restait immobile, fasciné par ce qu’il voyait. La lumière éclatante s’estompa lentement vers le bout de leurs doigts et le livre descendit au sol.
Les lèvres d’Aurora se séparèrent en émerveillement lorsqu’elle ouvrit les yeux pour se concentrer sur Skye :
- Mais il la laissa près de la fenêtre, dit-elle à la fois confuse et heureuse. Ne va-elle pas lui manquer ?
Puis elle attrapa le livre et l’étreignit comme si elle se sentait désolée pour les gens qui étaient à l’intérieur.
- Mais tu sais déjà lire ? demanda Michael, qui n’en croyait pas ses yeux.
- On a triché, en quelque sorte, lui répondit Skye en souriant. Mais pour être sûr qu’elle a vraiment pris le pli, on a commencé avec des contes de fées. Comme pour les p’tites filles... et Disney semble être son auteur préféré.
Michael s’approcha d’Aurora et s’accroupit derrière elle pour pouvoir regarder le livre par-dessus son épaule. Il se mit à sourire une fois qu’il comprit quel livre elle était en train de lire.
- Peter Pan ! Un de mes préférés ! chuchota-t-il en comprenant que c’était certainement pour le petit garçon qu’elle s’était sentie désolée.
Aurora lui sourit et l’embrassa sur la joue :
- Merci de nous laisser venir ici et de lire tous ces livres.
Michael allait lui répondre quand il vit soudainement apparaître Kane par-dessus son autre épaule. Il fusilla du regard la jolie blonde qui se demandait pour qui il se prenait.
- C’est l’exemplaire que je t’ai acheté à Londres ? demanda Kane en inclinant légèrement la tête.
- Oui, répondit Michael. Peux-tu arrêter de te pencher comme ça sur elle ?
- C’est bon, ça ne me dérange pas... dit Aurora. Je lui dois encore le fait de l’avoir poussé dans les escaliers.
Skye, qui n’avait pas entendu parler de tout ça, fronça les sourcils en se penchant en arrière sur les mains en essayant d’imaginer Aurora poussant le blondinet qui était suffisamment fort pour ouvrir le portail du royaume des démons.
- Pas de problème par rapport à ça, ma belle, l’informa Kane avec bravoure. Michael finira par se rendre compte que je fais une vraie nuisance de moi-même et il menacera de me tuer en me poursuivant autour de la maison avec une de ses épées.
À peine les mots sortirent de sa bouche que déjà, la pointe d’une telle épée apparut sous son menton. Il leva un sourcil et se mit lentement debout tout en regardant Michael. Les deux frères se firent face un moment, puis Kane repoussa soudainement l’épée de côté et courut aussi vite qu’il put hors de la bibliothèque.
- Reviens ici ! hurla Michael.
- Non ! lui hurla Kane en retour. Tu risques de me faire mal, et je me fais facilement des bleus.
Aurora et Skye restèrent dans la bibliothèque, écoutant leurs bruits sourds qui se déplacèrent à l’étage en s’intensifiant. Les Déchus se regardèrent, puis éclatèrent de rire.
- Ces deux-là sont bien plus marrants que ce que j’avais imaginé, admit Skye, qui ne savait pas vraiment à quoi s’attendre au moment où ils étaient arrivés. C’est toi qui choisis le prochain livre, dit-il en hochant la tête vers la pile.
Aurora le regarda un instant pour finalement choisir celui sur lequel un château ornait la couverture. Curieuse, elle commença tout d’abord à feuilleter les pages à la recherche de photos. N’en voyant pas, elle fronça les sourcils et ferma rapidement le livre, soufflant quand elle se coupa avec le papier.
- Aïe !
Elle fronça les sourcils en se rappelant que, plus jeune, il lui était également arrivé de se couper les doigts en jouant dans l’herbe, se demandant comment des brins d’herbe aussi fins pouvaient autant blesser.
Skye sourit en remarquant le regard qu’elle portait à son doigt blessé :
- Tu sais, ce sont les images qui te viennent à l’esprit qui sont bien mieux que tous les dessins que tu pourrais trouver dans les pages d’un livre.
À l’étage, Kane se trouva coincé contre le mur, au cours du jeu auquel il jouait avec Michael. Il comprit vite qu’il avait eu tort de penser que Michael avait des ennuis parce qu’il semblait tout aussi amusant que d’habitude.
- Tu te fais facilement des bleus, hein ? se moqua Michael.
- Mais je pourrais aussi te botter le cul, lui dit Kane de manière arrogante.
Michael sourit et libéra Kane, le laissant tomber par terre. Ils se regardèrent, Kane depuis le sol et Michael atterrissant lentement sur ses pieds. Ils commencèrent à rire parce qu’aucun d’eux n’avait remarqué que Michael retenait Kane au sol.
Kane était sur le point de se lever quand il sentit un agréable parfum lui chatouiller les narines. Il fronça les sourcils quand il remarqua que la couleur améthyste des yeux de Michael vira soudainement à l’obsidienne. Fasciné, il le regarda prendre une profonde inspiration tout en tournant la tête par-dessus son épaule pour regarder en direction de l’escalier.
Michael avala sa salive, sentant le sang d’Aurora. Même si c’en était qu’une petite quantité, c’était suffisant pour attiser sa soif de vengeance momentanément oubliée. En un battement de cils, il s’en alla, disparaissant de la vue de Kane.
Toute la bonne humeur de Kane disparut d’un coup. La seule fois qu’il avait vu un tel regard, c’était quand il avait vu les yeux d’un démon.
- Eh bien... tout ça ne présage rien de bon, pensa-t-il en contemplant le couloir vide.
Kane se releva tout aussi vite pour suivre Michael dans les escaliers. Il ne lui avait pas fallu être diplômé de Saint Cyr pour connaître ce doux parfum et pour savoir d’où il venait. Il entra dans la bibliothèque juste à temps pour voir Michael à genoux à côté d’Aurora, la main dans la sienne.
Aurora tressaillit lorsque Michael apparut soudainement à côté d’elle pour lui prendre la main. Elle fut déconcentrée, tout comme Skye, d’ailleurs, et se demandait ce qu’il était venu faire ici jusqu’à ce qu’il tienne sa main pour inspecter la petite coupure qu’elle s’était faite avec la page du livre. Une seule goutte de sang rouge vif jaillit et elle fronça les sourcils, se demandant s’il n’était pas juste venu inspecter son livre, de peur qu’il soit taché.
Le regardant dans les yeux, elle fut surprise de n’y trouver que peu de taches couleur améthyste éclatante dispersées dans une mer de ténèbres.
- Michael ? chuchota-t-elle en sachant que quelque chose n’allait pas.
Et là, c’est comme si le temps s’était arrêté. Michael porta lentement le doigt blessé à ses lèvres et embrassa la blessure. Incapable de résister à la tentation, il tira la pointe de son doigt dans sa bouche et la suça sensuellement. Mais il en voulait plus que sa saveur, et laissa le bout de son croc glisser doucement dans la coupure.
Aurora se mit à haleter, se sentant
