Le vicomte de Bragelonne, Tome IV.. Dumas Alexandre

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Le vicomte de Bragelonne, Tome IV. - Dumas Alexandre

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le plus tendre des hommes qui vous aiment.

      – Raoul! Raoul!

      – Comme un frère? Oh! Louise, je vous aimais à donner pour vous tout mon sang goutte à goutte, toute ma chair lambeau par lambeau, toute mon éternité heure par heure.

      – Raoul, Raoul, par pitié!

      – Je vous aimais tant, Louise, que mon coeur est mort, que ma foi chancelle, que mes yeux s'éteignent; je vous aimais tant, que je ne vois plus rien, ni sur la terre, ni dans le ciel.

      – Raoul, Raoul, mon ami, je vous en conjure, épargnez-moi! s'écria La Vallière. Oh! si j'avais su!..

      – Il est trop tard, Louise; vous aimez, vous êtes heureuse; je lis votre joie à travers vos larmes; derrière les larmes que verse votre loyauté, je sens les soupirs qu'exhale votre amour. Louise, Louise, vous avez fait de moi le dernier des hommes: retirez-vous, je vous en conjure. Adieu! adieu!

      – Pardonnez-moi, je vous en supplie!

      – Eh! n'ai-je pas fait plus? Ne vous ai-je pas dit que je vous aimais toujours?

      Elle cacha son visage entre ses mains.

      – Et vous dire cela, comprenez-vous, Louise? vous le dire dans un pareil moment, vous le dire comme je vous le dis, c'est vous dire ma sentence de mort. Adieu!

      La Vallière voulut tendre ses mains vers lui.

      – Nous ne devons plus nous voir dans ce monde, dit-il.

      Elle voulut s'écrier: il lui ferma la bouche avec la main. Elle baisa cette main et s'évanouit.

      – Olivain, dit Raoul, prenez cette jeune dame et la portez dans sa chaise, qui attend à la porte.

      Olivain la souleva. Raoul fit un mouvement pour se précipiter vers La Vallière, pour lui donner le premier et le dernier baiser; puis, s'arrêtant tout à coup:

      – Non, dit-il, ce bien n'est pas à moi. Je ne suis pas le roi de

      France, pour voler!

      Et il rentra dans sa chambre, tandis que le laquais emportait La

      Vallière toujours évanouie.

      Chapitre CCI – Ce qu'avait deviné Raoul

      Raoul parti, les deux exclamations qui l'avaient suivi exhalées, Athos et d'Artagnan se retrouvèrent seuls, en face l'un de l'autre.

      Athos reprit aussitôt l'air empressé qu'il avait à l'arrivée de d'Artagnan.

      – Eh bien! dit-il, cher ami, que veniez-vous m'annoncer?

      – Moi? demanda d'Artagnan.

      – Sans doute, vous. On ne vous envoie pas ainsi sans cause?

      Athos sourit.

      – Dame! fit d'Artagnan.

      – Je vais vous mettre à votre aise, cher ami. Le roi est furieux, n'est-ce pas?

      – Mais je dois vous avouer qu'il n'est pas content.

      – Et vous venez?..

      – De sa part, oui.

      – Pour m'arrêter, alors?

      – Vous avez mis le doigt sur la chose, cher ami.

      – Je m'y attendais. Allons!

      – Oh! oh! que diable! fit d'Artagnan, comme vous êtes pressé, vous!

      – Je crains de vous mettre en retard, dit en souriant Athos.

      – J'ai le temps. N'êtes-vous pas curieux, d'ailleurs, de savoir comment les choses se sont passées entre moi et le roi?

      – S'il vous plaît de me le raconter, cher ami, j'écouterai cela avec plaisir.

      Et il montra à d'Artagnan un grand fauteuil dans lequel celui-ci s'étendit en prenant ses aises.

      – J'y tiens, voyez-vous, continua d'Artagnan, attendu que la conversation est assez curieuse.

      – J'écoute.

      – Eh bien! d'abord, le roi m'a fait appeler.

      – Après mon départ?

      – Vous descendiez les dernières marches de l'escalier, à ce que m'ont dit les mousquetaires. Je suis arrivé. Mon ami, il n'était pas rouge, il était violet. J'ignorais encore ce qui s'était passé. Seulement, à terre, sur le parquet, je voyais une épée brisée en deux morceaux.

      – Capitaine d'Artagnan! s'écria le roi en m'apercevant.

      – Sire, répondis-je.

      – Je quitte M. de La Fère, qui est un insolent!

      – Un insolent? m'écriai-je avec un tel accent, que le roi s'arrêta court.

      – Capitaine d'Artagnan, reprit le roi les dents serrées, vous allez m'écouter et m'obéir.

      – C'est mon devoir, Sire.

      – J'ai voulu épargner à ce gentilhomme, pour lequel je garde quelques bons souvenirs, l'affront de ne pas le faire arrêter chez moi.

      – Ah! ah! dis-je tranquillement.

      – Mais, continua-t-il, vous allez prendre un carrosse…

      Je fis un mouvement.

      – S'il vous répugne de l'arrêter vous-même, continua le roi, envoyez-moi mon capitaine des gardes.

      – Sire, répliquai-je, il n'est pas besoin du capitaine des gardes puisque je suis de service.

      – Je ne voudrais pas vous déplaire, dit le roi avec bonté; car vous m'avez toujours bien servi, monsieur d'Artagnan.

      – Vous ne me déplaisez pas, Sire, répondis-je. Je suis de service, voilà tout.

      – Mais, dit le roi avec étonnement, il me semble que le comte est votre ami?

      – Il serait mon père, Sire, que je n'en serais pas moins de service.

      Le roi me regarda; il vit mon visage impassible et parut satisfait.

      – Vous arrêterez donc M. le comte de La Fère? demanda-t-il.

      – Sans doute, Sire, si vous m'en donnez l'ordre.

      – Eh bien! l'ordre, je vous le donne.

      Je m'inclinai.

      – Où est le comte, Sire?

      – Vous le chercherez.

      – Et je l'arrêterai en quelque lieu qu'il soit, alors?

      – Oui… cependant, tâchez qu'il soit chez lui. S'il retournait

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