David Copperfield – Tome II. Чарльз Диккенс

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David Copperfield – Tome II - Чарльз Диккенс

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que l'honneur d'aimer Dora et d'être aimé d'elle m'élevait autant au-dessus de ceux qui n'étaient pas admis à cette félicité et qui se traînaient sur la terre que si j'avais volé dans les airs;

      Quand nous nous donnâmes des rendez-vous dans le jardin de la place, et que nous causions dans le pavillon poudreux où nous étions si heureux que j'aime, à l'heure qu'il est, les moineaux de Londres pour cette seule raison, et que je vois les couleurs de l'arc-en-ciel sur leur plumage enfumé;

      Quand nous eûmes notre première grande querelle, huit jours après nos fiançailles, et que Dora me renvoya la bague renfermée dans un petit billet plié en triangle, en employant cette terrible expression: «Notre amour a commencé par la folie, il finit par le désespoir!» et qu'à la lecture de ces cruelles paroles, je m'arrachai les cheveux en disant que tout était fini;

      Quand, à l'ombre de la nuit, je volai chez miss Mills, et que je la vis en cachette dans une arrière-cuisine où il y avait une machine à lessive, et que je la suppliai de s'interposer entre nous et de nous sauver de notre folie;

      Quand miss Mills consentit à se charger de cette commission et revint avec Dora, en nous exhortant, du haut de la chaire de sa jeunesse brisée, à nous faire des concessions mutuelles et à éviter le désert du Sahara;

      Quand nous nous mîmes à pleurer, et que nous nous réconciliâmes pour jouir de nouveau d'un bonheur si vif dans cette arrière- cuisine avec la machine à lessive, qui ne nous en paraissait pas moins le temple même de l'amour, et que nous arrangeâmes un système de correspondance qui devait passer par les mains de miss Mills, et qui supposait une lettre par jour pour le moins de chaque côté:

      Que d'enfantillages! quel temps de bonheur, d'illusion et de folies! De toutes les époques de ma vie que le temps tient dans sa main, il n'y en a pas une seule dont le souvenir ramène sur mes lèvres autant de sourires et dans mon coeur autant de tendresse.

       CHAPITRE IV

      Ma tante me cause un grand étonnement

      J'écrivis à Agnès dès que nous fûmes engagés, Dora et moi. Je lui écrivis une longue lettre dans laquelle j'essayai de lui faire comprendre combien j'étais heureux, et combien Dora était charmante. Je conjurai Agnès de ne pas regarder ceci comme une passion frivole qui pourrait céder la place à une autre, ou qui eût la moindre ressemblance avec les fantaisies d'enfance sur lesquelles elle avait coutume de me plaisanter. Je l'assurai que mon attachement était un abîme d'une profondeur insondable, et j'exprimai ma conviction qu'on n'en avait jamais vu de pareil.

      Je ne sais comment cela se fit, mais en écrivant à Agnès par une belle soirée, près de ma fenêtre ouverte, avec le souvenir présent à ma pensée de ses yeux calmes et limpides et de sa douce figure, je sentis une influence si sereine calmer l'agitation fiévreuse dans laquelle je vivais depuis quelque temps et qui s'était mêlée à mon bonheur même, que je me pris à pleurer. Je me rappelle que j'appuyai ma tête sur ma main quand la lettre fut à moitié écrite, et que je me laissai aller à rêver et à penser qu'Agnès était naturellement l'un des éléments nécessaires de mon foyer domestique. Il me semblait que, dans la retraite de cette maison que sa présence me rendait presque sacrée, nous serions, Dora et moi, plus heureux que partout ailleurs. Il me semblait que dans l'amour, dans la joie, dans le chagrin, l'espérance ou le désappointement, dans toutes ses émotions, mon coeur se tournait naturellement vers elle comme vers son refuge et sa meilleure amie.

      Je ne lui parlai pas de Steerforth. Je lui dis seulement qu'il y avait eu de grands chagrins à Yarmouth, par suite de la perte d'Émilie, et que j'en avais doublement souffert à cause des circonstances qui l'avaient accompagnée. Je m'en rapportais à sa pénétration pour deviner la vérité, et je savais qu'elle ne me parlerait jamais de lui la première.

      Je reçus par le retour du courrier une réponse à cette lettre. En la lisant, il me semblait l'entendre parler elle-même, je croyais que sa douce voix retentissait à mes oreilles. Que puis-je dire de plus?

      Pendant mes fréquentes absences du logis, Traddles y était venu deux ou trois fois. Il avait trouvé Peggotty: elle n'avait pas manqué de lui apprendre (comme à tous ceux qui voulaient bien l'écouter) qu'elle était mon ancienne bonne, et il avait eu la bonté de rester un moment pour parler de moi avec elle. Du moins, c'est ce que m'avait dit Peggotty. Mais je crains bien que la conversation n'eût été tout entière de son côté et d'une longueur démesurée, car il était très-difficile d'arrêter cette brave femme, que Dieu bénisse! quand elle était une fois lancée sur mon sujet.

      Ceci me rappelle non-seulement que j'étais à attendre Traddles un certain jour fixé par lui, mais aussi que mistress Crupp avait renoncé à toutes les particularités dépendantes de son office (le salaire excepté), jusqu'à ce que Peggotty cessât de se présenter chez moi. Mistress Crupp, après s'être permis plusieurs conversations sur le compte de Peggotty, à haute et intelligible voix, au bas des marches de l'escalier, avec quelque esprit familier qui lui apparaissait sans doute (car à l'oeil nu, elle était parfaitement seule dans ces moments de monologue), prit le parti de m'adresser une lettre, dans laquelle elle me développait là-dessus ses idées. Elle commençait par une déclaration d'une application universelle, et qui se répétait dans tous les événements de sa vie, à savoir qu'elle aussi elle était mère: puis elle en venait à me dire qu'elle avait vu de meilleurs jours, mais qu'à toutes les époques de son existence, elle avait eu une antipathie instinctive pour les espions, les indiscrets et les rapporteurs. Elle ne citait pas de noms, disait-elle, c'était à moi à voir à qui s'adressaient ces titres, mais elle avait toujours conçu le plus profond mépris pour les espions, les indiscrets et les rapporteurs, particulièrement quand ces défauts se trouvaient chez une personne qui portait le deuil de veuve (ceci était souligné). S'il convenait à un monsieur d'être victime d'espions, d'indiscrets et de rapporteurs (toujours sans citer de noms), il en était bien le maître. Il avait le droit de faire ce qui lui convenait mais elle, mistress Crupp, tout ce qu'elle demandait, c'était de ne pas être mise en contact avec de semblables personnes. C'est pourquoi elle désirait être dispensée de tout service pour l'appartement du second, jusqu'à ce que les choses eussent repris leur ancien cours, ce qui était fort à souhaiter. Elle ajoutait qu'on trouverait son petit livre tous les samedis matins sur la table du déjeuner, et qu'elle en demandait le règlement immédiat, dans le but charitable d'épargner de l'embarras et des difficultés à toutes les parties intéressées.

      Après cela, mistress Crupp se borna à dresser des embûches sur l'escalier, particulièrement avec des cruches, pour essayer si Peggotty ne voudrait pas bien s'y casser le cou. Je trouvais cet état de siège un peu fatigant, mais j'avais trop grand'peur de mistress Crupp pour trouver moyen de sortir de là.

      «Mon cher Copperfield, s'écria Traddles en apparaissant ponctuellement à ma porte en dépit de tous ces obstacles, comment vous portez-vous?

      – Mon cher Traddles, lui dis-je, je suis ravi de vous voir enfin, et je suis bien fâché de n'avoir pas été chez moi les autres fois; mais j'ai été si occupé…

      – Oui; oui, je sais, dit Traddles, c'est tout naturel. La vôtre demeure à Londres, je pense?

      – De qui parlez-vous?

      – Elle… pardonnez-moi… miss D… vous savez bien, dit Traddles en rougissant par excès de délicatesse, elle demeure à Londres, n'est-ce pas?

      – Oh! oui, près de Londres.

      – La mienne… vous vous souvenez peut-être, dit Traddles d'un air grave, demeure en Devonshire… ils sont dix enfants… aussi je ne suis pas si occupé que vous sous ce rapport.

      – Je me demande, répondis-je, comment vous pouvez supporter de la voir

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