Le Chevalier de Maison-Rouge. Dumas Alexandre

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Le Chevalier de Maison-Rouge - Dumas Alexandre

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a-t-il donc, dit-il aux gardes nationaux, et qui cause ce bruit? On entend des cris d'enfant jusque dans l'antichambre des prisonnières.

      – Il y a, dit Simon, qui, habitué aux manières des municipaux, crut, en apercevant Maurice, qu'il lui arrivait du renfort; il y a que c'est ce traître, cet aristocrate, ce ci-devant qui m'empêche de rosser Capet.

      Et il montra du poing Lorin.

      – Oui, mordieu! je l'en empêche, dit Lorin en dégainant, et, si tu m'appelles encore une fois ci-devant, aristocrate ou traître, je te passe mon sabre au travers du corps.

      – Une menace! s'écria Simon. À la garde! à la garde!

      – C'est moi qui suis la garde, dit Lorin; ne m'appelle donc pas, car, si je vais à toi, je t'extermine.

      – À moi, citoyen municipal, à moi! s'écria Simon, sérieusement menacé cette fois par Lorin.

      – Le sergent a raison, dit froidement le municipal que Simon appelait à son aide; tu déshonores la nation; lâche, tu bats un enfant.

      – Et pourquoi le bat-il, comprends-tu, Maurice? parce que l'enfant ne veut pas chanter Madame Veto, parce que le fils ne veut pas insulter sa mère.

      – Misérable! dit Maurice.

      – Et toi aussi? dit Simon. Mais je suis donc entouré de traîtres?

      – Ah! coquin, dit le municipal en saisissant Simon à la gorge et en lui arrachant sa lanière des mains; essaye un peu de prouver que Maurice Lindey est un traître.

      Et il fit tomber rudement la courroie sur les épaules du savetier.

      – Merci, monsieur, dit l'enfant, qui regardait stoïquement cette scène; mais c'est sur moi qu'il se vengera.

      – Viens, Capet, dit Lorin, viens, mon enfant; s'il te bat encore, appelle à l'aide, et l'on ira le châtier, ce bourreau. Allons, allons, petit Capet, rentre dans ta tour.

      – Pourquoi m'appelez-vous Capet, vous qui me protégez? dit l'enfant. Vous savez bien que Capet n'est pas mon nom.

      – Comment, ce n'est pas ton nom? dit Lorin. Comment t'appelles-tu?

      – Je m'appelle Louis-Charles de Bourbon. Capet est le nom d'un de mes ancêtres. Je sais l'histoire de France; mon père me l'a apprise.

      – Et tu veux apprendre à faire des savates à un enfant à qui un roi a appris l'histoire de France? s'écria Lorin. Allons donc!

      – Oh! sois tranquille, dit Maurice à l'enfant, je ferai mon rapport.

      – Et moi, le mien, dit Simon. Je dirai, entre autres choses, qu'au lieu d'une femme qui avait le droit d'entrer dans la tour, vous en avez laissé passer deux.

      En ce moment, en effet, les deux femmes sortaient du donjon. Maurice courut à elles.

      – Eh bien, citoyenne, dit-il en s'adressant à celle qui était de son côté, as-tu vu ta mère?

      Sophie Tison passa à l'instant entre le municipal et sa compagne.

      – Oui, citoyen, merci, dit-elle. Maurice aurait voulu voir l'amie de la jeune fille, ou tout au moins entendre sa voix; mais elle était enveloppée dans sa mante, et semblait décidée à ne pas prononcer une seule parole. Il lui sembla même qu'elle tremblait.

      Cette crainte lui donna des soupçons. Il remonta précipitamment, et, en arrivant dans la première pièce, il vit, à travers le vitrage, la reine cacher dans sa poche quelque chose qu'il supposa être un billet.

      – Oh! oh! dit-il, aurais-je été dupe? Il appela son collègue.

      – Citoyen Agricola, dit-il, entre chez Marie-Antoinette et ne la perds pas de vue.

      – Ouais! fit le municipal, est-ce que…?

      – Entre, te dis-je, et cela sans perdre un instant, une minute, une seconde. Le municipal entra chez la reine.

      – Appelle la femme Tison, dit-il à un garde national. Cinq minutes après, la femme Tison arrivait rayonnante.

      – J'ai vu ma fille, dit-elle.

      – Où cela? demanda Maurice.

      – Ici même, dans cette antichambre.

      – Bien. Et ta fille n'a point demandé à voir l'Autrichienne?

      – Non.

      – Elle n'est pas entrée chez elle?

      – Non.

      – Et, pendant que tu causais avec ta fille, personne n'est sorti de la chambre des prisonnières?

      – Est-ce que je sais, moi? Je regardais ma fille, que je n'avais pas vue depuis trois mois.

      – Rappelle-toi bien.

      – Ah! oui, je crois me souvenir.

      – De quoi?

      – La jeune fille est sortie.

      – Marie-Thérèse?

      – Oui.

      – Et elle a parlé à ta fille?

      – Non.

      – Ta fille ne lui a rien remis?

      – Non.

      – Elle n'a rien ramassé à terre?

      – Ma fille?

      – Non, celle de Marie-Antoinette?

      – Si fait, elle a ramassé son mouchoir.

      – Ah! malheureuse! s'écria Maurice. Et il s'élança vers le cordon d'une cloche qu'il tira vivement. C'était la cloche d'alarme.

      XI

      Le billet

      Les deux autres municipaux de garde montèrent précipitamment. Un détachement du poste les accompagnait. Les portes furent fermées, deux factionnaires interceptèrent les issues de chaque chambre.

      – Que voulez-vous, monsieur? dit la reine à Maurice, lorsque celui-ci entra. J'allais me mettre au lit, lorsqu'il y a cinq minutes le citoyen municipal (et la reine montrait Agricola) s'est précipité tout à coup dans cette chambre sans me dire ce qu'il désirait.

      – Madame, dit Maurice en saluant, ce n'est pas mon collègue qui désire quelque chose de vous, c'est moi.

      – Vous, monsieur? demanda Marie-Antoinette en regardant Maurice, dont les bons procédés lui avaient inspiré une certaine reconnaissance; et que désirez-vous?

      – Je désire que vous vouliez bien me remettre le billet que vous cachiez tout à l'heure quand je suis entré.

      Madame Royale et Madame Élisabeth tressaillirent. La reine devint

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