La dame de Monsoreau — Tome 2. Dumas Alexandre

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La dame de Monsoreau — Tome 2 - Dumas Alexandre

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donc urgent?

      — C'est pour le bien de la chose.

      Bernouillet sortit précipitamment: c'était un homme plein de zèle.

      C'était au tour de Chicot d'avoir la fièvre; il ne savait s'il devait courir après Gondy ou pénétrer chez David; si l'avocat était aussi malade que le prétendait l'aubergiste, il était probable qu'il avait chargé M. de Gondy de ses dépêches. Chicot arpentait donc sa chambre comme un fou, se frappant le front et cherchant une idée parmi les millions de globules bouillonnant dans son cerveau.

      On n'entendait plus rien dans la chambre de son observatoire, Chicot ne pouvait apercevoir que l'angle du lit enveloppé dans ses rideaux.

      Tout à coup une voix retentit dans l'escalier. Chicot tressaillit: c'était celle du moine.

      Gorenflot, poussé par l'hôte, qui voulait inutilement le faire taire, montait une à une les marches de l'escalier, en chantant d'une voix avinée:

      Le vin

      Et le chagrin

      Se battent dans ma tête;

      Ils y font un tel train

      Que c'est une tempête.

      Mais l'un est le plus fort:

      C'est le vin!

      Si bien que le chagrin

      En sort

      Grand train.

      Chicot courut à la porte.

      — Silence donc, ivrogne! cria-t-il.

      — Ivrogne, dit Gorenflot, parce qu'on a bu!

      — Voyons! viens ici, et vous, Bernouillet, vous savez...

      — Oui, dit l'aubergiste en faisant un signe d'intelligence et en descendant les escaliers quatre à quatre.

      — Viens ici, te dis-je, continua Chicot en tirant le moine dans sa chambre, et causons sérieusement, si tu peux.

      — Parbleu! dit Gorenflot, vous raillez, compère. Je suis sérieux comme un âne qui boit.

      — Ou qui a bu, dit Chicot en levant les épaules.

      Puis il le conduisit à un siège sur lequel Gorenflot se laissa aller en poussant un ah! plein de jubilation.

      Chicot alla fermer la porte et revint à Gorenflot avec un visage si sérieux, que celui-ci comprit qu'il s'agissait d'écouter.

      — Voyons, qu'y a-t-il encore? dit le moine, comme si ce mot résumait toutes les persécutions que Chicot lui faisait endurer.

      — Il y a, répondit Chicot fort rudement, que tu ne songes pas assez aux devoirs de ta profession; tu te vautres dans la débauche, tu pourris dans l'ivrognerie, et, pendant ce temps, la religion devient ce qu'elle peut, corboeuf!

      Gorenflot leva ses deux gros yeux étonnés sur son interlocuteur.

      — Moi? dit-il.

      — Oui, toi; regarde, tu es ignoble à voir. Ta robe est déchirée, tu t'es battu en chemin, tu as l'oeil gauche cerclé de noir.

      — Moi! reprit Gorenflot, de plus en plus étonné des reproches auxquels Chicot ne l'avait point habitué.

      — Sans doute; tu as de la boue par-dessus les genoux, et quelle boue! de la boue blanche, ce qui prouve que tu as été t'enivrer dans les faubourgs.

      — C'est ma foi vrai, dit Gorenflot.

      — Malheureux! un moine génovéfain! si tu étais cordelier encore!

      — Chicot, mon ami, je suis donc bien coupable? dit Gorenflot attendri.

      — C'est-à-dire que tu mérites que le feu du ciel te consume jusqu'aux sandales; prends garde, si cela continue, je t'abandonne.

      — Chicot, mon ami, dit le moine, tu ne ferais pas cela.

      — Il y a aussi des archers à Lyon.

      — Oh! grâce, mon cher protecteur! balbutia le moine, qui se mit non pas à pleurer, mais à beugler comme un taureau.

      — Fi! la laide brute! continua Chicot, et dans quel moment, je le le demande, te livres-tu à de pareils déportements? quand nous avons un voisin qui se meurt.

      — C'est vrai, dit Gorenflot d'un air profondément contrit.

      — Voyons, es-tu chrétien, oui ou non?

      — Si je suis chrétien! s'écria Gorenflot en se levant, si je suis chrétien! tripes du pape! je le suis; je le proclamerais sur le gril de saint Laurent.

      Et, le bras étendu comme pour jurer, il se mit à chanter, de façon à briser les vitres:

      Je suis chrétien, C'est mon seul bien.

      — Assez, dit Chicot en le bâillonnant avec la main, si tu es chrétien, ne laisse pas mourir ton frère sans confession.

      — C'est juste, où est mon frère? que je le confesse, dit Gorenflot, c'est-à-dire quand j'aurai bu, car je meurs de soif.

      Et Chicot passa au moine un pot plein d'eau, que celui-ci vida presque entièrement.

      — Ah! mon fils, dit-il en reposant le pot sur la table, je commence à voir clair.

      — C'est bien heureux, répondit Chicot, décidé à profiter de ce moment de lucidité.

      — Maintenant, mon tendre ami, continua le moine, qui faut-il que je confesse?

      — Notre malheureux voisin qui se meurt.

      — Qu'on lui donne une pinte de vin au miel, dit Gorenflot.

      — Je ne dis pas non; mais il a plus besoin des secours spirituels que des secours temporels. Tu vas l'aller trouver.

      — Croyez-vous que je sois suffisamment préparé, monsieur Chicot? demanda timidement le moine.

      — Toi! je ne t'ai jamais vu si plein d'onction qu'en ce moment. Tu le ramèneras au bien s'il est égaré, tu l'enverras droit au paradis s'il en cherche la route.

      — J'y cours.

      — Attends donc, il faut que je t'indique la marche à suivre.

      — Pourquoi faire? on sait son état peut-être, depuis vingt ans qu'on est moine.

      — Oui, mais ce n'est pas seulement ton état qu'il faut que tu fasses aujourd'hui, c'est aussi ma volonté.

      — Votre volonté?

      — Et si tu l'exécutes ponctuellement, entends-tu

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