Une Chanson pour des Orphelines . Морган Райс

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Une Chanson pour des Orphelines  - Морган Райс Un Trône pour des Sœurs

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se tenait de l'autre côté de la fontaine. “Ou peut-être ne t'ai-je tout simplement pas parlé de tout le bien qu'elle a fait, de toutes les vies qu'elle a sauvées.”

      “Vous n'allez pas me dire ce qu'elle a vraiment fait, n'est-ce pas ?” demanda Kate.

      “Je t'ai donné une tâche”, dit Siobhan. “Je m'attends à ce que tu l'exécutes. Tes questions et tes scrupules n'ont rien à voir avec ça. Il s'agit de la loyauté qu'une apprentie doit à son professeur.”

      Donc, elle voulait savoir si Kate était capable de tuer seulement parce qu'elle le lui ordonnait.

      “Vous pourriez tuer cette femme vous-même, n'est-ce pas ?” devina Kate. “J'ai vu ce que vous pouvez faire quand vous sortez de nulle part comme ça. Vous avez les pouvoirs qu'il faut pour tuer une seule personne.”

      “Et qui pourrait prétendre que je ne suis pas en train de le faire ?” demanda Siobhan. “Peut-être la manière la plus simple est-elle d'envoyer mon apprentie.”

      “Ou peut-être voulez-vous simplement voir ce que je ferai”, devina Kate. “C'est un genre de mise à l'épreuve.”

      “Tout est une mise à l'épreuve, ma chère”, dit Siobhan. “Ne l'as-tu pas encore compris ? Tu vas exécuter cette tâche, je le sais.”

      Que se passerait-il quand elle le ferait ? Est-ce que Siobhan lui permettrait vraiment de tuer une inconnue ? Peut-être était-ce le jeu auquel elle jouait. Peut-être comptait-elle laisser Kate frôler le meurtre juste avant de mettre fin à l'épreuve. Kate espérait que c'était le cas mais, même ainsi, elle n'aimait pas qu'on lui donne des ordres comme ça.

      « N'aimait pas » n'était pas un terme assez fort pour ce que Kate ressentait à ce moment-là. Elle détestait cette idée. Elle détestait les jeux auxquels Siobhan jouait constamment, son désir permanent de transformer Kate en une sorte d'outil utilisable à volonté. Courir dans la forêt poursuivie par des fantômes avait été bien assez désagréable. Ça, c'était pire.

      “Et si je refuse ?” dit Kate.

      L'expression de Siobhan s'assombrit.

      “Crois-tu que tu le peux ?” demanda-t-elle. “Tu es mon apprentie, tu m'as juré fidélité. Je peux faire de toi ce que je veux.”

      Alors, des plantes surgirent autour de Kate, munies d'épines acérées qui en faisaient des armes. Elles ne la touchaient pas mais la menace était évidente. Pourtant, Siobhan ne semblait pas en avoir terminé. Elle fit un autre geste vers l'eau de la fontaine et la scène qu'elle montrait changea.

      “Je pourrais te capturer et te livrer à l'un des jardins de plaisir de l'Issettie du Sud”, dit Siobhan. “Là-bas, il y a un roi qui pourrait accepter d'être coopératif en échange d'un présent.”

      Kate aperçut brièvement des filles vêtues de soie qui couraient devant un homme deux fois plus âgé qu'elles.

      “Je pourrais te capturer et te forcer à rejoindre les lignes d'esclaves des Colonies Proches”, poursuivit Siobhan qui, d'un geste, afficha une scène qui montrait de longues lignes de travailleurs qui se servaient de pioches et de pelles dans une mine à ciel ouvert. “Peut-être te dirai-je où trouver les plus belles pierres à offrir aux marchands qui font ce que je veux.”

      La scène changea à nouveau, montrant ce qui était visiblement une salle de torture. Des hommes et des femmes hurlaient pendant que des figures masquées officiaient avec des fers chauffés à blanc.

      “Ou peut-être te livrerai-je aux prêtres de la Déesse Masquée, auprès desquels tu devras faire acte de repentir pour tes crimes.”

      “Vous ne feriez jamais ça”, dit Kate.

      Siobhan tendit la main et saisit Kate si vite qu'elle eut à peine le temps de réfléchir avant que l'autre femme ne lui enfonce la tête sous la surface de l'eau de la fontaine. Kate cria mais cela signifia juste qu'elle n'eut pas le temps d'inspirer avant de plonger. Le froid de l'eau l'entoura. Elle se débattit mais eut l'impression que sa force l'avait désertée au pire des moments.

      “Tu ne sais pas ce que je ferais et ce que je ne ferais pas”, dit Siobhan, dont la voix sembla venir de très loin. “Tu t'imagines que je vois le monde comme toi. Tu t'imagines que je vais m'arrêter juste avant de passer à l'acte, ou être gentille, ou ne pas tenir compte de tes insultes. Je pourrais t'envoyer faire tout ce que je veux et tu serais encore à moi. Je pourrais faire tout ce que je voudrais de toi.”

      Alors, Kate vit des choses dans l'eau. Elle vit des silhouettes qui hurlaient, terrassées par l'agonie. Elle vit un espace rempli de douleur et de violence, de terreur et d'impuissance. Elle reconnut certaines silhouettes parce qu'elle les avait tuées, à moins que ce ne soient que leurs fantômes. Elle avait vu leurs images quand ils l'avaient poursuivie dans la forêt. C'étaient des guerriers qui avaient juré fidélité à Siobhan.

      “Ils m'ont trahie”, dit Siobhan, “et ils ont payé pour leur trahison. Tu tiendras la promesse que tu m'as faite ou je te transformerai en quelque chose de plus utile. Obéis-moi ou tu les rejoindras et me serviras comme eux.”

      Alors, elle relâcha Kate, qui se releva en postillonnant et en haletant. A présent, la fontaine avait disparu, elles étaient de retour dans la cour de la forge et Siobhan était à quelque distance de Kate comme si rien ne s'était passé.

      “Je veux être ton amie, Kate”, dit-elle. “Tu n'as pas intérêt à m'avoir comme ennemie. Cela dit, je ferai le nécessaire.”

      “Le nécessaire ?” répliqua Kate. “Vous pensez qu'il faut que vous me menaciez ou que vous fassiez massacrer des gens ?”

      Siobhan ouvrit les mains. “Comme je l'ai dit, telle est la malédiction du pouvoir. Tu as le potentiel d'être très utile dans ce qui vient et je compte en profiter au maximum.”

      “C'est hors de question”, dit Kate. “Je ne tuerai pas une fille que je ne connais pas sans raison.”

      Alors, Kate riposta, pas physiquement mais avec ses pouvoirs. Elle rassembla sa force et la lança comme une pierre vers les murs qui se dressaient autour de l'esprit de Siobhan. Sa force rebondit et le pouvoir s'éteignit.

      “Tu n'as pas le pouvoir qu'il faut pour m'affronter”, dit Siobhan, “et tu ne peux pas choisir de le faire. Je vais t'expliquer.”

      Elle fit un geste et la fontaine apparut à nouveau, les eaux troubles. Cette fois-ci, quand l'image se stabilisa, elle n'eut pas besoin de demander qui elle voyait.

      “Sophia ?” dit Kate. “Laissez-la tranquille, Siobhan, je vous avertis —”

      Siobhan la saisit à nouveau et la força à regarder cette image avec la force démentielle qu'elle semblait posséder en ce lieu.

      “Quelqu'un va mourir”, dit Siobhan. “Tu peux choisir qui : il te suffit de décider si tu acceptes de tuer Gertrude Illiard. Tu peux la tuer ou ta sœur peut mourir. C'est à toi de choisir.”

      Kate la regarda fixement. Elle savait que ce n'était pas un choix, pas vraiment, parce qu'il s'agissait de sa sœur. “D'accord”, dit-elle. “Je le ferai. Je ferai ce que vous voulez.”

      Elle fit demi-tour et repartit vers Ashton. Elle n'alla pas dire au revoir à Will, à Thomas

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