Mercedes Sosa – Une Légende. Anette Christensen

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Mercedes Sosa – Une Légende - Anette Christensen

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style="font-size:15px;">      EN1957, Mercedes rencontre Manuel Oscar Matus, compositeur et guitariste passionné de musique traditionnelle latino-américaine, tout comme Mercedes. Elle tombe raide dingue de lui et ses chansons malgré le fait qu’elle soit déjà fiancée à quelqu’un d’autre. « J’étais sur le point d’épouser un homme riche, mais j’ai épousé un homme pauvre. Je ne l’ai jamais regretté. Cet homme pauvre est l’auteur des plus belles chansons que j’ai chantées. Si je ne l’avais pas épousé, j’aurais commis une énorme erreur. »3 Elle trouve Oscar également beau et charmant, et ses idéaux de gauche éloquents. Ils se marient le 5juillet1957. Mercedes ne veut pas quitter Tucumán, où elle a vécu toute sa vie, mais Oscar la convainc de s’installer à Mendoza, dans le centre ouest du pays. La ville sert de point de rencontre culturel pour les artistes, où de nombreuses nouvelles amitiés bénéfiques se forgent. Mercedes tombe bientôt enceinte et le 20décembre1958, elle donne naissance à un fils, Fabián. Gagner sa vie avec sa musique représente un énorme défi. La jeune famille éprouve des difficultés financières et vit dans de mauvaises conditions qui rappellent son enfance à Mercedes. Même s’ils aimeraient rester à Mendoza, les perspectives menaçantes les obligent à déménager à Buenos Aires. Ils laissent derrière eux les amis et les parents proches et ils commencent le voyage vers une vie meilleure et plus stable. 8

      Pourtant, même dans la capitale, ils découvrent rapidement qu’ils ne parviennent pas à vivre seulement de leur musique, alors ils effectuent des travaux de nettoyage et travaillent comme portiers de nuit dans les hôtels. Mercedes, comme ses parents avant elle, souffre du fardeau de ne pas pouvoir nourrir sa famille. Quand elle va au marché, elle achète les restes de côtes sans viande, les os donnent du goût à la soupe qu’elle cuisine. Pour la première fois de sa vie, elle se sent découragée et déprimée. Elle avait imaginé une tout autre vie pour elle et pour son fils.

      Artistiquement, Oscar Matus représente une inspiration formidable pour Mercedes. Elle éprouve une grande joie à chanter ses chansons. Il l’encourage à se consacrer encore plus aux traditions musicales latino-américaines originales. Il partage son enthousiasme à faire revivre la musique folklorique, genre sur le point d’être oublié en raison de la marche en avant de la musique contemporaine. Il est le producteur de ses deux premiers albums, La voz de la zafra (la voix de la récolte) et Canciónes con fundamento (chansons avec fondement). Ils donnent souvent des concerts pour les étudiants sur le campus de l’Université de Buenos Aires, où Mercedes jouit d’une reconnaissance considérable de la part des étudiants passionnés par sa voix et sa personnalité engageante. Elle prend toujours le temps de leur parler et d’écouter leurs idées. Mais concurremment, à mesure que sa popularité augmente, une jalousie artistique surgit chez Oscar et leur mariage en subit les conséquences. La pression financière toujours présente malgré les récents succès de Mercedes, affecte davantage leur union. Peu importe son affection pour la musique d’Oscar, elle met en doute la durabilité de leur mariage. Seule leur passion pour la musique semble les maintenir ensemble.

      LE MOUVEMENT DE LA NUEVA canción (littéralement de la nouvelle chanson) commence au Chili sous l’influence de Violeta Parra et Víctor Jara. Dans les années soixante et soixante-dix, il se répand dans toute l’Amérique latine. Il est associé à la musique révolutionnaire. Ses musiciens aspirent à s’unir à leurs auditeurs pour revendiquer une démocratie et une justice sociale, dans l’espoir de réaliser un changement social et politique à travers la musique. Les paroles mettent en lumière des problèmes tels que la pauvreté, l’impérialisme, la démocratie, les droits de l’homme et la liberté religieuse. Elles s’identifient aux personnes marginalisées en mettant des mots sur leurs luttes et leurs espoirs. La chanson Plegaria a un Labrador (prière à un laboureur) de Víctor Jara, par exemple, traite de la nécessité de réformes agricoles, donnant aux agriculteurs le droit de posséder la terre qu’ils cultivent:

      Libère-nous de celui qui nous accable dans la pauvreté,

      Apporte-nous ton royaume de justice et d’égalité,

      Souffle, comme le vent, sur la fleur du précipice,

      Nettoie, comme le feu, le canon de mon fusil,

      Que ta volonté s’accomplisse enfin ici sur Terre,

      Donne-nous ta force et ton courage au combat.

      Les gouvernements oppressifs perçoivent comme des menaces ces ballades chargées de messages politiques enveloppés de métaphores évocatrices et poétiques. L’une des chansons préférées de Mercedes est Como la Cigarra (comme la cigale), de l’artiste argentine, poète et écrivaine de livre pour enfants, María Elena Walsh. À bien des égards, elle équivaut à sa propre lutte et sa résilience:

      Tant de fois, on me tua,

      Tant de fois, je mourus,

      Et pourtant me voilà,

      Je ressuscite.

      Je remercie la malchance

      Et la main serrant le poignard

      Elle m’a si mal tuée

      Et j’ai continué à chanter.

      Je chante au soleil

      Comme la cigale

      Après un an sous terre

      Comme le survivant,

      Qui revient de la guerre.

      Mercedes Sosa et Oscar Matus sont les figures clés du mouvement Nueva canción (littéralement « nouvelle chanson ») en Argentine. Ils désirent échanger des idées avec des artistes et des mouvements à travers l’Amérique latine. À Mendoza le 11février1963, ils rencontrent onze autres artistes et poètes pour rejoindre le mouvement Nuevo Cancionero (Manifiesto Fundacional del Nuevo Canciónero). Le mouvement met l’accent sur l’histoire et les racines culturelles indigènes du continent, en utilisant des instruments folkloriques comme la flûte andine, la quena, les flûtes de pan et le charango à dix cordes. 9

      En Argentine, Mercedes et Oscar travaillent en étroite collaboration avec Armando Tejada Gómez, un poète argentin vivant à Mendoza. Gomez écrit les chansons, Matus compose la musique et Mercedes Sosa apporte la voix pour relier les deux. Mercedes n’écrit jamais ses propres chansons, sa force réside dans l’interprétation des chansons des autres et en sa façon de se les approprier. « Je tombe amoureuse d’une chanson comme on tombe amoureuse d’un homme. J’aime ce que je chante »3, dit-elle. Víctor Jara et Violeta Parra du Chili écrivent plusieurs de ses chansons. Gracias a la vida (merci à la vie) par Violeta Parra devient l’une des chansons les plus connues du mouvement dans le monde entier. Mercedes l’interprète de manière remarquablement convaincante et personnelle, à tel point que la chanson devient définitivement sa marque. Joan Baez la chante aux États-Unis. Elle utilise également sa popularité comme véhicule de protestation sociale pour exprimer des vues anti-impérialistes qui résultent de la guerre du Vietnam.

      OSCAR MATUS est un communiste fervent et soutient les méthodes militantes. Mercedes le rejoint dans le parti, mais elle ne parvient pas à accepter son approche militante alors elle démissionne peu de temps après. Malgré la brièveté de son appartenance au Parti communiste, elle portera pour le reste de sa vie l’étiquette de membre. Les politiciens de droite la stigmatisent comme communiste et la considèrent comme une menace. Pendant ce temps, les communistes profitent de la présence de son nom sur leurs listes de membres, tout en lui reprochant de ne pas se montrer une « vraie » communiste, car elle ne rompt pas avec l’Église catholique. Cependant, Mercedes ne permet à personne de la placer dans une

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