pour voir le derrière de Kane sortant du frigo.
- Mais qu’est-ce que tu fous ? demanda Michael.
Kane réapparut les bras chargés de viande, de mayonnaise, de moutarde, d’olives noires, de laitue et d’une tomate mûre.
- Tu as de la nourriture... nous pouvons donc manger !
- Je pensais que tu avais déjà mangé chez Kriss.
Michael mourait encore d’envie de manger quelque chose de mieux qu’un sandwich. Il s’essuya la manche sur le front et se concentra sur lui-même pour se calmer.
- C’est vrai, mais j’ai encore faim... et visiblement, tu as dû perdre du poids, répliqua Kane en constatant que la personnalité de Michael ressemblait un peu à celles du Dr Jekyll et de Mr Hyde.
En espérant que ce vin, vieux et assez fort, l’aiderait à se détendre, Michael remplit les deux verres pendant que Kane s’occupait de préparer leur repas.
- Alors, à quoi penses-tu maintenant ? demanda-t-il pour tenter de tuer ce silence pesant.
Kane fronça les sourcils tout en travaillant les ingrédients sur le bar :
- Eh bien, Dean est blessé et je trouve que sa blessure ne guérit pas comme il faut. Elle avait l’air pas trop mal quand il me l’a montrée la première fois, mais plus la nuit avançait, et plus je ressentais le mal évoluer en lui.
- Samuel a réussi à poignarder Dean avec son épée de démon, dit Michael sachant qu’ils étaient tous les deux là pour assister à la douleur que la lame avait fait à Ren. Est-ce que c’est de cette blessure dont tu parles ?
Kane hocha la tête :
- J’y ai pensé. Si une épée de Déchu peut tuer Samuel... ou n’importe quel autre démon, alors dans ce cas, une épée de démon peut tuer un Déchu... non ?
- C’est vrai, Michael hocha la tête, satisfait d’avoir trouvé une distraction.
Kane commença à trancher la tomate à un rythme effrayant :
- Nous savons tous les deux ce que cette épée démoniaque a causé à Ren, mais Ren n’est pas un Déchu et Dean est toujours en vie. Nous avons guéri Ren avec l’épée de Déchu que Dean et Kriss ont en leur possession, du moins, depuis qu’ils sont des Déchus, je suppose. Mais, si c’est le prix à payer pour guérir Dean, alors ils l’auraient utilisée, mais visiblement ce n’est pas ce qu’ils ont fait... de ce fait, une épée de Déchu ne doit pas être qu’une simple option quand il s’agit de guérir un Déchu.
Michael se mit intérieurement en colère en pensant à ce que Samuel attendait de la part d’Aurora. En même temps, il s’inquiétait de savoir si Dean allait survivre.
- Samuel avait l’intention de tuer Aurora avec l’épée démoniaque, alors oui... ça serait logique de penser qu’une épée démoniaque pourrait tuer un Déchu.
- Dean et toi semblez vous être rapprochés ces derniers temps, informa Kane tout en contemplant de haut en bas le magnifique sandwich qu’il venait tout juste de peaufiner.
- Et ça pose un problème ? demanda Michael.
- Vous prétendez tous les deux que tout va bien alors que ce n’est pas le cas, dit franchement Kane.
- C’est bon, Docteur Sentez-vous-bien ! Ce n’est pas moi, le mourant ! Tu devrais peut-être te concentrer sur Dean et me laisser prendre soin de moi tranquillement ! dit Michael en serrant encore plus son verre.
- Bien vu, dit Kane en soupirant.
Il savait qu’il était allé un peu loin et que Michael avait probablement raison sur le fait que Dean nécessite le plus d’attention.
- Et comment vont Kriss et Tabatha ? s’enquit Michael pour changer de sujet.
- Kriss va de mieux en mieux, dit Kane en souriant, son couteau à la main. Il ne flirte plus avec Tabatha, ce qui est une bonne chose pour qu’il reste en bonne santé. En ce qui concerne Tabatha... Kane soupira profondément en grimaçant.
- J’préfère pas savoir, rétorqua Michael en levant les mains en l’air pour manifester son désarroi.
- Moi je pense que si tu tirais plus souvent des coups, tu penserais exactement l’inverse, dit Kane en concluant hâtivement que si Michael tournait toute son attention sur Aurora, son histoire avec cette chose ferait partie de son passé.
Michael sourit en levant son verre en direction de Kane :
- J’ai pourtant fait ça tout à l’heure, dans un ascenseur !
Kane fit claquer le couteau sur le comptoir et regarda son jeune frère :
- OK ! D’abord, dans le métro, puis sur le toit du « Love Bites », et maintenant tu te fais tringler dans un ascenseur ? Qui es-tu et qu’as-tu fait de Michael ?
- Il s’est converti en un démon sexuel, répondit un Michael imperturbable qui piqua d’une main le sandwich que Kane venait tout juste de terminer.
- Non, grogna Kane. Tu es tout simplement un exhibitionniste et un voleur de sandwich en même temps.
- Alors, fais t’en un autre ! lui proposa Michael en baissant les yeux au niveau de celui qui était dans une de ses mains. Il est vraiment très bon !
Kane applaudit intérieurement rien qu’en constatant que Michael se nourrissait de bien d’autres choses que de sang de démon. Il joua brièvement avec l’idée de revenir s’installer avec Tabatha à la maison, mais il rejeta très vite cette idée car s’ils revenaient, ça pourrait déclencher d’autres fantasmes sexuels bizarres chez Michael et Aurora.
Scrappy était assis entre eux sur le sol en les regardant à tour de rôle. Lorsqu’il pensa qu’ils l’avaient ignoré suffisamment longtemps, il se mit à aboyer. C’est vrai, ça, ils étaient en train de manger, et pas lui !
Kane se tourna vers lui :
- Oh, toi, tu veux de ce délicieux bœuf rôti ? C’est ça, hein ?
Scrappy fit des ronds sur ses pattes arrière en lui lançant un regard pitoyable.
- Et voilà ! lui dit Kane, laissant tomber quatre tranches épaisses sur le sol, que Scrappy commença à dévorer immédiatement.
Michael venait de finir son sandwich quand il entendit le rire léger d’Aurora provenant de la bibliothèque. Il ferma les yeux de satisfaction. Le son de son rire était exactement ce dont cette maison froide et vide avait besoin.
- Allons les voir, dit Kane qui n’a même pas eu à lire dans les pensées de Michael pour savoir à quoi il pensait. Il sourit quand il le vit se lever et se diriger vers la porte sans même lui donner de réponse.
Lorsque les deux hommes arrivèrent dans la bibliothèque, ils firent une pause au niveau de la porte d’entrée quand ils virent une forte lumière blanche entourer les deux Déchus à l’endroit où ils se faisaient face. Un livre planait en l’air, juste entre eux. Ils avaient les yeux fermés et le touchaient, toujours
