David Copperfield – Tome II. Чарльз Диккенс

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David Copperfield – Tome II - Чарльз Диккенс

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ou de forçat à la chaîne qui travaillât autant que moi, qu'il en perdait à la fois l'appétit et sa belle humeur, dans son désespoir de ne pouvoir rien y faire. Bien entendu qu'il se sentait plus incapable que jamais d'achever son mémoire, et plus il y travaillait, plus cette malheureuse tête du roi Charles venait l'importuner de ses fréquentes incursions. Craignant successivement que son état ne vint à s'aggraver si nous ne réussissions pas, par quelque tromperie innocente, à lui faire accroire qu'il nous était très-utile, ou si nous ne trouvions pas, ce qui aurait encore mieux valu, un moyen de l'occuper véritablement, je pris le parti de demander à Traddles s'il ne pourrait pas nous y aider. Avant d'aller le voir je lui avais écrit un long récit de tout ce qui était arrivé, et j'avais reçu de lui en réponse une excellente lettre où il m'exprimait toute sa sympathie et toute son amitié pour moi.

      Nous le trouvâmes plongé dans son travail, avec son encrier et ses papiers, devant le petit guéridon et le pot à fleurs qui étaient dans un coin de sa chambrette pour rafraîchir ses yeux et son courage. Il nous fit l'accueil le plus cordial, et, en moins de rien, Dick et lui furent une paire d'amis. M. Dick déclara même qu'il était sûr de l'avoir déjà vu, et nous répondîmes tous les deux que c'était bien possible.

      La première question que j'avais posée à Traddles était celle-ci: j'avais entendu dire que plusieurs hommes, distingués plus tard dans diverses carrières, avaient commencé par rendre compte des débats du parlement. Traddles m'avait parlé des journaux comme de l'une de ses espérances; partant de ces deux données, j'avais témoigné à Traddles dans ma lettre que je désirais savoir comment je pourrais arriver à rendre compte des discussions des chambres. Traddles me répondit alors, que, d'après ses informations, la condition mécanique, nécessaire pour cette occupation, excepté peut-être dans des cas fort rares, pour garantir l'exactitude du compte rendu, c'est-à-dire la connaissance complète de l'art mystérieux de la sténographie, offrait à elle seule, à peu près les mêmes difficultés que s'il s'agissait d'apprendre six langues, et qu'avec beaucoup de persévérance, on ne pouvait pas espérer d'y réussir en moins de plusieurs années. Traddles pensait naturellement que cela tranchait la question, mais je ne voyais là que quelques grands arbres de plus à abattre pour arriver jusqu'à Dora, et je pris à l'instant le parti de m'ouvrir un chemin à travers ce fourré, la hache à la main.

      «Je vous remercie beaucoup, mon cher Traddles, lui dis-je, je vais commencer demain.»

      Traddles me regarda d'un air étonné, ce qui était naturel, car il ne savait pas encore à quel degré d'enthousiasme j'étais arrivé.

      «J'achèterai un livre qui traite à fond de cet art, lui dis-je, j'y travaillerai à la Cour, où je n'ai pas moitié assez d'ouvrage et je sténographierai les plaidoyers pour m'exercer. Traddles, mon ami, j'en viendrai à bout.

      – Maintenant, dit Traddles en ouvrant les yeux de toute sa force, je n'avais pas l'idée que vous fussiez doué de tant de décision, Copperfield!»

      Je ne sais comment il eût pu en avoir l'idée, car c'était encore un problème pour moi. Je changeai la conversation et je mis M. Dick sur le tapis.

      «Voyez-vous, dit M. Dick d'un air convaincu, je voudrais pouvoir être bon à quelque chose, monsieur Traddles: à battre du tambour, par exemple, ou à souffler dans quelque chose!»

      Pauvre homme! au fond du coeur, je crois bien qu'il eût préféré en effet une occupation de ce genre. Mais Traddles, qui n'eût pas souri pour tout au monde, répliqua gravement:

      «Mais vous avez une belle main, monsieur; c'est vous qui me l'avez dit, Copperfield.

      – Très-belle,» répliquai-je. Et le fait est que la netteté de son écriture était admirable.

      «Ne pensez-vous pas, dit Traddles, que vous pourriez copier des actes, monsieur, si je vous en procurais?»

      M. Dick me regarda d'un air de doute. «Qu'en dites-vous, Trotwood?»

      Je secouai la tête. M. Dick secoua la sienne et soupira.

      «Expliquez-lui ce qui se passe pour le mémoire,» dit M. Dick.

      J'expliquai à Traddles qu'il était très-difficile d'empêcher le roi Charles Ier de faire des excursions dans les manuscrits de M. Dick, qui, pendant ce temps-là, suçait son pouce en regardant Traddles de l'air le plus respectueux et le plus sérieux.

      «Mais vous savez que les actes dont je parle sont rédigés et terminés, dit Traddles après un moment de réflexion. M. Dick n'aurait rien à y faire. Cela ne serait-il pas différent, Copperfield? En tout cas, il me semble qu'on pourrait en essayer.»

      Nous conçûmes là-dessus de nouvelles espérances, après un moment de conférence secrète entre Traddles et moi pendant lequel M. Dick nous regardait avec inquiétude de son siège. Bref, nous digérâmes un plan en vertu duquel il se mit à l'ouvrage le lendemain avec le plus grand succès.

      Nous plaçâmes sur une table près de la fenêtre, à Buckingham- Street, l'ouvrage que Traddles s'était procuré; il fallait faire je ne sais plus combien de copies d'un document quelconque relatif à un droit de passage. Sur une autre table on étendit le dernier projet en train du grand mémoire. Nous donnâmes pour instructions à M. Dick de copier exactement ce qu'il avait devant lui sans se détourner le moins du monde de l'original, et, s'il éprouvait le besoin de faire la plus légère allusion au roi Charles Ier, il devait voler à l'instant vers le mémoire. Nous l'exhortâmes à suivre avec résolution ce plan de conduite, et nous laissâmes ma tante pour le surveiller. Elle nous raconta plus tard, qu'au premier moment, il était comme un timbalier entre ses deux tambours, et qu'il partageait sans cesse son attention entre les deux tables, mais, qu'ayant trouvé ensuite que cela le troublait et le fatiguait, il avait fini par se mettre tout simplement à copier le papier qu'il avait sous les yeux, remettant le mémoire à une autre fois. En un mot, quoique nous eussions grand soin qu'il ne travaillât pas plus que de raison, et quoiqu'il ne se fût pas mis à l'oeuvre au commencement de la semaine, il avait gagné le samedi suivant dix shillings, neuf pence, et je n'oublierai de ma vie ses courses dans toutes les boutiques des environs pour changer ce trésor en pièces de six pence, qu'il apporta ensuite à ma tante sur un plateau où il les avait arrangées en coeur; ses yeux étaient remplis de larmes de joie et d'orgueil. Depuis le moment où il fut occupé d'une manière utile, il ressemblait à un homme qui se sent sous l'influence d'un charme propice, et s'il y eut au monde ce soir-là une heureuse créature, c'était l'être reconnaissant qui regardait ma tante comme la femme la plus remarquable, et moi comme le jeune homme le plus extraordinaire qu'il y eût sur la terre.

      «Il n'y a pas de danger qu'elle meure de faim maintenant, Trotwood, me dit M. Dick en me donnant une poignée de main dans un coin; je me charge de suffire à ses besoins, monsieur,» et il agitait en l'air ses dix doigts triomphants comme si c'eût été autant de banques à sa disposition.

      Je ne sais pas quel était le plus content de Traddles ou de moi. «Vraiment, me dit-il tout d'un coup, en sortant une lettre de sa poche, cela m'a complètement fait oublier M. Micawber.»

      La lettre m'était adressée (M. Micawber ne perdait jamais une occasion d'écrire une lettre), et portait: «Confiée aux bons soins de T. Traddles, esq., du Temple.»

      «Mon cher Copperfield,

      «Vous ne serez peut-être pas très-étonné d'apprendre que j'ai rencontré une bonne chance, car, si vous vous le rappelez, je vous avais prévenu, il y a quelque temps, que j'attendais incessamment quelque événement de ce genre.

      «Je vais m'établir dans une ville de province de notre île fortunée. La société de cette cité peut être décrite comme un heureux mélange des éléments agricoles et ecclésiastiques,

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