Gabriel. Жорж Санд
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Ma foi, non. Il se fait tard; les rues sont mal fréquentées.
N'as-tu pas ta rapière?
Ah! je suis las de ces sottises-là. C'est l'affaire des sbires, et non la nôtre, de faire la guerre aux voleurs toutes les nuits.
Et puis je n'aime guère ton Astolphe. Il a beau être gueux et débauché, il ne peut oublier qu'il est gentilhomme, et de temps en temps il lui prend, comme malgré lui, des airs de seigneurie qui me donnent envie de le souffleter.
Et ces deux cuistres qui boivent là tristement dans un coin me font l'effet de barons allemands mal déguisés.
Décidément le cabaret est mal composé ce soir. Partons.
(Ils paient l'hôte et sortent. Les spadassins suivent tous leurs mouvements. Gabriel est occupé à examiner Astolphe qui s'est jeté sur un banc d'un air farouche, les coudes appuyés sur la table, sans demander à boire et sans regarder personne.)
C'est un beau jeune homme; mais quelle mauvaise tenue! Voyez, sa fraise est déchirée et son pourpoint couvert de taches.
C'est la faute de son valet de chambre. Quel noble front! Ah! si j'avais ces traits mâles et ces larges mains!..
Ils sont loin… Si ces deux benêts qui restent là sans vider leurs verres pouvaient partir aussi…
Lui chercher querelle ici? L'hôte est poltron.
Raison de plus.
Il criera.
On le fera taire.
Il y a là des gens de mauvaise mine qui vous regardent beaucoup.
C'est la gaucherie avec laquelle tu tiens ton verre qui les divertit.
Ce vin est détestable, et je crains qu'il ne me porte à la tête.
Le vieux s'endort.
Il n'est pas ivre.
Mais il a une bonne dose d'hivers dans le ventre. Va voir un peu si Mezzani n'est pas par là dans la rue; c'est son heure. Ce jeune gars qui ouvre là-bas de si grands yeux a un surtout de velours noir qui n'annonce pas des poches percées.
Eh bien! seigneur Astolphe, quel vin aurai-je l'honneur de vous servir?
Va-t'en à tous les diables!
Ce seigneur vous a demandé trois fois du malvoisie.
En vérité?
Mezzani?
C'est entendu. D'une pierre deux coups… Le moment est bon. La ronde vient de passer. J'entame la querelle.
Quel est donc le malappris qui se permet de bâiller de la sorte?
Il n'y a de malappris ici que vous, mon maître.
Seigneur mal peigné, prenez garde à vos manières.
Tais-toi, bravache, j'ai sommeil.
Astolphe, à ta santé!
A la bonne heure; il me manquait d'avoir cassé quelque cruche en battu quelque chien aujourd'hui.
Eh! vous autres, lourdauds, tombez donc sur l'enfant.
Il tremble.
Bien, mon jeune lion! courage, mon beau jeune homme!..
(Il traverse Mezzani de son épée.)
Au secours! au meurtre! on s'égorge dans ma maison!
Mezzani mort… Sanche mourant… trois contre trois… Bonsoir!
Non pas, non pas. Mort aux mauvaises bêtes! A toi! don Gibet; à toi, Coupe-bourse!..
Grâce, mon jeune maître, grâce! Vois, la fenêtre est ouverte, je puis me sauver… ne me perds pas! C'était mon premier crime, ce sera le dernier… Ne me fais pas douter de la miséricorde de Dieu! Laisse-moi!.. pitié!..
Misérable! que Dieu t'entende et te punisse doublement si tu blasphèmes!.. Va!
Je m'appelle Giglio… Je te dois la vie!..
Bon! à votre affaire, messieurs les sbires! Vous arrivez, selon l'habitude, quand on n'a plus besoin de vous! Enlevez-nous ces deux cadavres; et vous, monsieur l'hôte, faites relever les tables. (A Gabriel, qui se lave les mains avec empressement.) Voilà de la coquetterie;