Une Chanson pour des Orphelines . Морган Райс

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Une Chanson pour des Orphelines  - Морган Райс Un Trône pour des Sœurs

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de Siobhan quelles qu'elles soient.

      Le forgeron n'était pas là et Will non plus. En fait, maintenant, elle et Siobhan se tenaient près de la fontaine qui se trouvait chez Siobhan et dont les eaux coulaient pures pour une fois, alors que, d’habitude, la pierre en était sèche et remplie de feuilles. Kate savait que c'était forcément une illusion mais, quand Siobhan y entra, elle eut l'air assez tangible. Elle mouilla même l'ourlet de sa robe.

      “Pourquoi as-tu tellement peur, Kate ?” demanda-t-elle. “Je ne fais que te demander une faveur. Crains-tu que je t'envoie à Morgassa pour y chercher un œuf de rokh dans les plaines salées ou pour affronter les créatures d'un aspirant invocateur dans les Colonies Lointaines ? J'aurais cru que tu aimerais cette sorte de chose.”

      “Et c'est pour cela que vous ne le ferez pas”, devina Kate.

      Quand elle entendit cette réponse, Siobhan eut un sourire étrange. “Tu penses que je suis cruelle, n'est-ce pas ? Que j'agis sans raison ? Le vent peut être cruel si tu te tiens en son milieu sans manteau et tu ne pourrais pas plus comprendre ses raisons que … bon, tu considérerais comme un défi tout ce que je dirais que tu ne peux pas faire, donc, restons-en là.”

      “Vous n'êtes pas le vent”, signala Kate. “Le vent ne peut pas réfléchir, ne peut pas sentir, ne peut pas distinguer le bien du mal.”

      “Oh, c'est donc ça ?” dit Siobhan. Maintenant, elle était assise sur le rebord de sa fontaine. Pourtant, Kate avait l'impression que, si elle essayait de faire la même chose, elle traverserait ce décor et tomberait sur l'herbe qui poussait autour de la forge de Thomas. “Tu penses que je suis maléfique ?”

      Kate ne voulait pas le dire mais elle ne trouvait pas de moyen de dire le contraire sans mentir. Même si Siobhan ne pouvait pas plus lire toutes les pensées de Kate que les pouvoirs de Kate ne pouvaient toucher Siobhan, Kate soupçonnait que, si elle mentait maintenant, l'autre femme le saurait. Elle préféra ne rien dire.

      “Quand tu as massacré les bonnes sœurs de ta Déesse Masquée, elle ont sûrement considéré que c'était un acte maléfique”, signala Siobhan. “Les hommes de la Nouvelle Armée que tu as trucidés t'ont forcément traitée de créature maléfique, sinon pire. Je suis sûre que, maintenant, dans les rues d'Ashton, il y a mille hommes qui diraient que tu es maléfique simplement parce que tu sais lire dans les pensées des autres.”

      “Essayez-vous de me dire que vous êtes bonne, alors ?” répliqua Kate.

      Siobhan haussa les épaules à cette idée. “J'essaie seulement de t'indiquer la faveur que tu dois accomplir. La chose nécessaire. Parce que la vie, c'est ça, Kate. Une succession de choses nécessaires. Connais-tu la malédiction du pouvoir ?”

      Cela ressemblait beaucoup à une des leçons de Siobhan. Le seul avantage qu'y voyait Kate, c'était que, au moins, personne n'allait la poignarder au cours de celle-ci.

      “Non”, dit Kate. “Je ne connais pas la malédiction du pouvoir.”

      “C'est simple”, dit Siobhan. “Si tu as du pouvoir, alors, tout ce que tu fais affectera le monde. Si tu as du pouvoir et que tu peux voir ce qui va se passer, alors, même choisir de ne pas agir reste un choix. Tu es responsable du monde rien qu'en y vivant et j'y vis depuis très longtemps.”

      “Depuis combien de temps ?” demanda Kate.

      Siobhan secoua la tête. “C'est le genre de question dont la réponse a un prix et tu n'as toujours pas payé celui de ton entraînement, apprentie.”

      “Votre faveur”, dit Kate. Elle la redoutait encore et rien de ce que Siobhan avait dit ne l'avait soulagée.

      “C'est une chose assez simple”, dit Siobhan. “Quelqu'un doit mourir.”

      A la façon dont elle le disait, on aurait pu croire qu'elle ordonnait à Kate de balayer un plancher ou d'aller chercher de l'eau pour un bain. Elle agita une main et l'eau de la fontaine miroita en montrant une jeune femme qui traversait un jardin. Elle portait des vêtements luxueux mais aucun des emblèmes des maisons nobles. Dans ce cas, était-elle la femme ou la fille d'un marchand ? Une femme qui s'était enrichie autrement ? Elle était assez jolie. Elle semblait sourire à une plaisanterie secrète et jouir de la vie.

      “Qui est-ce ?” demanda Kate.

      “Elle s'appelle Gertrude Illiard,” dit Siobhan. “Elle habite à Ashton, dans la propriété familiale de son père, le marchand Savis Illiard.”

      Kate attendit que la magicienne lui en dise plus mais Siobhan ne dit rien, ne fournit aucune explication, ne suggéra en aucune façon pourquoi cette jeune femme devait mourir.

      “A-t-elle commis un crime ?” demanda Kate. “Fait quelque chose de terrible ?”

      Siobhan leva un sourcil. “As-tu besoin de savoir une telle chose pour être capable de tuer ? Je n'en crois rien.”

      Quand elle entendit ces paroles, Kate sentit monter sa colère. Comment Siobhan osait-elle lui demander de faire une chose pareille ? Comment osait-elle exiger que Kate ait du sang sur les mains sans fournir la moindre raison ou explication ?

      “Je ne suis pas une simple tueuse que vous pouvez envoyer où bon vous semble”, dit Kate.

      “Vraiment ?” Siobhan se leva et s'écarta du rebord de la fontaine en un mouvement qui avait l'air étrangement enfantin, comme si elle descendait d'une balançoire ou bondissait du bord d'un chariot à la façon d'un garnement qui avait traversé la ville en cachette. “Tu as déjà tué des quantités de fois.”

      “C'est différent”, insista Kate.

      “Tous les moments de la vie ont une beauté unique”, convint Siobhan. “En même temps, tous les moments sont ennuyeux, semblables les uns aux autres. Tu as tué des quantités de gens, Kate. En quoi serait-ce différent cette fois-ci ?”

      “Ceux que j'ai tués le méritaient”, dit Kate.

      “Oh, ils le méritaient”, dit Siobhan, et Kate entendit la moquerie dans sa voix même si les protections que l'autre femme maintenait toujours empêchaient Kate de voir les pensées qui sous-tendaient ces paroles. “Les bonnes sœurs le méritaient pour tout ce qu'elles t'ont fait et l'esclavagiste pour ce qu'il a fait à ta sœur, n'est-ce pas ?”

      “Oui”, dit Kate. Elle était au moins certaine de ça.

      “Et le garçon que tu as tué sur la route parce qu'il avait osé s'attaquer à toi ?” poursuivit Siobhan. Kate se mit à se demander si l'autre femme connaissait vraiment les détails de cette affaire-là. “Et les soldats qui se trouvaient sur la plage pour … comment as-tu justifié ce cas-là, Kate ? Était-ce parce qu'ils envahissaient ton pays ou était-ce juste parce que tes ordres t'avaient emmenée là-bas et que, quand la bataille commence, il n'y a plus le temps de se demander pourquoi on se bat ?”

      Kate recula d'un pas, surtout parce que, si elle frappait la magicienne, elle soupçonnait qu'elle ne pourrait pas faire face aux conséquences.

      “Même maintenant”, dit Siobhan, “j'imagine que je pourrais placer une dizaine d'hommes ou de femmes devant toi et que tu aimerais les transpercer d'une épée. Je pourrais te trouver ennemi après ennemi et tu les tuerais tous. Et pourtant, ce cas-ci est différent ?”

      “Elle

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