et qui monte

      Sur l'escalier d'or voltigeant

      La cloche mêlant dans sa fonte

      La voix d'airain, la voix d'argent,

      La mélodie et l'harmonie,

      Le chant et l'accompagnement,

      A la grâce la force unie,

      La maîtresse embrassant l'amant!

      Sur le pli de sa jupe assise,

      Ce soir, ce sera Cendrillon

      Causant près du feu qu'elle attise

      Avec son ami le grillon;

      Demain le valeureux Arsace

      A son courroux donnant l'essor,

      Ou Tancrède avec sa cuirasse,

      Son épée et son casque d'or;

      Desdemona chantant le Saule,

      Zerline bernant Mazetto,

      Ou Malcolm le plaid sur l'épaule;

      C'est toi que j'aime, ô contralto!

      Nature charmante et bizarre

      Que Dieu d'un double attrait para,

      Toi qui pourrais, comme Gulnare,

      Être le Kaled d'un Lara,

      Et dont la voix, dans sa caresse,

      Réveillant le cœur endormi,

      Mêle aux soupirs de la maîtresse

      L'accent plus mâle de l'ami!

      CÆRULEI OCULI

      Une femme mystérieuse,

      Dont la beauté trouble mes sens

      Se tient debout, silencieuse,

      Au bord des flots retentissants.

      Ses yeux, où le ciel se reflète,

      Mêlent à leur azur amer,

      Qu'étoile une humide paillette,

      Les teintes glauques de la mer.

      Dans les langueurs de leurs prunelles,

      Une grâce triste sourit;

      Les pleurs mouillent les étincelles

      Et la lumière s'attendrit;

      Et leurs cils comme des mouettes

      Qui rasent le flot aplani,

      Palpitent, ailes inquiètes,

      Sur leur azur indéfini.

      Comme dans l'eau bleue et profonde,

      Où dort plus d'un trésor coulé,

      On y découvre à travers l'onde

      La coupe du roi de Thulé.

      Sous leur transparence verdâtre,

      Brille, parmi le goémon,

      L'autre perle de Cléopâtre

      Près de l'anneau de Salomon.

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