Sans Laisser de Traces . Блейк Пирс
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Читать онлайн книгу Sans Laisser de Traces - Блейк Пирс страница 6
Il la prit dans ses bras et elle répondit mollement à son étreinte. Les pieds glissés dans des pantoufles, elle était plus petite que lui. Elle avait minci, beaucoup, et son inquiétude ne fit que croître.
Il s’assit en face d’elle et la détailla du regard. Elle avait les cheveux propres, mais échevelés, et il semblait qu’elle portait ces pantoufles depuis des jours. Son visage était émacié, trop pâle, et surtout plus vieux, bien plus vieux que la dernière fois qu’il l’avait vue, cinq semaines plus tôt. Elle avait l’air d’avoir traversé l’enfer. C’était le cas. Bill tâcha de ne pas penser à ce que leur dernier tueur lui avait fait subir.
Elle évita son regard et tous deux restèrent assis en chiens de faïence au milieu d’un silence tendu. Bill avait été certain de trouver les mots justes, le moment venu, pour lui changer les idées et la motiver. À présent, assis devant elle, il était submergé par la tristesse, sans voix. Il aurait voulu qu’elle se redresse, qu’elle soit plus robuste, qu’elle ressemble un peu plus à ce qu’elle avait été.
Il cacha furtivement par terre l’enveloppe contenant les informations sur l’affaire, à côté de sa chaise. Il n’était même pas sûr de vouloir la lui montrer. Il commençait à penser que tout ceci était une erreur. Il était clair qu’elle avait besoin de plus de temps. En fait, pour la première fois, il n’était pas sûr que sa partenaire reviendrait un jour.
— Café ? demanda-t-elle.
Il sentit sa gêne et secoua la tête. Elle avait l’air si fragile. Quand il lui avait rendu visite à l’hôpital et même quand elle était rentrée chez elle, il avait été terrifié pour elle. Il s’était demandé si elle reviendrait jamais de la douleur et de la terreur qu’elle avait endurées, si elle reviendrait jamais des ténèbres où elle avait été plongée pendant si longtemps. Cela ne lui ressemblait pas. Elle lui avait toujours eu l’air invincible mais, au cours de leur dernière affaire, quelque chose, ce dernier tueur, avait tout changé. Bill pouvait le comprendre : l’homme était certainement le psychopathe le plus tordu qu’il ait jamais rencontré – ce qui n’était pas peu dire.
Alors qu’il étudiait Riley du regard, quelque chose finit par le frapper. Elle faisait son âge. Riley avait quarante ans, comme Bill, mais elle s’était montrée si vive et passionnée par son travail qu’elle lui avait toujours paru plus jeune. Des fils gris se laissaient entrevoir au milieu de ses cheveux noirs. Bien sûr, les cheveux de Bill grisonnaient également…
Riley appela sa fille :
— April !
Pas de réponse. Riley répéta son nom plusieurs fois, plus fort, jusqu’à ce qu’elle répondre.
— Quoi ? demanda April depuis le salon, visiblement irritée.
— À quelle heure tu as classe aujourd’hui ?
— Tu le sais très bien.
— Dis-moi, c’est tout.
— Huit heures trente.
Riley fronça les sourcils, irritée à son tour. Elle croisa le regard de Bill.
— Elle a séché l’anglais. Elle sèche trop de cours. J’essaye de l’aider.
Bill secoua la tête : il ne comprenait que trop bien. Le travail au sein de l’agence prenait beaucoup de place et les membres de la famille étaient les premières victimes collatérales.
— Je suis désolé, dit-il.
Riley haussa les épaules.
— Elle a quatorze ans. Elle me déteste.
— Ce n’est pas bien.
— Je détestais tout le monde quand j’avais quatorze ans, répondit-elle. Pas toi ?
Bill ne répondit pas. Il était difficile d’imaginer Riley si vindicative.
— Attends un peu que tes gamins grandissent, dit Riley. Ils ont quel âge maintenant ? J’oublie tout le temps.
— Huit et dix, répondit Bill avant d’esquisser un sourire. Mais, au train où ça va avec Maggie, je ne sais pas si je les verrai toujours quand ils auront l’age de April.
Riley lui jeta un regard inquiet, la tête inclinée sur le côté. Une expression bien à elle qui avait manqué à Bill.
— Ça va si mal que ça ? demanda-t-elle.
Il détourna les yeux, pour qu’elle change de sujet. Tous deux se turent un long moment.
— Qu’est-ce que tu as caché par terre ? demanda-t-elle.
Bill releva aussitôt la tête et sourit. Même dans cet état, elle ne ratait rien.
— Je ne cache rien, dit Bill en ramassant l’enveloppe et en la posant sur la table. Quelque chose dont j’aimerais te parler.
Riley lui adressa un sourire denté. Bien sûr, elle savait parfaitement ce qui l’amenait chez elle.
— Montre-moi, dit-elle avant de jeter un coup d’œil nerveux en direction de April. Viens, on va dehors. Je ne veux pas qu’elle voie ça.
Riley quitta ses pantoufles et sortit pieds nus dans le jardin, suivie de Bill. Ils s’assirent à la vieille table de pique-nique en bois, qui était là depuis que Riley avait emménagé. Bill embrassa du regard le petit jardin dans lequel se dressait un arbre solitaire. Ils étaient entourés par les bois, à en oublier presque que la ville était si proche.
— Trop isolé, pensa-t-il.
Il n’avait jamais pensé que cette maison convenait à Riley. On aurait dit un petit ranch, délabré, très ordinaire, à quinze miles de la ville. On y accédait par une route secondaire qui traversait les champs et les forêts. Cela dit, il ne pensait pas non plus que la vie en banlieue lui aurait beaucoup plus convenu… Il ne l’imaginait pas faire la tournée des cocktails. Au moins, elle pouvait se rendre en voiture à Fredericksburg et prendre l’Amtrak jusqu’à Quantico quand elle venait travailler. Quand elle pouvait travailler.
— Montre-moi, dit-elle.
Il étala les photographies et les comptes-rendus sur la table.
— Tu te souviens de l’affaire Daggett ? demanda-t-il. Tu avais raison. Le tueur n’en avait pas terminé.
Les yeux de Riley s’agrandirent à mesure qu’elle examina les images. Elle étudia le dossier avec attention, en silence, et Bill se demanda si ce n’était pas justement ce qu’il lui fallait pour revenir – ou bien si cela ne ferait que la repousser.
— Eh bien, qu’en penses-tu ? demanda-t-il enfin.
Pour toute réponse, le silence. Elle n’avait pas encore tout regardé.
Enfin, elle leva la tête et il fut stupéfait de voir des larmes briller dans ses yeux. Il ne l’avait jamais vu pleurer