Le magasin d'antiquités. Tome I. Чарльз Диккенс

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Le magasin d'antiquités. Tome I - Чарльз Диккенс

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Comment pourrais-je vous remercier?»

      Je répondis:

      «En ayant une autre fois plus de soin de votre petite-fille, mon bon ami.

      – Plus de soin!.. répéta le vieillard d'une voix aigre; plus de soin de Nelly!.. Qui jamais a aimé une enfant comme j'aime ma Nell?»

      Il prononça ces paroles avec une surprise si manifeste, que je me trouvai fort embarrassé pour répondre, d'autant plus que, s'il y avait dans ses manières quelque chose de heurté et d'égaré, ses traits offraient les indices d'une pensée profonde et triste, d'où je conclus que, contrairement à ma première impression, ce n'était ni un radoteur ni un imbécile.

      «Je ne crois pas, lui dis-je, que vous ayez assez souci de votre enfant.

      – Moi! je n'en ai pas souci!.. s'écria le vieillard en m'interrompant. Ah! que vous me jugez mal!.. Ma petite Nelly! ma petite Nelly!»

      Nul homme, quelques paroles qu'il employât, ne pourrait montrer plus de tendresse que n'en montra dans ce peu de mots le marchand de curiosités. J'attendis qu'il parlât de nouveau; mais il appuya le menton sur sa main, et, secouant deux ou trois fois la tête, il tint ses yeux fixés sur le foyer.

      Tandis que nous gardions ainsi le silence, la porte du cabinet s'ouvrit, et l'enfant reparut. Ses fins cheveux bruns tombaient épars sur son cou, et son visage était animé par l'empressement qu'elle avait mis à venir nous rejoindre. Sans perdre un instant, elle s'occupa des préparatifs du souper. Pendant qu'elle se livrait à ce soin, je remarquai que le vieillard profitait de l'occasion pour m'examiner plus à fond qu'il ne l'avait fait d'abord. Je vis avec surprise que l'enfant paraissait chargée de toute la besogne, et que, à l'exception de nous trois, il ne semblait y avoir âme qui vive dans la maison. Je saisis un moment où elle était sortie de la chambre pour glisser un mot à ce sujet; à quoi le vieillard répliqua qu'il y avait peu de grandes personnes aussi dignes de confiance, aussi soigneuses que Nelly.

      «Il m'est toujours pénible, dis-je, choqué de ce que je prenais chez lui pour de l'égoïsme, il m'est toujours pénible d'être témoin de cette espèce d'initiation à la vie réelle chez de jeunes êtres à peine hors de la limite étroite de l'enfance, c'est tarir en eux la confiance et la naïveté, deux des principales qualités que le ciel leur ait départies; c'est leur demander de partager nos chagrins avant l'heure où ils sont capables de s'associer à nos plaisirs.

      – N'ayez pas peur de détruire chez elle ces qualités précieuses; non, répondit le vieillard me regardant fixement, les sources en sont trop profondes. D'ailleurs, les enfants du pauvre connaissent peu le plaisir. Il faut acheter et payer jusqu'aux moindres jouissances de l'enfance.

      – Mais… excusez la liberté de mon langage… vous n'êtes sans doute pas si pauvre?

      – Nelly n'est pas ma fille; c'est sa mère qui était ma fille, et sa mère était pauvre. Je ne mets rien de côté; rien, pas un sou, bien que je vive comme vous voyez. Mais (il posa sa main sur mon bras et s'inclina pour ajouter à demi-voix) elle sera riche un de ces jours; elle deviendra une grande dame. Ne pensez pas mal de moi parce que j'use de son service. Elle est heureuse de me donner ses soins, vous avez pu en juger; son coeur se briserait à l'idée que je pusse demander à toute autre personne ce que ses petites mains ont le courage d'entreprendre. Moi! n'avoir pas souci de mon enfant!.. cria-t-il tout à coup d'un accent plaintif. Dieu sait que cette enfant est l'unique pensée de ma vie, et cependant il ne me favorise pas! Oh! non, il ne me favorise pas!»

      En ce moment, celle qui faisait le sujet de notre conversation rentra, et le vieillard, m'invitant à me mettre à table, rompit l'entretien et retomba dans le silence.

      Nous avions à peine commencé le repas, quand un coup fut frappé à la porte extérieure. Nelly, laissant échapper un joyeux éclat de rire qui me fit plaisir à entendre, car il était enfantin et plein d'expansion, s'écria:

      «Nul doute, c'est ce vieux cher Kit qui revient enfin!

      – Petite folle! dit le grand-père en caressant les cheveux de sa Nelly; toujours elle se moque du pauvre Kit.»

      Un nouvel éclat de rire plus bruyant que le premier retentit encore, et, par sympathie, je ne pus me défendre d'y associer un sourire. Le petit vieillard prit une chandelle et alla ouvrir la porte. Lorsqu'il revint, Kit était derrière lui.

      Kit était bien le garçon le plus grotesque qu'on puisse imaginer: lourd, gauche, avec une bouche démesurément grande, les joues fort rouges, un nez retroussé, et certainement l'expression la plus comique que j'eusse jamais vue. Il s'arrêta court sur le seuil, à l'aspect d'un étranger, imprima un mouvement parfait de rotation à son vieux chapeau, qui n'offrait aucun vestige de bord, et s'appuyant tantôt sur une jambe, tantôt sur l'autre, position qu'il changeait sans cesse, il resta à l'entrée, fixant sur l'intérieur de la chambre le regard le plus extraordinaire. Dès ce moment, je conçus pour ce garçon un sentiment de reconnaissance, car je compris qu'il était la comédie dans la vie de la jeune fille.

      «Il y avait une bonne trotte, n'est-ce pas, Kit? dit le petit vieillard.

      – Par ma foi, la course n'était pas mauvaise, maître, répliqua Kit.

      – Avez-vous eu de la peine à trouver la maison?

      – Par ma foi, maître, ce n'était pas excessivement aisé.

      – Et naturellement, vous revenez avec de l'appétit?

      – Par ma foi, maître, je le crois.»

      Le jeune garçon avait une manière à part de se tenir de côté en parlant, et de jeter à chaque mot la tête obliquement par-dessus son épaule, comme s'il ne pouvait avoir de voix sans recourir à ce moyen. Je crois qu'il eût été divertissant pour tout le monde; mais il y avait quelque chose d'irrésistible dans le plaisir si vif que son étrangeté d'allure causait à Nelly, et dans la pensée consolante qu'elle pouvait trouver un sujet de gaieté en un lieu qui semblait si peu fait pour lui en inspirer. Ce qu'il y a de meilleur, c'est que Kit lui-même était flatté de l'impression qu'il produisait; après avoir fait quelques efforts pour conserver sa gravité, il partit aussi d'un grand éclat de rire et resta dans ce violent accès d'hilarité, la bouche ouverte et les yeux presque fermés.

      Le vieillard était retombé dans sa précédente rêverie et semblait étranger à ce qui se passait. Mais lorsque Nelly eut cessé de rire, je remarquai que des larmes obscurcissaient les yeux de la jeune fille, et je les attribuai à la chaleur de l'accueil qu'elle faisait à son bizarre favori, peut-être aussi aux petites émotions de cette soirée. Quant à Kit lui-même, dont le rire était de ceux qui laissent douter si l'on rit ou si l'on pleure, il s'empara d'une épaisse sandwich4 et d'un pot de bière, alla se mettre dans un coin et se disposa à faire largement honneur à ces provisions.

      «Ah! me dit le vieillard se tournant vers moi et me regardant comme si je venais de lui parler, vous vous trompez bien en prétendant que je n'ai pas soin d'elle!

      – Il ne faut pas, mon ami, lui répondis-je, attacher trop d'importance à une remarque fondée sur les premières apparences.

      – Non, non, répliqua le vieillard d'un ton pensif; Nell, viens ici.»

      La jeune fille s'empressa de se lever, et elle enlaça de ses bras le cou de son grand-père.

      «Est-ce que je ne t'aime pas, Nelly? demanda-t-il. Dis, est-ce que je ne t'aime pas, Nelly, oui ou non?»

      L'enfant répondit

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<p>4</p>

Le genre féminin était admis au XIXe siècle. [Note du correcteur.]