Le mystère de la chambre jaune / Тайна желтой комнаты. Книга для чтения на французском языке. Гастон Леру

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Le mystère de la chambre jaune / Тайна желтой комнаты. Книга для чтения на французском языке - Гастон Леру Roman policier (Каро)

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de Paris, qui désirerait lui parler.

      – Je n'en sais rien, monsieur Rouletabille, répliqua Fred en serrant la main de mon ami, car il avait eu l'occasion de le rencontrer plusieurs fois au cours de ses enquêtes les plus difficiles… Je ne l'ai pas vu.

      – Les concierges nous renseigneront sans doute? fit Rouletabille en désignant une maisonnette de briques dont porte et fenêtres étaient closes et qui devait inévitablement abriter ces fidèles gardiens de la propriété.

      «Les concierges ne vous renseigneront point, monsieur Rouletabille.

      – Et pourquoi donc?

      – Parce que, depuis une demi-heure, ils sont arrêtés!…

      – Arrêtés! s'écria Rouletabille… Ce sont eux les assassins!…

      Frédéric Larsan haussa les épaules.

      «Quand on ne peut pas, dit-il, d'un air de suprême ironie, arrêter l'assassin, on peut toujours se payer le luxe de découvrir les complices!

      – C'est vous qui les avez fait arrêter, monsieur Fred?

      – Ah! non! par exemple! je ne les ai pas fait arrêter, d'abord parce que je suis à peu près sûr qu'ils ne sont pour rien dans l'affaire, et puis parce que…

      – Parce que quoi? interrogea anxieusement Rouletabille.

      – Parce que… rien… fit Larsan en secouant la tête.

      – «Parce qu'il n'y a pas de complices!» souffla Rouletabille.

      Frédéric Larsan s'arrêta net, regardant le reporter avec intérêt.

      «Ah! Ah! Vous avez donc une idée sur l'affaire… Pourtant vous n'avez rien vu, jeune homme… vous n'avez pas encore pénétré ici…

      – J'y pénétrerai.

      – J'en doute… la consigne est formelle.

      – J'y pénétrerai si vous me faites voir M. Robert Darzac… Faites cela pour moi… Vous savez que nous sommes de vieux amis… Monsieur Fred… je vous en prie… Rappelez-vous le bel article que je vous ai fait à propos des «Lingots d'or». Un petit mot à M. Robert Darzac, s'il vous plaît?»

      La figure de Rouletabille était vraiment comique à voir en ce moment. Elle reflétait un désir si irrésistible de franchir ce seuil au-delà duquel il se passait quelque prodigieux mystère; elle suppliait avec une telle éloquence non seulement de la bouche et des yeux, mais encore de tous les traits, que je ne pus m'empêcher d'éclater de rire. Frédéric Larsan, pas plus que moi, ne garda son sérieux.

      Cependant, derrière la grille, Frédéric Larsan remettait tranquillement la clef dans sa poche. Je l'examinai.

      C'était un homme qui pouvait avoir une cinquantaine d'années. Sa tête était belle, aux cheveux grisonnants, au teint mat, au profil dur; le front était proéminent; le menton et les joues étaient rasés avec soin; la lèvre, sans moustache, était finement dessinée; les yeux, un peu petits et ronds, fixaient les gens bien en face d'un regard fouilleur qui étonnait et inquiétait. Il était de taille moyenne et bien prise; l'allure générale était élégante et sympathique. Rien du policier vulgaire. C'était un grand artiste en son genre, et il le savait, et l'on sentait qu'il avait une haute idée de lui-même. Le ton de sa conversation était d'un sceptique et d'un désabusé. Son étrange profession lui avait fait côtoyer tant de crimes et de vilenies qu'il eût été inexplicable qu'elle ne lui eût point un peu «durci les sentiments», selon la curieuse expression de Rouletabille.

      Larsan tourna la tête au bruit d'une voiture qui arrivait derrière lui. Nous reconnûmes le cabriolet qui, en gare d'Épinay, avait emporté le juge d'instruction et son greffier.

      «Tenez! fit Frédéric Larsan, vous vouliez parler à M. Robert Darzac; le voilà!»

      Le cabriolet était déjà à la grille et Robert Darzac priait Frédéric Larsan de lui ouvrir l'entrée du parc, lui disant qu'il était très pressé et qu'il n'avait que le temps d'arriver à Épinay pour prendre le prochain train pour Paris, quand il me reconnut. Pendant que Larsan ouvrait la grille, M. Darzac me demanda ce qui pouvait m'amener au Glandier dans un moment aussi tragique. Je remarquai alors qu'il était atrocement pâle et qu'une douleur infinie était peinte sur son visage.

      «Mlle Stangerson va-t-elle mieux? demandai-je immédiatement.

      – Oui, fit-il. On la sauvera peut-être. Il faut qu'on la sauve.»

      Il n'ajouta pas «ou j'en mourrai», mais on sentait trembler la fin de la phrase au bout de ses lèvres exsangues.

      Rouletabille intervint alors:

      «Monsieur, vous êtes pressé. Il faut cependant que je vous parle. J'ai quelque chose de la dernière importance à vous dire.»

      Frédéric Larsan interrompit:

      «Je peux vous laisser? demanda-t-il à Robert Darzac. Vous avez une clef ou voulez-vous que je vous donne celle-ci?

      – Oui, merci, j'ai une clef. Je fermerai la grille.»

      Larsan s'éloigna rapidement dans la direction du château dont on apercevait, à quelques centaines de mètres, la masse imposante.

      Robert Darzac, le sourcil froncé, montrait déjà de l'impatience. Je présentai Rouletabille comme un excellent ami; mais, dès qu'il sut que ce jeune homme était journaliste, M. Darzac me regarda d'un air de grand reproche, s'excusa sur la nécessité où il était d'atteindre Épinay en vingt minutes, salua et fouetta son cheval. Mais déjà Rouletabille avait saisi, à ma profonde stupéfaction, la bride, arrêté le petit équipage d'un poing vigoureux, cependant qu'il prononçait cette phrase dépourvue pour moi du moindre sens:

      «Le presbytère n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat.»

      Ces mots ne furent pas plutôt sortis de la bouche de Rouletabille que je vis Robert Darzac chanceler; si pâle qu'il fût, il pâlit encore; ses yeux fixèrent le jeune homme avec épouvante et il descendit immédiatement de sa voiture dans un désordre d'esprit inexprimable.

      «Allons! Allons!» dit-il en balbutiant.

      Et puis, tout à coup, il reprit avec une sorte de fureur:

      «Allons! monsieur! Allons!»

      Et il refit le chemin qui conduisait au château, sans plus dire un mot, cependant que Rouletabille suivait, tenant toujours le cheval. J'adressai quelques paroles à M. Darzac… mais il ne me répondit pas. J'interrogeai de l'œil Rouletabille, qui ne me vit pas.

      VI. Au fond de la chênaie

      Nous arrivâmes au château. Le vieux donjon se reliait à la partie du bâtiment entièrement refaite sous Louis XIV par un autre corps de bâtiment moderne, style Viollet-le-Duc, où se trouvait l'entrée principale. Je n'avais encore rien vu d'aussi original, ni peut-être d'aussi laid, ni surtout d'aussi étrange en architecture que cet assemblage bizarre de styles disparates. C'était monstrueux et captivant. En approchant, nous vîmes deux gendarmes qui se promenaient devant une petite porte ouvrant sur le rez-de-chaussée du donjon. Nous apprîmes bientôt que, dans ce rez-de-chaussée, qui était autrefois une prison et qui servait maintenant de chambre de débarras, on avait

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