Dictionnaire érotique moderne. Alfred Delvau

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Dictionnaire érotique moderne - Alfred Delvau

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quelque pureté d’intention que vous employiez les mots d’enfiler, remuer, branler, large, étroit, se retirer et cent autres, ils réveillent à présent des idées licencieuses. Personne n’ignore le rire scandaleux qu’ont excité, dans les derniers temps, ces quatre vers du grand Corneille:

      Dis-moi donc, lorsqu’Othon s’est offert à Camille,

      A-t-il paru contraint? A-t-elle été facile?

      Son hommage auprès d’elle, a-t-il eu plein effet?

      Comment l’a-t-elle pris? Et comment l’a-t-il fait?

      La saine raison, lorsqu’elle conduisoit les hommes, ne leur avoit point appris à faire une distinction imaginaire d’une expression supposée gratuitement malhonnête, avec une autre qui ne blesse point la pudeur.

      On prononce le mot crime sans remords, comme celui de vertu sans édification; on croit avec justice n’être point garant des idées opposées que l’un et l’autre présentent. Par quel égarement va-t-on déshonorer d’autres termes, qui ont le même droit d’être au rang de ceux qui composent la langue? Pourquoi les exclure de la conversation et des ouvrages littéraires, où souvent ils seraient si naturellement amenés?

      DICTIONNAIRE EROTIQUE

      A

      Abandonner (S’). Se livrer complétement à un homme, lui ouvrir bras et cuisses, lui laisser faire tout ce que lui conseillent son amour et sa lubricité.

      Ce n’est pas le droit naturel

      A fille de s’abandonner.

(Farces et Moralités.)

      Si ma femme, impatiente de ma langueur, à autrui se abandonne.

Rabelais.

      Lise, qui partout s’abandonne,

      Ne fait qu’en flatter son mari.

Théophile.

      Abatteur de bois. Fouteur, – son outil étant considéré comme une cognée, et la nature de la femme, à cause de son poil, comme une forêt.

      Il n’étoit pas grand abatteur de bois, aussi étoit-il toujours cocu.

Tallemant des Réaux.

      Les beaux abatteurs de bois sont, comme les rois et les poëtes, des raræ aves.

Baron Wodel.

      Ce Jacques était un grand abatteur de bois remuant.

(Moyen de parvenir.)

      Il lui présenta cent mille choses que ces abatteurs de femmes savent tout courant et par cœur.

(Les Cent Nouvelles nouvelles.)

      Je me connais en gens;

      Vous êtes, je le vois, grand abatteur de quilles.

Régnier.

      Abbaye de Clunis (L’). Le cul, – de clunis, fesse, croupe, – une abbaye qui ne chômera jamais faute de moines.

      Abbaye de s’offre à tous. Bordel, dont les victimes cloîtrées s’offrent volontiers à tout venant qui tient à communiquer avec elles sur l’autel de leur dieu des jardins.

      Abbesse. Grosse dame qui tient un pensionnat de petites dames à qui on n’enseigne que les œuvres d’Ovide et de Gentil-Bernard: autrement dit Maîtresse de bordel, – le bordel étant une sorte de maison conventuelle habitée par d’aimables nonnains vouées, toutes au dieu de Lampsaque.

      Lorsque tu vas rentrer, ton abbesse en courroux

      Te recevra bien mal et te foutra des coups.

Louis Protat.

      Abeilard. Nom qu’on donne à tout homme qui se trouve dans le cas de cet abbé, dont il est question dans les Contes d’Eutrapel, lequel en ses jeunes ans «avoit perdu ses deux témoins instrumentaires.»

      Abeilardiser. Rendre un homme impuissant en le châtrant, comme fit le chanoine Fulbert à l’amant d’Héloïse.

      D’un colonel vous courtisez la femme;

      Surpris, il vous abeilardisera.

Pommereul.

      Aboucher (S’). Avoir trouvé chaussure à son pied, et mettre son pied – à moelle – dedans.

      On veut chercher

      A s’aboucher.

Collé.

      Abouler de la braise. Payer une fille, lui donner le salaire du plaisir qu’elle va vous donner – avec la vérole ou la chaude-pisse.

      Ça me semble tout drôle d’avoir à abouler d’la braise au lieu d’en recevoir.

Lemercier de Neuville.

      – Ange! murmurai-je, plein d’aise

      Comme un amoureux innocent.

      – Il faut abouler de la braise,

      Me dit-elle en me repoussant.

A. Delvau.

      Abricot de la jardinière (L’). La nature de la femme, – qu’elle soit jardinière ou princesse.

      Abricot fendu. La nature de la femme, qui ressemble, en effet, à ce fruit, – ce qui permet de supposer, vu l’absence de toutes preuves contraires, que le Paradis terrestre était un immense abricotier.

      Abuser d’une femme. En jouir charnellement, soit de gré, soit de force, – mais le plus souvent de gré, les femmes se plaisant à être ainsi abusées.

      Vous êtes un infâme, vous avez lâchement abusé de moi pendant mon sommeil… – Vous m’en voulez donc?.. – Oui, parce qu’il fallait attendre que je fusse réveillée.

Baron Wodel.

      Académie d’amour. Lieu où on va pour jouer au jeu de Vénus – et de Mercure: en bon français, Bordel. – Le mot se trouve dans le Francion de Ch. Sorel et dans les Aventures burlesques de Dassoucy.

      Allons-nous à l’Académie, ce soir? – Non, je ne suis pas en queue.

J. Le Vallois.

      Accident. Manque d’haleine dans le discours amoureux; hasard malencontreux qui fait tomber (accidere, ad cadere) le membre viril au moment même où il devrait relever le plus orgueilleusement sa tête chauve.

      La malheureuse Hortense

      Vient de perdre, à Paphos,

      Un procès d’importance

      Qu’on jugeait à huis-clos;

      Son avocat, dit-elle,

      Resta court en plaidant:

      Voilà ce qui s’appelle

      Un accident.

Collé.

      Accident féminin. Avoir ses règles. Événement prévu qui arrive juste quand une femme, ayant un ou plusieurs bons coups à tirer, donnerait tout pour qu’il y eût retard.

      Nul autre que Pinange ne m’avait enfilée; peu de jours avant de le rendre heureux, j’avais eu mon accident féminin; il était donc

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