Un Trône pour des Sœurs . Морган Райс

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Un Trône pour des Sœurs  - Морган Райс Un Trône pour des Sœurs

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et qui montrait une femme qui souriait pendant qu'un homme lui posait la main sur l'épaule était ce qu'elle avait de plus proche d'un souvenir de ses parents.

      En général, Kate ne portait pas le médaillon de peur qu'un des autres enfants ou les bonnes sœurs ne le lui prennent. Elle le glissa à l'intérieur de sa robe.

      “Partons”, dit-elle.

      Elles coururent vers la porte de l'orphelinat, qui était censée toujours être ouverte parce que l'Ordre de la Déesse Masquée avait trouvé porte close quand il avait exploré le monde et avait condamné ses habitants pour cela. Kate et Sophia coururent dans les méandres des couloirs, sortirent dans le vestibule et regardèrent autour d'elles pour vérifier si quelqu'un les poursuivait.

      Kate les entendait mais, à ce moment-là, il n'y avait que la sœur qui se tenait toujours à côté de la porte, une grosse femme qui s'interposa pour bloquer le passage aux deux filles quand elles arrivèrent. Kate rougit, se souvenant immédiatement de toutes les années de correction qu'elle avait subies aux mains de cette sœur.

      “Vous voilà”, dit-elle d'un ton sévère. “Vous avez beaucoup désobéi, vous deux, et —”

      Kate n'attendit pas; avec le tisonnier, elle frappa si fort la sœur au ventre qu'elle se plia en deux. A ce moment-là, elle aurait voulu avoir une des épées élégantes que portaient les courtiers, ou peut-être une hache. En fait, elle dut se contenter d'étourdir la femme assez longtemps pour qu'elle et Sophia puissent passer.

      Cependant, quand Kate traversa les portes, elle s'arrêta.

      “Kate !” hurla Sophia d'une voix pleine de panique. “On y va ! Qu'est-ce que tu fais ?!”

      Cependant, Kate ne pouvait pas contrôler cette envie, alors même qu'elle entendait les cris des poursuivants et qu'elle savait qu'elles risquaient toutes les deux leur liberté.

      Elle avança de deux pas, leva haut le tisonnier et frappa la bonne sœur au dos plusieurs fois.

      La bonne sœur grogna et cria à chaque coup et chacun de ses cris fut un délice pour Kate.

      “Kate !” supplia Sophia, au bord des larmes.

      Kate regarda longtemps, trop longtemps la bonne sœur parce qu'elle avait besoin de graver cette image de vengeance, de justice, dans son esprit. Elle savait que cette image la soutiendrait quelles que soient les corrections qu'elle recevrait par la suite.

      Puis elle se retourna et quitta brusquement la Maison des Oubliés avec sa sœur comme deux fugitives quittant un navire qui coule. La puanteur, le bruit et l'agitation de la ville agressèrent Kate mais, cette fois-ci, elle ne ralentit pas.

      Tenant la main de sa sœur, elle courut.

      Et courut.

      Et courut.

      Et, malgré leur situation, elle inspira profondément et fit un grand sourire.

      Pour aussi peu de temps que ce soit, elles étaient libres.

      CHAPITRE DEUX

      Sophia n'avait jamais eu aussi peur mais, en même temps, elle ne s'était jamais sentie aussi vivante ou aussi libre. Alors qu'elle courait dans la ville avec sa sœur, elle entendit Kate pousser un cri d'excitation qui la mit à l'aise et la terrifia en même temps. Ce cri rendait les choses trop réelles. Leur vie ne serait plus jamais la même.

      “Silence”, insista Sophia. “Tu vas nous faire repérer.”

      “Elles arrivent, de toute façon”, répondit sa sœur. “Autant apprécier ce qu'on a.”

      Comme pour mettre l'accent sur ce point, elle contourna un cheval, saisit une pomme sur une charrette et courut sur les pavés d'Ashton.

      La ville débordait de l'activité du marché qui y venait tous les Sixthdays et Sophia regarda autour d'elle, étonnée par tout ce qu'elle voyait, entendait et sentait. Si ce n'avait été pour le marché, elle n'aurait jamais su quel jour c'était. Dans la Maison des Oubliés, ces choses ne comptaient pas. Il n'y avait que les cycles sempiternels de la prière et du travail, des punitions et de l'apprentissage par cœur.

      Cours plus vite, lui dit sa sœur par télépathie.

      Quand elles entendirent des sifflets et des cris quelque part derrière elles, elles accélérèrent. Sophia les emmena dans une ruelle puis suivit Kate avec difficulté quand cette dernière grimpa par-dessus un mur. Malgré son impétuosité, sa sœur était trop rapide, comme un muscle solide et remonté qui attendait de se détendre.

      Sophia entendit encore les sifflets. Elle réussit tout juste à atteindre le haut du mur et, à ce moment-là, elle trouva comme toujours la main forte de Kate qui l'attendait. Elle se rendit compte que, même de ce point de vue, elles étaient vraiment différentes : la main de Kate était rude, calleuse, musclée, alors que les doigts de Sophia étaient longs, fins et délicats.

      Les deux faces de la même pièce, comme disait leur mère.

      “Elles ont appelé les gardiens”, s'écria Kate, incrédule, comme si, d'une façon ou d'une autre, les sœurs ne respectaient pas les règles du jeu.

      “Que t'imaginais-tu ?” répondit Sophia. “On s'enfuit avant qu'elles puissent nous vendre.”

      Kate les emmena au bas d'une série de marches pavées puis vers un espace dégagé plein de monde. Sophia se força à ralentir quand elles approchèrent du marché de la ville, se raccrochant à l'avant-bras de Kate pour l'empêcher de courir.

      On se fera moins remarquer si on ne court pas, dit Sophia par télépathie, trop essoufflée pour parler.

      Malgré son incertitude, Kate ralentit pour marcher à la même allure que Sophia.

      Elles marchèrent lentement, frôlant des gens qui s'écartèrent, refusant visiblement de toucher des filles d'aussi basse extraction qu'elles. Peut-être croyaient-ils qu'on avait libéré ces deux filles pour qu’elles aillent faire une course.

      Sophia se força à avoir l'air de juste regarder les marchandises pendant qu'elles se servaient de la foule pour se camoufler. Elle regarda autour d'elle, le clocher au-dessus du temple de l'Ordre de la Déesse Masquée, les divers étals et les boutiques à la vitrine en verre qui étaient derrière eux. Dans un coin de la place, il y avait un groupe d'acteurs qui interprétait un des contes traditionnels avec des costumes raffinés pendant qu'un des censeurs regardait du bord de la foule environnante. Il y avait un recruteur de l'armée qui se tenait sur une estrade et essayait de recruter des troupes pour la nouvelle guerre de conquête de cette ville, la bataille qui s'annonçait de l'autre côté du Canal du Knife-Water.

      Sophia vit sa sœur fixer le recruteur du regard et elle la retira vers elle.

      Non, dit Sophia par télépathie. Ce n'est pas pour toi.

      Kate allait répondre quand, soudain, les cris se firent à nouveau entendre derrière elles.

      Elles s'enfuirent à nouveau toutes les deux.

      Sophia savait que personne ne les aiderait, maintenant. Elles étaient à Ashton et coupables

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