Programme des Épouses Interstellaires Coffret. Grace Goodwin

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Programme des Épouses Interstellaires Coffret - Grace Goodwin

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d’un partenaire extraterrestre.

      Et si je franchissais les portes du centre de recrutement et allais faire un tour en ville ? Les sales types qui m’ont dénoncée vont envoyer leurs gros bras terminer ce qu’ils ont commencé. S’ils apprennent que je suis toujours sur Terre, je ne vais pas faire de vieux os.

      Je ne suis pas une chochotte. J’ai un sac de voyage, des vêtements propres et de l’argent liquide grâce à un ami qui bosse pour les renseignements à l’étranger, il m’avait conseillé de prendre le minimum vital. J’ai suivi son conseil grâce à Dieu. Je n’ai plus qu’à aller au garde-meuble et recommencer de zéro.

      Je suis libre. Célibataire. Malheureuse. Blessée. Désormais libre de mes mouvements… Et de dénoncer notamment une cohorte de gradés et de politiciens véreux.

      Ces bâtards fourbes me croient partie sur une autre planète. Ce n’est plus leur problème. C’est sûrement le seul truc de bien qui me soit arrivé aujourd’hui.

      Je fais pivoter mes jambes sur le côté de la table et souris, soudain pleine d’allégresse. Je suis peut-être pas assez bien pour une partie de jambes en l’air extraterrestre, mais très calée avec un téléobjectif. C’est mon sniper à moi. Une photo parfaite suffira à ruiner leur réputation, étaler leurs mensonges au grand jour, ruiner leur vie. Si mon appareil était une arme, la liste des hommes à abattre serait longue comme le bras. Si de plus je suis devenue un fantôme, une personne qui n’est plus censée être sur Terre, c’est encore mieux.

      Je saute de la table, agrippe la couverture mais me calme lorsque la pièce se met à tourner. La gardienne Egara tend les bras pour me retenir et je lui adresse un signe de tête en guise de remerciement.

      Je vais y aller, mais mon côté maso me rend curieuse. Si je dois laisser tomber la chance que m’offrait cette planète, alors je veux savoir. « Il s’appelait comment ? »

      La gardienne Egara fronce les sourcils. « Qui ça ?

      – Mon partenaire ? »

      Elle hésite, comme si elle divulguait un secret d’état, et finit par hausser les épaules. « Prince Nial. Le fils aîné du Prime. »

      Je rigole franchement, si j’avais quitté la Terre, je serais devenue une princesse. Accouplée à un prince extraterrestre, j’aurais porté des robes du soir et des chaussures ridicules, mes longs cheveux blonds ne seraient plus lissés en une simple queue de cheval mais rehaussés de pierres précieuses et bouclés, comme l’aurait exigé mon statut royal. Mon Dieu, il aurait fallu que je mette du mascara et du rouge à lèvres, ma peau claire est belle au naturel, sans maquillage.

      Une princesse ? Pas question. C’est peut-être pour ça que j’ai été recalée. Je ne suis pas du tout une Cendrillon.

      « C’est pas plus mal, gardienne. J’suis pas vraiment une princesse. » Je suis plus à l’aise avec un poignard qu’à manier la langue de bois avec les politiques, plus calée avec un fusil que sur une piste de danse. Ce sont les faits, malheureusement. Le Prince Nial n’a pas perdu grand-chose au change.

      À part moi.

      Le prince sera peut-être mieux sans moi. Ce n’est pas pour autant que, tout au fond de moi, je n’éprouve rien en repensant à la cérémonie d’accouplement, je rêve parfois de savoir ce que ça fait d’être aimée, désirée, baisée et possédée par ses partenaires.

       Le Prince Nial de Prillon Prime, à bord du Cuirassé Deston

      Je me dirige vers l’écran de contrôle pour m’entretenir avec mon père, apathique. J’ai l’impression d’être vide, de peser moins lourd qu’un gamin. C’est la meilleure façon d’affronter mon père, ne pas montrer d’émotions.

      Il est impossible de retirer les implants cyborg microscopiques implantés dans mon organisme lors de mon séjour dans la Chambre d’Intégration de la Ruche, sans me tuer. Je suis par conséquent considéré comme contaminé, je constitue un risque pour les hommes placés sous mes ordres et le peuple de ma planète. Je suis traité comme un voyou extrêmement dangereux. C’est du moins ce que tout le monde croit. Les guerriers contaminés par la technologie de la Ruche sont carrément exilés dans des colonies pour le restant de leurs jours, ils y effectuent des tâches pénibles. Ils ne se marient pas. Et surtout ils ne deviennent jamais Prime des deux mondes Prillon.

      Mon droit d’aîné, en tant qu’héritier du Prime et prince de mon peuple, m’a permis d’éviter l’exil dans les colonies, mais une chose compte plus que tout à mes yeux, et il ne s’agit pas de la personne qui s’affiche devant moi à l’écran.

      Je fixe le visage délibérément dénué d’expression d’un homme ayant le double de mon âge. Il me ressemble, en plus vieux, sans implants cyborg. Il est immense, un visage sévère, son armure le fait paraître plus grand que ses deux mètres dix. C’est le Prime des deux planètes peuplées d’immenses guerriers. Il se doit d’être fort. Ses ennemis auraient sa peau au moindre signe de faiblesse.

      Je suis son maillon faible. Je suis son voyou de fils, devenu une dangereuse menace cyborg.

      « Père. » Je m’incline en guise de salutation, malgré la colère qui coule dans mes veines. C’est peut-être mon parent biologique, mais ce n’est pas mon père.

      « Nial, j’ai parlé au Commandant Deston. J’ai rempli le formulaire officiel pour t’envoyer dans les colonies. »

      Je serre les dents pour ne pas répondre immédiatement. Je feins l’indifférence. Ainsi, mon statut d’héritier royal du trône ne me prémunit pas contre l’exil. Il n’en a rien à foutre que je sois son fils. Je suis atteint et ruiné par la Ruche, et pas foutu de régner. Ni d’être son fils.

      On lui tend une tablette, il lit attentivement son contenu tout en continuant à me parler, sans prendre la peine de me regarder. « Je pars sur le front dans quelques jours pour rendre visite à nos guerriers et évaluer l’état de plusieurs de nos anciens cuirassés. Ton transfert devra être effectif à mon retour. »

      J’inspire profondément et essaie d’employer une voix aussi neutre et aimable que la sienne. « Je vois. Et mon épouse ? Elle aurait dû arriver depuis trois jours.

      – Tu n’as pas le droit de prendre épouse. Je suis tombé d’accord avec le Conseiller Harbart. Sa fille sera ta partenaire. »

      Je ne peux m’empêcher d’agripper le fauteuil devant moi de toutes mes forces.

      « Harbart est un ignoble lâche qui voulait m’assassiner, ainsi que l’épouse du Commandant Deston. Pourquoi épouserais-je sa fille ? »

      Le Prime arque un sourcil et me regarde d’un air perplexe. « La question n’est plus d’actualité puisque tu … ne peux prendre épouse. Tu n’en prendras aucune. Le transfert de ton épouse terrienne a été annulé bien entendu. Les guerriers contaminés ne peuvent avoir l’honneur de prendre épouse. Tu le sais bien. Elle sera accouplée à un autre guerrier qui n’est pas… »

      Il s’interrompt et penche la tête, il me dévisage. Je le laisse me regarder. S’il était un vrai père, il verrait plus loin que les modifications cyborg de la Ruche et comprendrait que je suis toujours la même personne,

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