Mercedes Sosa – Une Légende. Anette Christensen

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Mercedes Sosa – Une Légende - Anette Christensen

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de jouets. Heureusement, ils vivent à proximité du parc local, nommé Parque9de Julio, jour de sa naissance, mais aussi date de l’indépendance de l’Argentine. Le parc devient leur deuxième maison.

      En grandissant, Mercedes aime y jouer avec ses frères et sœurs et les autres enfants de leur modeste quartier. 4 Elle se montre toujours joyeuse et elle se lie facilement d’amitié avec les autres. Mais parfois, elle préfère s’isoler et grimpe à son arbre préféré. Elle aime s’asseoir appuyée contre l’écorce tout en regardant les insectes bourdonner autour d’elle. Mercedes est une enfant robuste. Pourtant son côté sensible et réfléchi la mène à se demander pourquoi certaines personnes naissent riches tandis que d’autres demeurent pauvres. Très tôt dans sa vie, elle développe une conscience du bien et du mal. Cette sensibilité nait tout simplement en voyant ses parents travailler dur pour éloigner la faim de leur maison. Malgré leurs efforts, ils n’ont pas toujours les moyens d’acheter la nourriture pour leurs enfants. Pour les distraire de leur faim, ils les emmènent jouer au parc tous les soirs à l’heure du dîner. 3 Mercedes manifeste une préférence pour les samedis, le jour où son père reçoit sa paye. La famille peut alors apprécier des spaghettis au beurre pour le dîner, le seul repas chaud de toute la semaine. Souvent, la nuit, la faim la tient éveillée pendant des heures. 4

      Pourtant, plus tard dans sa vie, Mercedes évoquera une enfance heureuse. « Je ne souhaite pas pleurer comme quelqu’un qui a vécu dans la faim, la pauvreté et le froid. J’ai vécu mon enfance dans une maison pauvre et pourtant réchauffée par des sentiments profonds. Mes frères et sœurs et moi-même avons toujours reçu l’essentiel, car nous n’avons jamais manqué d’amour. À cet égard, nous étions millionnaires. Nos parents n’ont pas seulement sacrifié leur vie, ils ont aussi fait preuve de sagesse. Ils ne nous ont jamais imposé le fardeau de leurs sacrifices. Ils nous ont donné tout ce qu’ils pouvaient, sans nous révéler comment ils parvenaient à surmonter leurs difficultés. »5

      Mercedes n’oubliera jamais l’état d’esprit de pauvreté avec lequel elle a grandi. Il façonne sa conscience sociale et lui inspire une grande sympathie pour les pauvres, qui, ainsi que l’amour de ses parents, façonnent son idéologie et fournissent la base solide sur laquelle elle continuera à se battre. À l’âge adulte, elle conclut: « La pauvreté nous a toujours pourchassés, mais elle ne nous a jamais brisés. Elle nous a seulement aidés à devenir libres et à choisir notre façon de penser. »3

      Mercedes entretient une relation privilégiée avec ses grands-parents. Son grand-père maternel est à moitié français. Ses grands-parents paternels sont amérindiens avec des racines quechuas, descendants de l’Empire inca. Mercedes n’est pas consciente de ses origines indiennes avant la mort de sa grand-mère qui dans son délirium commence à parler quechua. Sa nouvelle découverte lui inculque un amour pour les peuples autochtones et leur culture, une affection qui l’accompagnera tout au long de sa vie. 2

      Lorsque Mercedes commence à aller à l’école, elle apprend rapidement à écrire. Elle aime lire. À la maison quand Ema commence à cuisiner, elle lui demande de sortir de la cuisine. Elle va alors dans sa chambre où elle peut s’adonner au plaisir d’un bon ouvrage.6 Ema attache une grande importance à l’éducation de sa fille. Elle la pousse à acquérir toutes les connaissances possibles et Mercedes ne s’y oppose jamais. Son avide curiosité la pousse à absorber les mots d’un livre après l’autre comme une éponge. La lecture élargit ses horizons et lui donne une compréhension de l’histoire, de la culture et de personnes d’horizons différents. Mercedes chante et danse également pendant toute son enfance. Pour elle, c’est comme marcher et parler. Pourtant, elle reste timide et n’aime pas jouer pour les autres.

      Puis un jour, en octobre1950, à l’âge de quinze ans, son professeur de musique scolaire, Josefina Pesce de Médici, découvre son don pour la chanson. Pour encourager le talent de Mercedes, elle lui demande de diriger la chorale de l’école en chantant l’hymne national lors d’une fête scolaire. Mercedes essaie de se cacher à l’arrière, mais Médici lui demande de se mettre devant tous les professeurs, ses camarades et leurs parents, et de chanter haut et fort. Malgré sa nervosité et sa terreur, elle s’en sort si bien que sa professeure et certains de ses amis décident, sans le lui dire, de l’inscrire à un concours à la radio locale. « Je me souviens avoir chanté toute ma vie. Cependant, chanter à la maison et chanter pour le monde extérieur sont deux choses très différentes. La date était fixée. J’avais quinze ans et, un jour, l’école a fini deux heures plus tôt. La station de radio de la ville, LV12 avait lancé un concours. Je me suis présentée avec l’intention de jouer plutôt que de chanter. »5Mercedes choisit de chanter Triste estoy (je suis triste), une zamba de Margarita Palacios, sous le pseudonyme de Gladys Osorio. Elle remporte le concours et signe un contrat de deux mois avec la station de radio en guise de récompense. Ce sera le premier tremplin de sa longue carrière. Mercedes sait déjà qu’elle veut passer le reste de sa vie à chanter. Une étoile est née.

      Sa mère apprend sa participation au concours, mais pas Ernesto, son père. Elles savent bien qu’il n’approuvera pas. Il le découvre de toute façon. Il a reconnu la voix de sa fille à la radio, et il s’énerve. Quand Mercedes rentre à la maison, il la gifle pour la première fois. Il ne veut pas que sa fille devienne chanteuse. Il pense que cette carrière l’éloignera de la famille et la conduira vers un style de vie sauvage et dissolue. Il ne croit pas à un avenir souriant dans le monde artistique. Il veut que ses enfants reçoivent une éducation et qu’ils surpassent sa qualité de vie. Mercedes est mineure, et le contrat de deux mois avec la station de radio exige la signature de ses parents. Ema refuse de signer dans le dos de son mari. Cette femme intelligente sait travailler sur son mari et, après un effort de persuasion, il finit par céder. Il signe le contrat à condition que Mercedes reçoive une éducation. Pour lui faire plaisir, elle décide de devenir professeure de danse et d’étudier la danse traditionnelle latino-américaine, comme la chacarera, la milonga et la zamba.

      Dans la région où elle grandit, l’influence de la culture indigène de la Bolivie voisine l’inspire à devenir une chanteuse folklorique. Elle pourrait facilement s’orienter vers l’opéra et elle l’envisage pendant un certain temps. Son choix de formation s’avère un avantage pour sa carrière d’artiste. Mais elle ne peut pas arrêter de chanter et continue de recevoir de nombreuses invitations à se produire lors d’événements publics. Ses parents n’ont d’autre choix que de s’habituer à l’idée et, petit à petit, ils y parviennent. Bientôt, toute la famille la suit partout où elle va. 4

      Mercedes aime chanter, et elle chante souvent devant un public, pourtant monter sur scène reste un immense défi chaque fois. Elle se montre toujours timide et, malgré les apparences, elle souffre d’une grande peur scénique. Elle sait qu’elle doit surmonter cette peur si elle veut réaliser son rêve.

      EMA ET Ernesto s’intéressent à la politique. Ils n’adhèrent à aucun parti, mais ils soutiennent Juan Perón, et plus encore sa femme, Evita, qu’ils admirent pour sa beauté extérieure et son impact. Comme eux, Evita vient d’une région pauvre du pays. Contrairement à eux, elle a réussi à sortir de la pauvreté comme actrice et peut-être leur fille y parviendra-t-elle aussi. Maintenant, depuis que son mari a pris le pouvoir, Eva est responsable du ministère de l’Emploi ainsi que du ministère de la Santé. Elle se concentre sur les réformes qui visent à aider les plus pauvres de la population. Elle fonde une organisation caritative, la Fondation Eva Perón, chargée de construire des maisons, des écoles, des hôpitaux et des maisons pour enfants. Evita se trouve également derrière la législation qui donne aux femmes le droit de voter pour la première fois. Elle est une héroïne aux yeux de la classe ouvrière. Des millions d’Argentins l’aiment, même si l’aile droite de la société lui reste farouchement opposée.

      À dix-sept

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