La Cité Ravagée. Scott Kaelen

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La Cité Ravagée - Scott Kaelen

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toute la guilde. Ce n'est pas que pour l'argent. Par les étoiles, je ne sais même pas ce que je ferais de ma part. Imagine, Dag. Une fois que le mot circulera que nous aurons bravé le fléau, conquis une légende et serons revenus victorieux..."

      "Je ne veux pas prendre le risque de contrarier les dieux, pour aucun dari au monde."

      "Par les étoiles !" Oriken soupira d'exaspération. "Tout ce qu'on a à faire, c'est de rentrer dans une crypte et trouver une babiole rouillée. Tu peux pas te détendre un peu juste cette fois ? Tu pourrais même attendre dehors pendant que Jalis et moi on s'occupe du côté sérieux."

      Demeurant silencieux comme la pierre, Dagra fixait l'offre de contrat du regard.

      "Bon," dit Jalis. "Je doute que les Dyades soient contentes si tu nous laissais Oriken et moi à notre propre sort mais si c'est ta décision, je la respecterai."

      Dagra lui lança un regard furieux. "Ça, c'était vraiment un coup bas."

      Elle haussa les épaules et se leva. "J'accepte le contrat, et Maros le validera. Tu viens, tu viens pas, c'est à toi de voir."

      Il soupira. "Je ne suis pas content de ce truc. Pas content du tout."

      Jalis sourit. "Tu viens, alors ?"

      Dagra voûta ses épaules en signe de défaite. "Je me détesterais s'il vous arrivait quelque chose. Quel choix me reste-t-il ?" Les lèvres serrées, il lança un regard entendu à Oriken. "Ouais, tu auras ma lame juste à côté de la tienne. Comme toujours."

       Chapitre Deux

       Dans les Terres Mortes

      Jalis était allongée sur le ventre, en appui sur les coudes sur la berge, tandis que Dagra et Oriken remplissaient les outres. Une carte de la région était étalée devant elle. Comme elle l'étudiait, elle secoua la tête. "Aucun des hameaux que nous avons vus ces trois derniers jours n'est marqué ici, juste le vieux ringfort que nous avons passé il y a quelques temps."

      "Ça ne me surprend pas," intervint Oriken depuis le ruisseau. "Je ne les appellerais même pas des hameaux, juste un amas de vieilles cabanes délabrées. Et les regards qu'ils nous lançaient, à croire qu'ils nous prennent pour des bandits ou même pire."

      "Ce sont des gens simples ici," dit Dagra en quittant la rive pour s'asseoir près de Jalis. "À vivre en bordure des Terres Mortes, ils ont tous les droits de se méfier des étrangers, surtout s'ils n'en voient probablement jamais. Et les armes que nous transportons n'ont rien pour inspirer confiance." Il tapota le vieux glaive qu'il portait à sa hanche. "Pour eux qui ne savent pas reconnaître un sabreur – ou tout simplement un mercenaire – d'un bandit, on se ressemble tous un peu."

      Oriken se rapprocha d'eux. Il lança à Jalis son outre remplie. "Nous n'avons pas encore besoin de savoir où nous sommes," lui dit-il. "Selon toutes les histoires que l'on raconte par ici, tant qu'on suit la route on finira par atteindre cette ville." Il enleva son chapeau et s'allongea dans l'herbe, les mains repliées derrière la tête.

      "Il ne reste presque rien de la route," bougonna Dagra avec un regard en direction de ce qu'il restait de la Route du Royaume, maintenant envahie de végétation. "Imaginez dans quel état elle pourrait être demain, ou le jour d'après..."

      "Route ou pas," dit Oriken, les yeux plongés dans le ciel d'après-midi, "d'après les Tisseurs de Contes, tant qu'on va vers le sud ou l'ouest, on peut pas se tromper. On y arrivera. Et puis on rebroussera sans doute chemin et on rentrera bredouille. C'est presque tentant de s'arrêter camper pendant quelques semaines et de retourner pour les dix pour cent."

      Jalis leva le nez de sa carte. "Et risquer de perdre les quatre-vingt-dix pour cent restants ? As-tu donc si peu foi en ce que nous ne trouvions ce bijou ?"

      Oriken haussa les épaules. "Je n'ai foi en rien. J'honorerai le contrat, tu le sais. Mais d'après ce que Maros avait dit de Cela, il semble que les corbeaux ont aspiré ce qui lui restait de cerveau. Un nom de famille ! Qui donc a encore ça de nos jours ?" Surprenant le regard de Jalis, il dit : "Bon, d'accord peut-être que toi, tu en as un, et peut-être quelques autres aussi, ceux qui sont venus du continent, mais notre cliente est d'Himaera." Il ricana. "Et elle affirme qu'elle est descendante de Lachyla. Ha !"

      Jalis souleva un sourcil. "Et pourquoi ne le serait-elle pas ?"

      Oriken grogna et ferma les yeux.

      "Il y aurait eu des survivants au fléau," souligna Dagra.

      "Que Cela soit folle ou que ce soit nous," dit Jalis, "nous allons traverser le Plateau de Scapa, découvrir cette soi-disant Cité Ravagée et faire de notre mieux pour trouver cet héritage." Elle jeta un coup d’œil à Dagra. "Quelque chose te préoccupe ?"

      Il lui lança un regard sombre et resta silencieux quelque temps avant de répondre. "Ouais, quelque chose me préoccupe. Tout d'abord," — il se pencha en avant et frappa la carte du doigt là où le symbole de la Tête de Mort trônait au cœur du Plateau de Scapa — "ça, ça me dérange au plus haut point. Il y a une bonne raison pour que personne ne vienne par ici."

      "Ouais, c'est parce que tout Himaera a été abandonnée des dieux," dit Oriken d'une voix endormie. "Nous nous sommes débarrassés du règlement des rois et ce n'était qu'un seul côté de la pièce."

      "Ensuite," continua Dagra tout en lui jetant un regard cinglant, "en supposant un instant que toute cette région soit la plus petite étendue sauvage que nous ayons jamais vue, que se passera-t-il si nous trouvons Lachyla ?"

      Jalis fourra la carte dans son sac à dos. "Qu'est-ce que tu veux dire ?"

      "Dag s'inquiète à propos du cimetière," dit Oriken.

      "Un peu que je m'inquiète, oui ! Ça n'est pas convenable de laisser les gens pourrir comme ça. Et on s'attend à ce qu'on entre dans quelque trou dans la terre rempli de toutes sortes de vieux cadavres non sanctifiés ? Ce que je veux dire, c'est qui diable—"

      "Je vais te dire qui." Jalis se redressa et le regarda droit dans les yeux. "Trois sabreurs qui ont tout le mal du monde à trouver de quoi survivre. L'argent se fait rare, et nous serions complètement idiots de refuser un tel contrat. On a de la chance que Maros nous ait prévenus. Il n'avait pas à le faire."

      "Nous avons nos chambres à la taverne grâce à Maros", souligna Oriken. "Et la nourriture grâce à la guilde elle-même."

      "Quand bien même. Les contrats ces derniers temps ont été minables." Jalis se remit agilement sur pied. "Nous n'avancerons à rien à discuter ici. On a encore quelques heures avant la tombée de la nuit, alors continuons."

      Avec un grognement, Dagra se remit sur ses pieds, attrapa son paquetage et le balança par dessus son épaule. Alors qu'il reprenait la route, Jalis lui emboîta le pas et lança un regard en direction d'Oriken qui se trouvait en appui sur ses coudes.

      "Juste au moment où je me mettais à l'aise," cria-t-il.

      Elle lui fit un clin d'œil et se tourna vers Dagra. "Ça fait cinq ans et il n'a pas changé d'un poil."

      Dagra ricana. "Cinq ans ? Même après vingt-cinq ans. L'homme est aussi paresseux que

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