La dame de Monsoreau — Tome 1. Dumas Alexandre

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La dame de Monsoreau — Tome 1 - Dumas Alexandre

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page quitta sa fenêtre, et vint tout rougissant.

      — Oh! oh! murmura Saint-Luc, stupéfait de reconnaître Jeanne sous la livrée de Bussy.

      — Eh bien, demanda Bussy, faut il le renvoyer?

      — Non, vrai Dieu! non, s'écria Saint-Luc. Ah! Bussy, Bussy, c'est moi qui vous dois une amitié éternelle!

      — Vous savez qu'on ne vous entend pas, Saint-Luc, mais qu'on vous regarde.

      — C'est vrai, dit celui-ci.

      Et, après avoir fait deux pas vers sa femme, il en fit trois en arrière.

      En effet, M. de Nancey, étonné de la pantomime par trop expressive de Saint-Luc, commençait à prêter l'oreille, quand un grand bruit, venant de la galerie vitrée, le fit sortir de sa préoccupation.

      — Ah! mon Dieu! s'écria M. de Nancey, voilà le roi qui querelle quelqu'un, ce me semble.

      — Je le crois, en effet, répliqua Bussy jouant l'inquiétude; serait-ce, par hasard, M. le duc d'Anjou, avec lequel je suis venu?

      Le capitaine des gardes assura son épée à son côté, et partit dans la direction de la galerie où, en effet, le bruit d'une vive discussion perçait voûtes et murailles.

      — Dites que je n'ai pas bien fait les choses? dit Bussy en se retournant vers Saint-Luc.

      — Qu'y a-t-il donc? demanda celui-ci.

      — Il y a que M. d'Anjou et le roi se déchirent en ce moment, et que, comme ce doit être un superbe spectacle, j'y cours pour n'en rien perdre. Vous, profitez de la bagarre, non pas pour fuir, le roi vous rejoindrait toujours, mais pour mettre en lieu de sûreté ce beau page que je vous donne; est-ce possible?

      — Oui, pardieu! et d'ailleurs, si cela ne l'était pas, il faudrait bien que cela le devînt, mais heureusement j'ai fait le malade, je garde la chambre.

      — En ce cas, adieu, Saint-Luc; madame, ne m'oubliez pas dans vos prières.

      Et Bussy, tout joyeux d'avoir joué ce mauvais tour à Henri III, sortit de l'antichambre et gagna la galerie où le roi, rouge de colère, soutenait au duc d'Anjou, pâle de rage, que, dans la scène de la nuit précédente, c'était Bussy qui était le provocateur.

      — Je vous affirme, sire, s'écriait le duc d'Anjou, que d'Épernon, Schomberg, d'O, Maugiron et Quélus l'attendaient à l'hôtel des Tournelles.

      — Qui vous l'a dit?

      — Je les ai vus moi-même, sire, de mes deux yeux vus.

      — Dans l'obscurité, n'est-ce pas? la nuit était noire comme l'intérieur d'un four.

      — Aussi n'est-ce point au visage que je les ai reconnus.

      — A quoi donc? aux épaules?

      — Non, sire, à la voix.

      — Ils vous ont parlé?

      — Ils ont fait mieux que cela, ils m'ont pris pour Bussy et m'ont chargé.

      — Vous?

      — Oui, moi.

      — Et qu'alliez vous faire à la porte Saint-Antoine?

      — Que vous importe?

      — Je veux le savoir, moi. Je suis curieux aujourd'hui.

      — J'allais chez Manassès.

      — Chez Manassès, un juif!

      — Vous allez bien chez Ruggieri, un empoisonneur.

      — Je vais où je veux, je suis le roi.

      — Ce n'est pas répondre, c'est assommer.

      — D'ailleurs, comme je l'ai dit, c'est Bussy qui a été le provocateur.

      — Bussy?

      — Oui.

      — Où cela?

      — Au bal de Saint-Luc.

      — Bussy a provoqué cinq hommes? Allons donc! Bussy est brave, mais Bussy n'est pas fou.

      — Par la mordieu! je vous dis que j'ai entendu la provocation, moi. D'ailleurs, il en était bien capable, puisque, malgré tout ce que vous dites, il a blessé Schomberg à la cuisse, d'Épernon au bras, et presque assommé Quélus.

      — Ah! vraiment, dit le duc, il ne m'avait point parlé de cela, je lui en ferai mon compliment.

      — Moi, dit le roi, je ne complimenterai personne, mais je ferai un exemple de ce batailleur.

      — Et moi, dit le duc, moi que vos amis attaquent, non-seulement dans la personne de Bussy, mais encore dans la mienne, je saurai si je suis votre frère, et s'il y a en France, excepté Votre Majesté, un seul homme qui ait le droit de me regarder en face sans qu'à défaut du respect la crainte lui fasse baisser les yeux.

      En ce moment, attiré par les clameurs des deux frères, parut Bussy, galamment habillé de satin vert tendre avec des noeuds roses.

      — Sire, dit-il en s'inclinant devant Henri III, daignez agréer mes très-humbles respects.

      — Pardieu! le voici, dit Henri.

      — Votre Majesté, à ce qu'il paraît, me fait l'honneur de s'occuper de moi? demanda Bussy.

      — Oui, répondit le roi, et je suis bien aise de vous voir; quoi qu'on m'ait dit, votre visage respire la santé.

      — Sire, le sang tiré rafraîchit le visage, dit Bussy, et je dois avoir le visage très-frais ce soir.

      — Eh bien, puisqu'on vous a battu, puisqu'on vous a meurtri, plaignez-vous, seigneur de Bussy, et je vous ferai justice.

      — Permettez, sire, dit Bussy, on ne m'a ni battu ni meurtri, et je ne me plains pas.

      Henri demeura stupéfait et regarda le duc d'Anjou.

      — Eh bien, que disiez-vous donc? demanda-t-il.

      — Je disais que Bussy a reçu un coup de dague qui lui traverse le flanc.

      — Est-ce vrai, Bussy? demanda le roi.

      — Puisque le frère de Votre Majesté l'assure, dit Bussy, cela doit être vrai; un premier prince du sang ne saurait mentir.

      — Et, ayant un coup d'épée dans le flanc, dit Henri, vous ne vous plaignez pas?

      — Je ne me plaindrais, sire, que si, pour m'empêcher de me venger moi-même, on me coupait la main droite; encore, continua l'intraitable

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