La San-Felice, Tome 05. Dumas Alexandre

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La San-Felice, Tome 05 - Dumas Alexandre

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morale.

      Les Allemands ont presque élevé des autels à Karl Sand, qui a assassiné Rotzebüe, et à Staps, qui a tenté d'assassiner Napoléon.

      Le meurtrier inconnu de Rossi et Agésilas Milano, qui a tenté de tuer d'un coup de baïonnette le roi Ferdinand II au milieu d'une revue, sont considérés à Rome et à Naples, non point comme des assassins, mais comme des tyrannicides.

      Cela ne justifie pas, mais explique les attentats des Italiens.

      Sous quelque despotisme qu'ait été courbée l'Italie, l'éducation des Italiens a toujours été classique et, par conséquent, républicaine.

      Or, l'éducation classique glorifie l'assassinat politique, que nos lois flétrissent, que notre conscience réprouve.

      Et cela est si vrai, que non-seulement la popularité de Louis-Philippe s'est soutenue, grâce aux nombreux attentats dont il a failli être victime pendant dix-huit ans de règne, mais encore qu'elle s'en était accrue.

      Faites dire en France une messe en l'honneur de Fieschi, d'Alibaud, de Lecomte, à peine si une vieille mère, une soeur pieuse, un fils innocent du crime paternel, oseront y assister.

      A chaque anniversaire de la mort de Milano, une messe se dit à Naples pour le salut de son âme; à chaque anniversaire, l'église déborde dans la rue.

      Et, en effet, l'histoire glorieuse de l'Italie est comprise entre la tentative de meurtre de Mucius Scoevola sur le roi des Étrusques et l'assassinat de César par Brutus et Cassius.

      Et que fait le Sénat, de l'aveu duquel Mucius Scoevola allait tenter le meurtre de Porsenna, lorsque le meurtrier, gracié par l'ennemi de Rome, rentre à Rome avec son bras brûlé?

      Au nom de la République, il vote une récompense à l'assassin, et, au nom de la République, qu'il a sauvée, lui donne un champ.

      Que fait Cicéron, qui passe à Rome pour l'honnête homme par excellence, lorsque Brutus et Cassius assassinent César?

      Il ajoute un chapitre à son livre De officiis pour prouver que, lorsqu'un membre de la société est nuisible à la société, chaque citoyen, se faisant chirurgien politique, a le droit de retrancher ce membre du corps social.

      Et il résulte de ce que nous venons de dire que, si nous croyions orgueilleusement que notre livre a une importance qu'il n'a pas, nous inviterions les philosophes et même les juges à peser ces considérations, que ne songent à faire valoir ni les avocats ni les prévenus eux-mêmes, chaque fois qu'un Italien, et surtout un Italien des provinces méridionales, se trouvera mêlé à quelque tentative d'assassinat politique.

      La France seule est assez avancée en civilisation pour placer sur le même rang Louvel et Lacenaire, et, si elle fait une exception en faveur de Charlotte Corday, c'est à cause de l'horreur physique et morale qu'inspirait le batracien Marat.

      LXXXI

      OU CE QUI DEVAIT ARRIVER ARRIVE

      L'armistice fut, comme nous l'avons dit, signé le 10 décembre, et la ville de Capoue fut, ainsi que la chose avait été convenue, remise aux Français le 11.

      Le 13, le prince Pignatelli fit venir au palais les représentants de la ville.

      Cet appel avait pour but de les inviter à trouver le moyen de répartir, entre les grands propriétaires et les principaux négociants de Naples, la moitié de la contribution de deux millions et demi de ducats qui devait être payée le surlendemain. Mais les députés, qui pour la première fois étaient bien accueillis, refusèrent positivement de se charger de cette impopulaire mission, disant que cela ne les regardait aucunement, et que c'était à celui qui avait pris l'engagement de le tenir.

      Le 14, – les événements vont devenir quotidiens et de plus en plus graves, de sorte que nous n'aurons qu'à les noter jusqu'au 20, – le 14, les 8,000 hommes du général Naselli, rembarqués aux bouches du Volturne, entrèrent dans le golfe de Naples avec leurs armes et leurs munitions.

      On pouvait prendre ces 8,000 hommes, les placer sur la route de Capoue à Naples, les faire soutenir par 30,000 lazzaroni, et rendre ainsi la ville imprenable.

      Mais le prince Pignatelli, manquant de toute popularité, ne se regardait point, à juste titre, comme assez fort pour prendre une pareille résolution, que rendait cependant urgente la prochaine rupture de l'armistice. Nous disons prochaine, car, si les cinq millions, dont le premier sou n'était point trouvé, n'étaient pas prêts le lendemain, l'armistice était rompu de droit.

      D'un autre côté, les patriotes désiraient la rupture de cet armistice, qui empêchait les Français, leurs frères d'opinion, de marcher sur Naples.

      Le prince Pignatelli ne prit aucune mesure à l'endroit des 8,000 hommes qui entraient dans le port; ce que voyant les lazzaroni, ils montèrent sur toutes les barques qui bordaient le rivage, depuis le pont de la Madeleine jusqu'à Mergellina, voguèrent vers les felouques et s'emparèrent des canons, des fusils et des munitions des soldats, qui se laissèrent désarmer sans opposer aucune résistance.

      Inutile de dire que nos amis Michele, Pagliuccella et fra Pacifico se trouvaient naturellement à la tête de cette expédition, grâce à laquelle leurs hommes se trouvèrent admirablement armés.

      Quand ils se virent si bien armés, les huit mille lazzaroni ce mirent à crier: «Vive le roi! vive la religion!» et: «Mort aux Français!»

      Quant aux soldats, ils furent mis à terre et eurent permission de se retirer où ils voulaient.

      Au lieu de se retirer, ils se réunirent aux groupes et crièrent plus haut que les autres: «Vive le roi! vive la religion!» et: «Mort aux Français!»

      En apprenant ce qui se passait et en entendant ces cris, le commandant du Château-Neuf, Massa, comprit qu'il ne tarderait probablement pas à être attaqué, et il envoya un de ses officiers, le capitaine Simonei, pour demander, en cas d'attaque, quelles étaient les instructions du vicaire général.

      –Défendez le château, répondit le vicaire général; mais gardez-vous bien de faire aucun mal au peuple.

      Simonei rapporta au commandant cette réponse, qui, au commandant comme à lui, parut singulièrement manquer de clarté.

      Et, en effet, il était difficile, on en conviendra, de défendre le château contre le peuple, sans faire de mal au peuple.

      Le commandant renvoya le capitaine Simonei pour demander une réponse plus positive.

      –Faites feu à poudre, lui fut-il répondu: cela suffira pour disperser la multitude.

      Simonei se retira en levant les épaules; mais, sur la place du palais, il fut rejoint par le duc de Geno, l'un des négociateurs de l'armistice de Sparanisi, qui lui ordonna, de la part du prince Pignatelli, de ne pas faire feu du tout.

      De retour au Château-Neuf, Simonei raconta ses deux entrevues avec le vicaire général; mais, au moment même où il entamait son récit, une foule immense se précipita vers le château, brisa la première porte, et s'empara du pont en criant: «La bannière royale! la bannière royale!»

      En effet, depuis le départ du roi, la bannière royale avait disparu de dessus le château, comme, en l'absence du chef de l'État, le drapeau disparaît du dôme des Tuileries.

      La bannière royale fut déployée

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