Les vacances / Каникулы. Книга для чтения на французском языке. София де Сегюр
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Читать онлайн книгу Les vacances / Каникулы. Книга для чтения на французском языке - София де Сегюр страница 2
Les enfants ne se firent point répéter une si agréable invitation[10]; ils descendirent en courant et se trouvèrent dans la salle à manger, autour d’une table couverte de fruits et de gâteaux.
Tout en mangeant, ils formaient des projets pour le lendemain.
Léon arrangeait une partie de pêche, Jean arrangeait des lectures à haute voix. Jacques dérangeait tout; il voulait passer toute la journée avec Marguerite pour attraper des papillons et les piquer dans ses boîtes, pour dénicher des oiseaux, pour jouer aux billes, pour regarder et copier les images. Il voulait avoir Marguerite le matin, l’après-midi, le soir. Elle demandait qu’il lui laissât la matinée jusqu’au déjeuner pour travailler.
Impossible! c’est le meilleur temps pour attraper les papillons.
Eh bien, laisse-moi travailler d’une heure à trois.
Encore plus impossible; c’est justement le temps qu’il nous faudra pour arranger nos papillons, étendre leurs ailes, les piquer sur les planches de liège.
Comment, les piquer! Pauvres bêtes! Je ne veux pas les faire souffrir et mourir si cruellement.
Ils ne souffriront pas du tout; je leur serre la poitrine pour les étouffer avant de les piquer; ils meurent tout de suite.
Tu es sûr qu’ils meurent, qu’ils ne souffrent plus?
Très sûr, puisqu’ils ne bougent plus.
Mais, Jacques, tu n’as pas besoin de moi pour arranger tes papillons?
Oh! ma petite Marguerite, tu es si bonne, je t’aime tant! je m’amuse tant avec toi et je m’ennuie tant tout seul!
Et pourquoi veux-tu avoir Marguerite pour toi tout seul? Nous voulons aussi l’avoir; quand nous pêcherons, elle viendra avec nous.
Vous êtes déjà cinq! Laissez-moi ma chère Marguerite pour m’aider à arranger mes papillons…
Écoute, Jacques. Je t’aiderai pendant une heure; ensuite nous irons pêcher avec Léon.»
Jacques grogna un peu. Léon et Jean se moquèrent de lui. Camille et Madeleine l’embrassèrent et lui firent comprendre[11] qu’il ne fallait pas être égoïste, qu’il fallait être bon camarade et sacrifier quelquefois son plaisir à celui des autres. Jacques avoua qu’il avait tort, et il promit de faire tout ce que voudrait sa petite amie Marguerite.
Le goûter était fini; les enfants demandèrent la permission d’aller se promener et partirent en courant à qui arriverait le plus vite au jardin de Camille et de Madeleine. Ils le trouvèrent plein de fleurs, très bien bêché et bien cultivé.
Il vous manque une petite cabane pour mettre vos outils, et une autre pour vous mettre à l’abri de la pluie, du soleil et du vent.
C’est vrai, mais nous n’avons jamais pu réussir à en faire une; nous ne sommes pas assez fortes.
Eh bien, pendant que nous sommes ici, Jean et moi nous bâtirons une maison.
Et moi aussi, j’en bâtirai une pour Marguerite et pour moi.
Ha! ha! ha! Voilà un fameux ouvrier! Est-ce que tu sauras comment t’y prendre?
Oui, je le saurai, et je la ferai.
Nous t’aiderons, mon petit Jacques, et je suis bien sûre que Léon et Jean t’aideront aussi.
Je veux bien que tu m’aides, toi, Madeleine, et Camille aussi, et Sophie aussi; mais je ne veux pas de Léon, il est trop moqueur.
Et moi, Jacques, Ta Grandeur voudra-t-elle accepter mon aide?
Non, monsieur, je ne veux pas de toi non plus; je veux te montrer que Ma Grandeur est bien assez puissante pour se passer de toi[12].
Mais comment feras-tu, mon pauvre Jacques, pour atteindre au haut d’une maison assez grande pour nous tenir tous?
Vous verrez, vous verrez; laissez-moi faire: j’ai mon idée.»
Et il dit quelques mots à l’oreille de Marguerite, qui se mit à rire et lui répondit bas aussi:
«Très bien, très bien, ne leur dis rien jusqu’à ce que ce soit fini.»
Les enfants continuèrent leur promenade; on mena les cousins au potager, où ils passèrent en revue tous les fruits, mais sans y toucher, puis à la ferme, où ils visitèrent la vacherie, la bergerie, le poulailler, la laiterie; ils étaient tous heureux; ils riaient, ils couraient, grimpant sur des arbres, sautant des fossés, cueillant des fleurs pour en faire des bouquets qu’ils offraient à leurs cousines et à leurs amies. Jacques donnait les siens à Marguerite. Ceux de Jean étaient pour Madeleine et Sophie; Léon réservait les siens à Camille. Ils ne rentrèrent que pour dîner. La promenade leur avait donné bon appétit; ils mangèrent à effrayer leurs parents. Le dîner fut très gai. Aucun d’eux n’avait peur de ses parents: pères, mères, enfants riaient et causaient gaiement. Après le dîner, on fit tous ensemble une promenade dans les champs, et l’on rapporta une quantité de bluets[13]; le reste de la soirée se passa à faire des couronnes pour les demoiselles; Léon, Jean, Jacques aidaient; ils coupaient les queues trop longues, préparaient le fil, cherchaient les plus beaux bluets. Enfin arriva l’heure du coucher des plus jeunes. Sophie, Marguerite et Jacques, puis des plus grands, et enfin l’heure du repos pour les parents. Le lendemain on devait commencer les cabanes, attraper des papillons, pêcher à la pièce d’eau, lire, travailler, se promener; il y avait de l’occupation pour vingt-quatre heures au moins.
II. Les cabanes
Les enfants étaient en vacances, et tous avaient congé; les papas et les mamans avaient déclaré que, pendant six semaines, chacun ferait ce qu’il voudrait du matin au soir, sauf deux heures réservées au travail.
Le lendemain de l’arrivée des cousins, on s’éveilla de grand matin[14].
Marguerite sortit sa tête de dessous sa couverture et appela Sophie, qui dormait profondément; Sophie se réveilla en sursaut et se frotta les yeux.
«Quoi? qu’est-ce? Faut-il partir? Attends, je viens.»
En disant ces mots, elle retomba endormie sur son oreiller.
Marguerite allait recommencer, lorsque la bonne, qui couchait
10
les enfants ne se firent point répéter une si agréable invitation – детям не надо было повторять дважды столь приятное приглашение
11
lui firent comprendre – дали ему понять
12
se passer de toi – обойтись без тебя
13
bluets
14
s’éveilla de grand matin – проснулись рано утром