Œuvres complètes de lord Byron, Tome 11. George Gordon Byron
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LETTRE CCXXXVII
20 février 1816.
«Je vous ai écrit ce matin à la hâte, par le canal de Murray, pour vous dire que je ferai avec plaisir ce que vous et Mackintosh m'avez suggéré au sujet de M. ***. Mais comme je n'ai jamais vu M. *** qu'une seule fois, et n'ai aucun titre à sa connaissance, je pense qu'il vaudra mieux que sir J. et vous arrangiez cette affaire de la manière la moins offensante pour sa délicatesse, et sans qu'il y ait de ma part apparence d'intrusion ou de vouloir me montrer officieux. J'espère que vous y pourrez réussir, car il me serait très-pénible de rien faire à son égard qui pût paraître indélicat. La somme offerte par Murray est de 1,500 livres sterling; – je l'ai refusée, d'abord parce que je l'ai regardée comme au-delà de la valeur que ces deux ouvrages pouvaient avoir pour Murray, et d'après quelques autres motifs de peu d'importance. J'ai cependant, d'après votre suggestion et celle de sir J., terminé avec Murray, et je propose de faire passer à M. *** la somme de 600 livres sterling, de la manière qui paraîtra la plus convenable à votre ami: je destine le reste pour d'autres objets.
»Comme Murray a offert librement cet argent en paiement des manuscrits, l'affaire peut être terminée de suite. Je suis prêt à signer et à apposer mon sceau immédiatement, et peut-être sera-ce aussi bien de n'y pas mettre de retard. Je serai charmé d'être de quelque utilité à M. ***; seulement épargnez-lui les tourmens de ces sortes d'affaires, et la pensée d'avoir contracté une obligation, enfin tout ce qui amène les gens à se haïr.
»Votre très-sincèrement dévoué,»B.
Les autres objets dont il parle ici ont rapport à l'intention où il était de partager le reste de cette somme entre deux auteurs célèbres dans la littérature, et qui avaient également besoin d'un tel secours, M. *** et M. Mathurin. Ce projet cependant, quoique conçu avec la plus grande sincérité par le poète, ne s'exécuta pas. M. Murray, qui connaissait bien les fâcheuses extrémités où Lord Byron lui-même se trouvait réduit, et qui prévoyait qu'il pourrait venir un tems où il serait bien aise de trouver cet argent, malgré la manière dont il était gagné, refusa d'en faire l'avance, lorsqu'il apprit l'usage auquel il était destiné, alléguant que, quoique engagé, non-seulement par sa parole, mais encore par sa volonté, à en payer le montant à Lord Byron, il ne se croyait pas obligé à s'en dessaisir en faveur des autres. On verra dans la lettre suivante combien le noble poète, menacé lui-même de saisies de tous côtés, mit de vivacité à le presser sur ce point.
LETTRE CCXXXVIII
22 février 1816.
«Quand je refusai la somme que vous m'offriez, et même me pressiez d'accepter, c'était en raison d'une publication séparée, comme nous le savons, vous et moi; je suis convenu, et je conviens encore que cette somme était considérable, et ce fut un de mes motifs pour la refuser, jusqu'à ce que je fusse mieux instruit du parti que vous en pouviez tirer. Quant à ce qui s'est passé ou va se passer à l'égard de M. ***, c'est un cas qui ne diffère en aucune façon de la cession que j'ai faite précédemment à M. Dallas de mes premiers manuscrits. – Si je vous avais pris au mot, c'est-à-dire que j'eusse pris votre argent, j'aurais pu m'en servir comme bon m'aurait semblé, et il devait vous être également indifférent que j'en fisse cadeau à une fille ou à un hôpital, ou que j'en secourusse un homme de talent dans le malheur. Le fond de l'affaire est donc, à ce qu'il me semble, que vous avez offert plus que les poèmes ne valaient. Je l'ai dit et je l'ai pensé, mais vous savez, ou du moins devriez savoir votre métier mieux que moi; et si vous vous rappelez ce qui s'est passé entre nous avant ceci, en fait de transactions pécuniaires, vous m'acquitterez certainement d'avoir jamais cherché à profiter de votre imprudence.
»Les ouvrages en question ne seront pas publiés du tout; ainsi ne parlons plus de cette affaire.
»Votre, etc.»
La lettre qui vient après celle-ci donnera quelque idée des embarras dont il était lui-même accablé au moment où il s'occupait ainsi des besoins des autres.
LETTRE CCXXXIX
6 mars 1816.
«J'ai envoyé chez vous aujourd'hui, par la raison que les livres que vous avez achetés sont encore saisis, et que, dans l'état des affaires, il vaut beaucoup mieux faire vendre tout d'un coup à l'encan 21. Je désire vous voir pour vous rendre le billet que vous m'aviez fait, et qui, Dieu merci, n'est ni payé ni même échu: ce point une fois arrangé, en ce qui vous concerne (ce qui peut être et sera demain quand nous nous verrons), je ne m'embarrasse plus de cette affaire. Voilà à peu près la dixième saisie en autant de mois, de sorte que je commence à m'y habituer. Mais il est juste que je porte la peine des folies de mes ancêtres et des miennes propres; et, quelles que soient mes fautes, je suppose qu'elles seront passablement expiées avec le tems-ou dans l'éternité.
»Toujours tout à vous.»
Note 21: (retour) La vente de ces livres eut lieu le mois suivant, et on la représenta dans le catalogue comme «appartenant à un seigneur qui allait quitter l'Angleterre pour voyager.»
Il paraît, d'après un billet à M. Murray, qu'on avait d'abord annoncé qu'il allait en Morée.
«J'espère que le catalogue des livres, etc., etc., ne sera pas publié sans que je l'aie vu. Je veux m'en réserver quelques-uns, et il y en a plusieurs dont il ne doit pas être question. L'annonce ne sait ce qu'elle dit: je ne vais pas en Morée, et quand même j'irais, autant vaudrait annoncer en Russie qu'un homme va partir pour le Yorkshire.
»Votre, etc.»
On vendit avec ses livres un meuble qui est à présent entre les mains de M. Murray. C'est un grand paravent couvert de portraits d'acteurs, de pugilistes, et représentant des combats de boxeurs, etc.(Note de Moore.)
»P. S. Je n'ai pas besoin de dire que je n'ai rien su de cette nouvelle saisie qu'au dernier moment: – je les avais sauvés des saisies précédentes, et croyais bien, quand vous les avez achetés, qu'ils étaient à vous.
»Vous aurez votre billet demain.»
Durant le mois de janvier et une partie de février, ses poèmes du Siége de Corinthe et de Parisina furent livrés à l'impression, et ce fut vers la fin de ce dernier mois qu'ils parurent. Les lettres suivantes sont les seules qui aient rapport à leur publication.
LETTRE CCXL
3 février 1816.
«Je vous avais envoyé chercher Marmion, parce qu'il m'était venu dans la tête qu'il y avait quelque ressemblance entre une partie de Parisina et une scène semblable du second chant de Marmion. Je crains qu'elle n'existe, quoique