Le magasin d'antiquités. Tome I. Чарльз Диккенс
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– Toute sorte de choses; vous ne sauriez vous imaginer comme il a parlé franchement.»
Richard jugea qu'il n'était pas nécessaire pour lui d'en entendre plus long. Il profita d'un temps d'arrêt dans la danse, et du moment où M. Cheggs était venu faire sa cour à la vieille dame, et se dirigea la tête haute vers la porte, en affectant soigneusement la plus extrême insouciance lorsqu'il passa près de miss Jane Wackles, qui, dans toute la gloire de ses boucles de cheveux, faisait des frais de coquetterie, utile manière d'employer le temps faute de mieux, avec un vieux gentleman galant, locataire du parloir du rez-de-chaussée. Miss Sophie était assise près de la porte, encore émue et toute confuse des attentions marquées de M. Cheggs; Richard Swiveller s'arrêta un instant pour échanger quelques mots avec elle avant son départ.
«Mon navire est sur la côte et ma chaloupe est à la mer… Mais avant de franchir cette porte, il faut que je t'adresse mes adieux.»
Il accompagna ces paroles d'un regard mélancolique.
«Est-ce que vous partez? demanda miss Sophie se sentant troublée jusqu'au fond du coeur par le succès de sa ruse, mais affectant les dehors de l'indifférence.
– Si je pars!.. répéta Richard avec amertume. Oui, je pars. Eh bien! après?..
– Rien, sinon qu'il n'est pas tard. Mais vous êtes maître après tout de faire ce que vous voulez.
– Plût à Dieu que j'eusse été aussi ma maîtresse et que je n'eusse jamais pensé à vous! Miss Wackles, je vous ai crue sincère, et j'étais heureux dans ma crédulité; mais maintenant je gémis d'avoir connu une jeune fille si belle, il est vrai, mais si trompeuse!..»
Miss Sophie se mordit les lèvres et affecta de regarder avec un vif intérêt M. Cheggs qui, à quelque distance, absorbait à longs traits un verre de limonade.
«Je suis venu ici, dit Richard, oubliant un peu le dessein qui l'avait réellement amené, je suis venu avec le coeur épanoui, dilaté, avec des sentiments conformes à cette disposition. Je sors avec des pensées qui peuvent se concevoir, mais qui ne sauraient s'exprimer; j'emporte la conviction désolante que mes plus chères affections ont reçu ce soir le coup de grâce.
– Assurément, je ne vous comprends pas, monsieur Swiveller, dit miss Sophie, les yeux baissés; je regrette que…
– Des regrets, madame! dit Richard; des regrets, quand vous restez en possession d'un M. Cheggs! Mais je vous souhaite une bonne nuit. En me retirant, je me bornerai à vous faire une petite confidence: il existe une toute jeune fille, qu'on élève à la brochette en ce moment pour moi; elle possède non-seulement de grands charmes, mais encore une grande fortune; elle a prié son plus proche parent de solliciter mon alliance; et, par considération pour plusieurs membres de sa famille, j'y ai consenti. Je suis certain que vous apprendrez avec plaisir ce fait consolant, qu'une jeune et aimable personne n'attend que le moment d'être femme pour s'unir à moi, et se dépêche de grandir chaque jour pour hâter cet heureux moment. J'ai cru devoir vous en dire quelque chose. Il ne me reste plus qu'à m'excuser d'avoir abusé si longtemps de votre attention. Bonsoir.»
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