Micah Clarke – Tome II. Le Capitaine Micah Clarke. Артур Конан Дойл

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Micah Clarke – Tome II. Le Capitaine Micah Clarke - Артур Конан Дойл

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grondement rauque s'éteignit parmi nos hommes, pendant que nos compagnons de droite et de gauche, moins disciplinés, continuaient à agiter leurs branches vertes et à faire sonner leurs armes.

      Les gens de Taunton restaient immobiles, résolus, silencieux, mais leurs traits contractés, leurs sourcils froncés prouvaient que l'éloquence de leur concitoyen avait remué jusqu'en ses profondeurs l'esprit fanatique qui les distinguait.

      – J'ai en main, reprit le Maire, en tirant de sa poitrine un papier roulé, la proclamation dont notre royal chef s'est fait précéder. En sa grande bonté, en son abnégation, il a, dans le premier appel daté de Lyme, fait savoir qu'il laisserait le choix d'un monarque aux Communes d'Angleterre, mais ayant appris que ses ennemis faisaient de cette déclaration l'usage le plus scandaleux, le plus vil, et assuraient qu'il avait trop peu de confiance en sa propre cause pour surprendre publiquement le titre qui lui était dû, il a décidé de mettre fin à ces mauvais propos.

      «Sachez donc que par la présente il est proclamé que James, Duc de Monmouth, est désormais le Roi légitime d'Angleterre, que Jacques Stuart, le papiste et le fratricide, est un scélérat usurpateur, qu'il est promis cinq mille guinées à quiconque le livrera mort ou vif, et que l'assemblée siégeant actuellement à Westminster et se donnant le nom de Communes d'Angleterre est une assemblée illégale, que ses actes sont nuls et non avenus devant la loi. Dieu bénisse le Roi Monmouth et la Religion protestante!»

      Les trompettes sonnèrent une fanfare, et le peuple applaudit, mais le Maire, levant ses mains maigres et blanches pour réclamer le silence, reprit:

      – Il est arrivé ce matin un message du Roi. Il envoie son salut à ses fidèles sujets protestants, et ayant fait halte à Axminster, pour se reposer après sa victoire, il se mettra bientôt en marche, et sera parmi vous dans deux jours au plus tard.

      «Vous serez peinés d'apprendre que le bon Alderman Rider a péri, frappé au plus fort de la mêlée. Il est mort en homme et en chrétien, léguant toute sa fortune en ce monde, ainsi que sa fabrique de draps et ses biens immeubles, pour la continuation de la guerre.

      «Parmi les autres morts, il n'y en a pas plus de dix qui soient de Taunton. Deux vaillants jeunes pères ont été moissonnés, Ohosés et Ephraïm Hollis, dont la pauvre mère…

      – Ne vous désolez pas à mon sujet, bon Maître Timewell, cria une voix de femme dans la foule. J'ai trois autres fils, aussi solides, que j'offre tous pour la même querelle.

      – Vous êtes une digne femme, Mistress Hollis, répondit le Maire, et vos enfants ne seront point perdus pour vous. Le nom suivant sur ma liste est celui de Jessé Tréfail, puis viennent Joseph Millar et Aminadab Holt…

      Un mousquetaire, homme d'un certain âge, se trouvant dans là première ligne de l'infanterie Taunton, enfonça son chapeau sur ses yeux, et cria d'une voix forte et ferme:

      – Le Seigneur me l'a donné, le Seigneur me l'a ôté. Béni soit le nom du Seigneur!

      – C'est votre fils unique, Maître Holt, dit le Maire, mais le Seigneur a aussi sacrifié son Fils unique pour que vous et moi nous puissions boire aux eaux de la vie éternelle… Puis viennent Route-de-lumière-Régan, James Fletcher, Salut-Smith et Robert Jolinstone.

      Le vieux Puritain roula ses papiers d'un air grave, et après être resté quelques instants les mains croisées sur sa poitrine, en une silencieuse prière, il descendit de la croix du marché, et s'éloigna suivi des aldermen et des conseillers.

      La foule commença de même à se disperser, d'une façon posée et sans désordre.

      Les figures étaient solennelles, sérieuses, les yeux baissés.

      Toutefois un grand nombre de paysans, plus curieux ou moins dévots que les citadins, se groupèrent autour de notre régiment, pour voir ceux qui avaient battu les dragons.

      – Vois-tu l'homme qui a une tête de gerfaut? s'écria l'un, en désignant Saxon. C'est lui qui a abattu hier ce Philistin d'officier, et qui a mené les fidèles à la victoire.

      – Remarquez-vous cet autre, s'écria une vieille dame, celui qui a la figure blanche, et qui est habillé comme un prince? C'est un noble, qui est venu de Londres pour rendre témoignage en faveur de la foi protestante. C'est un bien pieux gentleman, oh, oui, et s'il était resté dans la cité coupable, on lui aurait coupé la tête, comme on a fait au bon Lord Russell, ou on l'aurait enchaîné avec le digne monsieur Baxter.

      – Par la Vierge Marie, compère, criait un autre, l'homme de grande taille au cheval gris, voilà mon soldat à moi. Il a les joues aussi lisses qu'une demoiselle, et des membres comme Goliath de Gath. Je vous parie qu'il serait capable d'emporter ce vieux compère de Jones en travers de sa selle aussi aisément que Towser enlève une donzelle. Mais voici ce bon monsieur Tetheridge, le secrétaire: il est bien occupé, et c'est un homme qui n'épargne ni le temps ni la peine pour la Grande Cause.

      – Place, bonnes gens, place! criait le petit secrétaire affairé, l'air autoritaire. N'entravez pas les hauts employés de la corporation dans l'accomplissement de leurs fonctions. Vous ne devez pas non plus encombrer les abords des combattants, vu que par là vous les empêchez de se déployer et de s'étendre en ligne, ainsi que le demandent actuellement plusieurs chefs importants. Je vous prie, quel est donc celui qui commande cette cohorte, ou plutôt cette légion, vu que vous avez le concours de cavalerie auxiliaire?

      – C'est un régiment, monsieur, dit Saxon d'un air bourru, le régiment du colonel Saxon, infanterie du Comté de Wilts, que j'ai l'honneur de commander.

      – Je demande pardon à monsieur le colonel, s'écria le secrétaire, d'un air inquiet, en s'écartant du soldat à figure bronzée. J'ai entendu parler de monsieur le colonel et de ses exploits dans les guerres d'Allemagne. Moi-même, j'ai porté la pique dans ma jeunesse, et j'ai brisé une ou deux têtes, oui, et même aussi un ou deux cœurs, au temps où je portais justaucorps et bandoulière.

      – Faites connaître votre message, dit brièvement le colonel.

      – C'est de la part de son Excellence monsieur le Maire. Il s'adresse à vous-même, et à vos capitaines, qui sans doute sont ces cavaliers de haute stature que je vois à mes côtés. Beaux gaillards, sur ma foi, mais vous et moi, colonel, nous savons bien qu'un petit tour d'escrime peut mettre le plus petit d'entre nous au même niveau que le plus fendant. Oui, je vous le garantis, vous et moi qui sommes des soldats, nous pourrions, étant mis dos à dos, tenir tête à ces trois galants.

      – Parlez, mon garçon, gronda Saxon, en étendant un long bras musculeux et saisissant par le revers de son habit le bavard secrétaire, et le secouant de façon à faire sonner encore une fois son grand sabre.

      – Quoi! Colonel! Comment? s'écria Mr Tetheridge, dont l'habit parut prendre une teinte plus foncée par le contraste avec la pâleur soudaine de ses joues. Porteriez-vous une main irritée sur le représentant du Maire? Moi aussi, je porte l'épée au côté, comme vous pouvez le voir. En outre, je suis assez vif, assez prompt à me fâcher, et je vous avertis en conséquence de ne rien faire que je puisse par hasard regarder comme une offense personnelle. Quant à mon message, c'était pour vous dire que son Excellence Mr le Maire désirait avoir un entretien avec vous et vos capitaines à l'Hôtel de Ville.

      – Nous allons nous y rendre, dit Saxon.

      Puis, s'adressant au régiment, il se mit à expliquer quelques-uns des mouvements et exercices les plus simples, en instruisant ses officiers tout comme ses hommes, car si Sir Gervas connaissait un peu l'exercice, Lockarby et moi, nous

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