Sans Laisser de Traces . Блейк Пирс
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Читать онлайн книгу Sans Laisser de Traces - Блейк Пирс страница 13
Bill serra sa main tendue.
— Bill Jeffreys. Je suppose que vous êtes la propriétaire de la boutique.
Elle gloussa à nouveau.
— Je vois que vous aussi, vous avez de l’instinct, dit-elle. Je suis ravie de vous rencontrer. Mais vous avez bien des fils, n’est-ce pas ? Trois, je pense.
Bill sourit. Sa clairvoyance était bien affûtée. Elle s’entendrait sûrement très bien avec Riley.
— Deux, répondit-il. Vous n’étiez pas loin.
Elle gloussa.
— Quel âge ? demanda-t-elle.
— Huit et dix.
Elle balaya son magasin du regard.
— Je ne sais pas si nous avons grand-chose ici qui pourrait leur convenir. Oh, en fait, j’ai quelques petits soldats un peu vintage dans l’autre rayon. Mais ce n’est plus vraiment ça qui amusent les garçons, de nos jours, si ? Maintenant, c’est les jeux vidéo. Et les plus violents, en plus.
— J’en ai bien peur.
Elle plissa les yeux comme pour le mesurer du regard.
— Vous n’êtes pas là pour acheter une poupée, n’est-ce pas ? demanda-t-elle.
Bill sourit et secoua la tête.
— Vous êtes trop forte, répondit-il.
— Vous ne seriez pas policier ? demanda-t-elle.
Bill éclata d’un rire silencieux et sortit son badge.
— Pas tout à fait, mais c’est bien vu.
— Eh bien ! s’exclama-t-elle avec un soupçon d’inquiétude. Qu’est-ce que le FBI vient faire dans ma boutique ? Est-ce que je suis sur un genre de liste ?
— D’une certaine façon, dit Bill, mais ne vous inquiétez pas. On a découvert votre boutique en cherchant tous les magasins à la ronde qui vendent des poupées de collection ou d’occasion.
En fait, Bill ne savait pas ce qu’il cherchait exactement. Riley lui avait proposé de visiter des magasins que le tueur fréquentait peut-être – ou dans lesquels il aurait pu avoir l’occasion de faire un tour. Qu’attendait-elle de lui ? Il n’en savait rien. S’attendait-elle à ce que le tueur se trouve ici ? Ou que l’un des employés l’ait rencontré ?
Mais c’était peu probable. Même si quelqu’un l’avait rencontré, il ne serait sans doute pas capable de l’identifier comme étant le meurtrier. Tous les hommes qui entraient dans ce magasin devaient être, en fait, un peu étranges.
Riley voulait sûrement que Bill rassemble plus d’informations sur la façon dont l’esprit du tueur fonctionnait, le regard qu’il portait sur le monde. Si c’était le cas, elle allait être déçue. Bill n’avait pas son talent. Il n’était pas capable d’entrer dans le cerveau d’un tueur.
Aux yeux de Bill, elle brassait du vent : il y avait des douzaines de magasins de poupées aux alentours. Il aurait mieux valu laisser la police scientifique retrouver le fabricant de perruque. Même s’ils n’avaient rien trouvé pour le moment.
— Je vous demanderais bien de quel genre d’affaire il s’agit, dit Ruth, mais je crois qu’il ne vaut mieux pas.
— Non, dit Bill. Il ne vaut mieux pas.
Non pas que l’affaire était demeurée secrète – pas après le communiqué de presse du sénateur Newbrough. La nouvelle était dans tous les journaux. Comme d’habitude, le Bureau croulait sous les faux témoignages délivrés par téléphone et des théories étranges commençaient à envahir la toile. Un vrai merdier.
Mais pourquoi le dire à cette femme ? Elle avait l’air gentil et sa boutique semblait plutôt saine et innocente. Bill ne voulait pas la perturber en lui parlant du meurtre sordide d’un tueur en série obsédé par les poupées.
Cependant, il y avait une chose qu’il voulait savoir.
— Dites-moi, dit Bill. Est-ce que vous vendez beaucoup à des adultes... Je veux dire des adultes sans enfants ?
— Oh, c’est le cas de la majorité des acheteurs, et de loin. Des collectionneurs.
C’était intriguant. Bill ne l’aurait jamais cru.
— Pourquoi, à votre avis ? demanda-t-il.
La dame lui adressa un sourire étrange et distant, avant de répondre d’une voix douce.
— Parce que les gens meurent, Bill Jeffreys.
Cette fois, Bill resta bouche bée.
— Pardon ? dit-il.
— À mesure que l’on vieillit, on perd des gens. Nos amis, nos êtres chers, ils meurent. Nous pleurons. Les poupées arrêtent le temps. Elles nous font oublier notre chagrin. Elles nous consolent. Regardez autour de vous. Il y a ici des poupées qui ont plus d’un siècle et d’autres qui sont pratiquement neuves. Dans la plupart des cas, vous ne voyez pas la différence. Elles n’ont pas d’âge.
Bill se tourna vers le rayon, perturbé par les yeux centenaires qui lui renvoyèrent son regard. Combien d’hommes et de femmes ces poupées avaient-elles enterré ? De quels actes avaient-elles été les témoins ? De l’amour, de la colère, de la haine, de la tristesse, de la violence… Et, pourtant, elles se contentaient de regarder droit devant elle, avec la même expression figée. Aux yeux de Bill, cela n’avait pas de sens.
Les gens devraient vieillir, pensa-t-il. Ils devraient avoir des rides, des cheveux blancs, comme lui, devant les ténèbres et les horreurs que ce monde pouvait offrir. Après tout ce qu’il avait vu, il n’avait pas le droit d’avoir toujours le même visage. Les scènes de crime s’étaient imprimées en lui comme des maladies et lui avaient coupé l’envie de rester jeune.
— Elles sont aussi… Pas vraiment vivantes, dit enfin Bill.
Le sourire de la femme se fit plus amer, comme si elle avait pitié de lui.
— Est-ce que c’est bien vrai, Bill ? La plupart de nos clients ne seraient pas d’accord. Je ne suis moi-même pas sûre d’être d’accord.
Un étrange silence s’installa. La dame le brisa en gloussant. Elle offrit à Bill une petite brochure colorée avec des photos de poupées.
— En fait, je vais à Washington pour une convention. Vous pourriez y aller, vous aussi. Peut-être que ça vous donnera des idées pour trouver ce que vous cherchez.
Bill la remercia et quitta la boutique, satisfait d’avoir entendu parler de cette convention. Il espéra que Riley irait avec lui. Elle était censée interroger le sénateur Newbrough et sa femme cet après-midi. C’était un rendez-vous important, pas seulement parce que le sénateur pouvait avoir des informations, mais aussi pour des raisons diplomatiques.