Peines, tortures et supplices. Unknown

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Peines, tortures et supplices - Unknown

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réglementaire

      La nourriture de la maison consiste en deux repas, l'un à huit heures du matin, l'autre à trois heures. Le premier repas consiste en une gamelle de bouillon avec du bœuf. J'ai goûté de ce bouillon, que je n'hésite pas à déclarer supérieur à celui que débitent bien des gargottes de ma connaissance. À trois heures, une gamelle de légumes, haricots, pois cassés. Un pain d'une livre, pain noir, dit de munition. J'en avais mangé au dépôt de la préfecture de police et préférai m'abstenir ici.

      Pour ceux qui n'acceptent pas la nourriture réglementaire, les ressources ne manquent pas.

      D'abord la cantine desservie par le surveillant, vin, œufs, fromage et charcuterie. Puis le commissionnaire qui, moyennant une bonne main de dix centimes, va chercher au dehors les plats que vous lui désignez.

Dépenses

      Pour l'édification de mes lecteurs, je transcrirai ici deux de mes notes:

Du 5 décembre:
Du 6 novembre:
Les parloirs

      Les parloirs ordinaires, que je n'ai fait qu'apercevoir (car par une faveur spéciale, due sans doute au peu d'importance de l'accusation qui planait sur moi), se composent de deux petites cellules placées en face l'une de l'autre et séparées par un couloir large de vingt-cinq centimètres environ. Ces cellules se regardent par une cloison fermée de barreaux de fer et grillagée. Il y a dans chacune d'elles juste la place nécessaire pour s'asseoir. Le détenu est placé dans l'une, le visiteur dans l'autre, et l'on se parle à travers la distance du petit couloir, sans pouvoir ni s'embrasser, ni se toucher la main. Il est interdit de parler haut, et un gardien vous surveillant par le petit corridor dont j'ai parlé, toute communication est impossible. Inutile de dire qu'en outre le visiteur a été minutieusement fouillé à l'entrée de la prison. C'est ainsi qu'on voit sa femme, son père ou son enfant, et ceci les mardis et vendredis.

La promenade

      L'heure de la promenade est variable, en ceci que les préaux ne permettent qu'à cent prévenus de se promener simultanément, et plus de la moitié des prisonniers profitant de cette faculté, il faut au moins cinq heures pour que les promenades puissent s'effectuer. On se trouve donc, suivant le cas, de la première fournée ou des suivantes.

      Donc le surveillant ouvre le guichet et crie: Promenade. Vous devez être tout prêt et crier: Oui.

      Alors la porte s'ouvre; le surveillant vous remet une petite plaque en tôle indiquant le numéro de votre cellule et vous enjoint de courir au bout de la galerie, de descendre l'escalier que vous rencontrez, et, toujours courant, d'aller jusqu'à une petite porte devant laquelle vous attend un autre surveillant.

      Pourquoi courir? demandez-vous. Voici l'explication de ce mouvement. Je l'ai déjà dit, il est de principe à Mazas que jamais les détenus ne doivent se rencontrer ni même s'apercevoir. Toute communication est rigoureusement interdite.

      Au moment où le signal des sorties pour la promenade a été donné, un coup de sonnette retentit. Le premier détenu court jusqu'à la petite porte dont je viens de parler, et ce n'est que lorsqu'il l'a franchie qu'un nouveau coup de sonnette avertit le surveillant qu'un second détenu peut être livré à la circulation.

Les préaux

      La description des promenoirs de Mazas a été faite cent fois: cependant, pour l'intelligence de ce trop fidèle compte-rendu, il est nécessaire que je revienne sur ces détails.

      Toute la maison d'arrêt est construite sur un système circulaire. Ainsi, tracez un cercle au centre, posez un point qui vous représentera le greffe, puis tirez les rayons de ce centre à la circonférence, vous avez les salles de cellules. Entre ces rayons, que je suppose au nombre de dix, tracez de nouveaux cercles et placez également au centre un point, vous avez les promenoirs, qui seront vingt rayons tirés de ce centre à la circonférence extérieure. Les promenoirs sont au nombre de cinq, dans chacun desquels peuvent se promener dix-neuf détenus. Les préaux, au nombre de dix-neuf, plus un vingtième qui sert de passage, sont, on le comprendra facilement, si on a pris la peine de tracer la petite figure que j'ai indiquée, étroits à l'endroit où ils touchent le centre et s'élargissent graduellement jusqu'à ce qu'ils rencontrent la circonférence, marquée ici par une grille de fer à trente-sept barreaux.

      Voici les dimensions de chaque préau, séparé des autres par deux murs:

      Largeur auprès du centre, c'est-à-dire à la porte, 75 centimètres.

      Largeur à la circonférence, c'est-à-dire à la grille, 6 mètres 15.

      Longueur des murs latéraux, 5 mètres.

      Il faut quarante-deux pas ordinaires pour arpenter le tour du préau, et, singulière coïncidence, on fait d'un pas égal et soutenu, sans lenteur comme sans précipitation, quarante-deux fois le tour du préau en quinze minutes. Je l'ai expérimenté plusieurs fois et je puis répondre de l'exactitude de ces chiffres.

      La promenade dure environ une heure, y compris le délai nécessaire pour l'entrée et la sortie. Inutile de rappeler que chaque détenu est complètement seul dans son préau, qu'il peut lire et fumer, mais qu'il lui est interdit de chanter ou de tenter de se faire entendre de ses voisins du préau.

      Ce que nous avons appelé le centre est occupé par une rotonde, à rez-de-chaussée et à premier étage. Ce premier étage a un nombre de larges ouvertures correspondant au nombre des préaux. Un surveillant en fait continuellement le tour à l'intérieur pendant toute la durée des promenades. Il domine ainsi tous les préaux, qui, bien entendu, sont à ciel ouvert, et pas un mouvement des détenus ne lui échappe.

      Comme si cette précaution n'était pas suffisante, un autre surveillant tourne continuellement aussi autour de la circonférence extérieure, regardant les détenus à travers les grilles dont j'ai parlé.

      Un troisième surveillant se trouve dans la rotonde du centre, au rez-de-chaussée, surveillant les portes et se tenant toujours prêt à ouvrir, au cas où les détenus auraient besoin de son ministère.

      Lorsque vous arrivez au promenoir, on vous indique la porte du préau qui vous est échue en partage; il faut, aussitôt entré, tirer cette porte sur soi. Le surveillant vous invite en même temps à ne pas aller jusqu'à la grille du fond avant qu'il vous y ait autorisé. Ceci pour éviter qu'à travers cette grille vous ne puissiez apercevoir les détenus traversant la cour pour se rendre au promenoir.

      Enfin, tous les prisonniers étant casés dans leur préau, le surveillant crie: Promenez-vous.

      Vous êtes libres alors, soit de vérifier les chiffres que j'ai indiqués plus haut, soit, si vous êtes fatigué, de vous asseoir sur un bloc de pierre, qui se trouve auprès de la grille. Cette partie du préau est, en outre, recouverte d'un auvent, refuge en cas de pluie.

      Dans un de ces préaux, je remarquai auprès de la porte une large trappe de fer. J'ai appris depuis que c'était l'ouverture des égouts qui rayonnent sous cette città dolente.

      Une nuit, un détenu tenta de s'évader: il parvint à ouvrir le vasistas que j'ai dépeint dans la cellule, descella un barreau de fer et, se laissant glisser avec ses draps, vint descendre dans un préau où se trouvait une trappe semblable. Il l'ouvrit et se plongea résolument dans l'égout. Le malheureux avait de l'eau jusqu'aux épaules, et cette eau, immonde, était glacée. Il marcha cependant dans la direction de la Seine. L'espoir de la délivrance le soutenait. C'était un faux monnayeur condamné à dix ans de travaux forcés. Il aperçut enfin une lueur… c'était la Seine. Il était sauvé… il le croyait du moins. Mais l'ouverture de l'égout était fermée

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