Réaction en Chaîne . Блейк Пирс
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Читать онлайн книгу Réaction en Chaîne - Блейк Пирс страница 12
Quand Riley descendit de la voiture, elle reconnut le commissaire Raymond Alford. Il trottina vers elle, visiblement mécontent.
– J’espère que vous avez une bonne raison de laisser ce corps suspendu comme ça, dans les airs, dit-il. C’est un cauchemar. Le maire menace de me retirer mon badge.
Riley et Lucy le suivirent. Dans la lumière de l’après-midi, le corps paraissait encore plus intrigant que sur les photos prises au petit matin – celles que Riley avait examinées sur l’écran de son ordinateur. Les chaînes en acier inoxydable brillaient sous les rayons du soleil.
– Je suppose que vous avez délimité la scène, dit Riley à Alford.
– On a fait ce qu’on a pu, dit Alford. On a barricadé de façon à ce que personne ne puisse voir le corps, sauf depuis le fleuve. Nous avons obligé les trains à faire un détour autour de la ville, mais ça les ralentit et ça fout en l’air leur emploi du temps. C’est sans doute comme ça que la chaîne d’info de Albany a compris qu’il se tramait quelque chose. Parce que ce ne sont pas mes hommes qui leur ont dit.
Pendant que Alford parlait, l’hélicoptère de la chaîne de télé passa au-dessus de sa tête et le ronflement des pales couvrit sa voix. Il renonça à expliquer la situation. Riley lut sur ses lèvres une collection d’injures dirigées vers l’hélicoptère. L’engin décrivit alors un large cercle, avec l’intention évidente de revenir.
Alford sortit son téléphone portable. Quand il eut quelqu’un à l’autre bout du fil, il hurla :
– Je vous ai demandé de ne pas survoler la zone avec votre hélico. Maintenant, dites à votre pilote de voler plus haut. C’est la loi.
A l’expression de Alford, Riley devina que la personne au bout du fil faisait de la résistance.
Enfin, Alford dit :
– Si vous ne dégagez pas votre oiseau dans la seconde, vos journalistes n’auront pas le droit d’assister à la conférence de presse que je vais donner cet après-midi.
Son visage se détendit. Il leva les yeux et attendit. Quelques instants plus tard, l’hélicoptère s’éleva. Cependant, le ronflement sourd des pales ne faiblit pas.
– Putain, j’espère que ça ne va pas dégénérer, grogna Alford. Quand on aura descendu le corps, ils seront moins intéressés. Je suppose qu’il y a des bons côtés : les hôtels et les B&Bs font du business. Les restaurants aussi : ça mange, les journalistes. Mais à long terme ? C’est mauvais pour le tourisme.
– Vous avez fait du bon boulot, dit Riley.
– C’est déjà ça, dit Alford. Venez, finissons-en.
Alford guida Riley et Lucy vers le corps. Il était suspendu au moyen de chaînes et d’une corde solide, qui passait au travers d’une poulie en acier avant de retomber brutalement vers le sol en formant un angle.
Riley voyait le visage de la victime, à présent. Encore une fois, sa ressemblance avec Marie la transperça comme un choc électrique – son expression laissait deviner la même angoisse silencieuse que celle de son amie, quand Riley l’avait retrouvée pendue dans sa chambre. Les yeux exorbités et la chaîne qui bâillonnait sa bouche rendaient le spectacle particulièrement perturbant.
Riley jeta un regard vers sa nouvelle partenaire pour scruter sa réaction. Etonnamment, Lucy était déjà en train de prendre des notes.
– C’est votre première scène de crime ? lui demanda Riley.
Lucy se contenta de hocher la tête, sans cesser d’écrire. Elle prenait la chose particulièrement bien. A sa place, bien d’autres agents seraient déjà partis vomir dans les buissons.
Alford, de son côté, paraissait nauséeux. Même après plusieurs heures, il ne s’habituait pas. Riley espéra qu’il n’aurait jamais à s’habituer.
– Ça ne sent pas trop, dit Alford.
– Pas encore, répondit Riley. Le corps n’est qu’au stade de l’autolyse. Il ne fait pas assez chaud pour accélérer le processus de putréfaction. Quand le corps se décomposera de l’intérieur, c’est là que ça sentira vraiment mauvais.
Alford pâlit davantage.
– Et la rigueur cadavérique ? demanda Lucy.
– Elle est déjà rigide, j’en suis sûre, dit Riley. Elle le restera pour les douze prochaines heures.
Lucy ne semblait toujours pas troublée. Elle griffonna de plus belle sur son carnet.
– Vous avez compris comment le tueur l’a fait grimper là-haut, demanda Lucy à Alford.
– On a une assez bonne idée, dit Alford. Il est monté pour passer la corde dans la poulie, puis il a tiré. Ces poids la maintiennent en hauteur.
Il pointa du doigt des poids en acier posés près de la voie ferrée. La corde passait au travers de trous, nouée plusieurs fois afin de ne pas se détacher. C’était le genre de poids que l’on trouvait sur les machines dans les salles de sport.
Lucy se pencha pour les examiner de plus près.
– Il y en a assez pour compenser le poids du corps, observa-t-elle. C’est bizarre qu’il ait apporté tout ça avec lui. Il aurait pu attacher la corde autour du poteau.
– Et qu’est-ce que vous en déduisez ? demanda Riley.
Lucy réfléchit.
– Il est petit et pas très costaud, dit-elle. Il n’aurait pas pu hisser le corps tout seul. Il avait besoin des poids.
– Très bien, dit Riley.
Elle pointa le doigt dans la direction opposée. Des traces de pneu dépassaient de la zone goudronnée.
– Et, comme vous pouvez le voir, il a rapproché son véhicule au maximum. Il était obligé : il ne pouvait pas porter le corps tout seul.
Riley examina la terre non loin du poteau et finit par trouver des traces semblables à des encoches.
– On dirait qu’il a utilisé une échelle, dit-elle.
– Oui, et nous l’avons retrouvée, dit Alford. Venez. Je vais vous montrer.
Alford guida Riley et Lucy dans un hangar laminé couvert de tôle ondulée. Un verrou brisé pendait à la porte.
– Il est entré par effraction, comme vous le voyez, dit Alford. Ce n’était pas compliqué : une paire de tenailles a dû faire l’affaire. On n’utilise plus ce hangar, ou seulement pour stocker à long terme, et il n’est pas très bien sécurisé.
Alford ouvrit la porte et alluma l’interrupteur qui jeta une lumière fluorescente. L’endroit était, effectivement, presque désert. Seuls quelques cageots drapés dans les toiles d’araignée se dressaient ça et là. Alford pointa du doigt une échelle appuyée contre le mur, près de la porte.
– Là voilà, dit-il. Nous avons trouvé des traces de terre