Robinson Crusoe. II. Defoe Daniel

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Robinson Crusoe. II - Defoe Daniel

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histoire; seulement ses pensées se succédaient tumultueusement, son esprit n'était plein que d'hommes combattant et se tuant les uns les autres; cependant il était tout-à-fait éveillé et ne pouvait avoir un moment de sommeil. Il resta long-temps couché dans cet état; mais, se sentant de plus en plus agité, il résolut de se lever. Comme ils étaient en grand nombre, ils ne couchaient pas dans des hamacs comme moi, qui étais seul, mais sur des peaux de chèvres étendues sur des espèces de lits et de paillasses qu'ils s'étaient faits; en sorte que quand ils voulaient se lever ils n'avaient qu'à se mettre sur leurs jambes, à passer un habit et à chausser leurs souliers, et ils étaient prêts à aller où bon leur semblait.

      S'étant donc ainsi levé, il jeta un coup d'œil dehors; mais il faisait nuit et il ne put rien ou presque rien voir; d'ailleurs les arbres que j'avais plantés, comme je l'ai dit dans mon premier récit, ayant poussé à une grande hauteur, interceptaient sa vue; en sorte que tout ce qu'il pût voir en levant les yeux, fut un ciel clair et étoilé. N'entendant aucun bruit, il revint sur ses pas et se recoucha; mais ce fut inutilement: il ne put dormir ni goûter un instant de repos; ses pensées continuaient à être agitées et inquiètes sans qu'il sût pourquoi.

      Ayant fait quelque bruit en se levant et en allant et venant, l'un de ses compagnons s'éveilla et demanda quel était celui qui se levait. Le gouverneur lui dit ce qu'il éprouvait. – «Vraiment! dit l'autre espagnol, ces choses là méritent qu'on s'y arrête, je vous assure: il se prépare en ce moment quelque chose contre nous, j'en ai la certitude»; – et sur-le champ il lui demanda où étaient les Anglais. – «Ils sont dans leurs huttes, dit-il, tout est en sûreté de ce côté-là.» – Il paraît que les Espagnols avaient pris possession du logement principal, et avaient préparé un endroit où les trois Anglais, depuis leur dernière mutinerie, étaient toujours relégués sans qu'ils pussent communiquer avec les autres. – «Oui, dit l'Espagnol, il doit y avoir quelque chose là-dessous, ma propre expérience me l'assure. Je suis convaincu que nos âmes, dans leur enveloppe charnelle, communiquent avec les esprits incorporels, habitants du monde invisible et en reçoivent des clartés. Cet avertissement, ami, nous est sans doute donné pour notre bien si nous savons le mettre à profit. Venez, dit-il, sortons et voyons ce qui se passe; et si nous ne trouvons rien qui justifie notre inquiétude, je vous conterai à ce sujet une histoire qui vous convaincra de la vérité de ce que je vous dis.»

      En un mot, ils sortirent pour se rendre au sommet de la colline où j'avais coutume d'aller; mais, étant en force et en bonne compagnie, ils n'employèrent pas la précaution que je prenais, moi qui étais tout seul, de monter au moyen de l'échelle, que je tirais après moi, et replaçais une seconde fois pour gagner le sommet; mais ils traversèrent le bocage sans précaution et librement, lorsque tout-à-coup ils furent surpris de voir à très-peu de distance la lumière d'un feu et d'entendre, non pas une voix ou deux, mais les voix d'un grand nombre d'hommes.

      Toutes les fois que j'avais découvert des débarquements de Sauvages dans l'île, j'avais constamment fait en sorte qu'on ne pût avoir le moindre indice que le lieu était habité; lorsque les événements le leur apprirent, ce fut d'une manière si efficace, que c'est tout au plus si ceux qui se sauvèrent purent dire ce qu'ils avaient vu, car nous disparûmes aussitôt que possible, et aucun de ceux qui m'avaient vu ne s'échappa pour le dire à d'autres, excepté les trois Sauvages qui, lors de notre dernière rencontre, sautèrent dans la pirogue, et qui, comme je l'ai dit, m'avaient fait craindre qu'ils ne retournassent auprès de leurs compatriotes et n'amenassent du renfort.

      Était-ce ce qu'avaient pu dire ces trois hommes qui en amenait maintenant un aussi grand nombre, ou bien était-ce le hasard seul ou l'un de leurs festins sanglants, c'est ce que les Espagnols ne purent comprendre, à ce qu'il paraît; mais, quoi qu'il en fût, il aurait mieux valu pour eux qu'ils se fussent tenus cachés et qu'ils n'eussent pas vu les Sauvages, que de laisser connaître à ceux-ci que l'île était habitée. Dans ce dernier cas, il fallait tomber sur eux avec vigueur, de manière à n'en pas laisser échapper un seul; ce qui ne pouvait se faire qu'en se plaçant entre eux et leurs canots: mais la présence d'esprit leur manqua, ce qui détruisit pour long-temps leur tranquillité.

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      1

      Voir à la Dissertation religieuse.

      2

      Voir à la Dissertation religieuse.

      3

      Ce paragraphe et le fragment que nous renvoyons à la Dissertation ont été supprimés dans une édition contemporaine où l'on se borne au rôle de traducteur fidèle.

      4

      La pièce de huit ou de huit testons, dont il a souvent été parlé dans le cours de cet ouvrage, est une pièce d'or portugaise valant environ 5 Fr. 66 cent.

      5

      Le MOIDORES que les Français nomment noror et les Portugais nordadouro, est aussi une pièce d'or qui vaut environ 33 Fr. 96 cent. P. B.

      6

      Dans l'édition où l'on se borne au rôle de traducteur fidèle, les cinq paragraphes, à partir de: J'eus alors la pensée… jusqu'à: ma fidèle amie la veuve… ont été supprimés. P. B.

      7

      Dans l'édition où l'on se borne au rôle de traducteur fidèle, les cinq paragraphes précédents ont été supprimés. P. B.

      8

      What is bred in the bone will not go out of the flesh.

      9

      Free from vices, free from care,

      Age has me pains, and youth ne snare.

      10

      Un liard, un quart de denier sterling.

      11

      Petit navire à un mât. (Note du correcteur – ELG.)

      12

      Gros canon court. (Note du correcteur – ELG.)

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